Depuis quelques jours, les raisons de s’indigner contre la WWE et l’empire de la famille McMahon sont plus nombreuses que jamais. Un énoncé assez significatif lorsqu’on considère tous les coups bas qui ont été commis en coulisses par Vince et ses porteurs d’eau, au fil des décennies. Comme le rapportait hier mon collègue Fred Gagné dans sa clairvoyante chronique intitulée Un chum, c’t’un chum, la WWE est parvenue à obtenir le statut de «service essentiel» afin de poursuivre ses activités en Floride, en pleine pandémie de la COVID-19. On s’entend, cette décision contribue à augmenter considérablement le risque de propagation du virus parmi les familles des employés, et dans la communauté en général. Oh surprise, on annonçait presque simultanément, plus tôt cette semaine, que Vince McMahon avait été nommé par Donald Trump au sein d’un comité de conseillers destiné à relancer le sport aux États-Unis, et l’économie dans son ensemble. Oui, oui, vous avez bien lu! Vince McMahon, un requin de la business dont le modèle d’affaires est basé sur le népotisme le plus total, conseillera le président des États-Unis sur la manière de relancer l’économie nationale! Bien entendu, pour que Donald Trump accorde un tel privilège à son vieil ami McMahon, il fallait que ce soit donnant-donnant, ou comme le dit l’expression anglaise: “You scratch my back, I scratch your back.”
Ainsi donc, Linda McMahon, épouse de Vince et ex-membre du cabinet de Trump, claironnait fièrement cette semaine que la famille McMahon allait verser 18,5 millions de dollars US, en Floride, pour soutenir la campagne électorale de réélection du Président Trump. Quel curieux hasard… Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Depuis mercredi, la WWE a annoncé par voie de communiqué la mise à pied de dizaines d’employés, une liste qui ne cesse de s’allonger. Cette liste consiste en grande partie de lutteurs qu’on ne voyait que très rarement à la télévision. Vous rétorquerez peut-être que les temps sont durs, et que c’était à prévoir… Mais, à mon humble avis, une telle situation ne se serait jamais produite si Vince, dans son entêtement maladif à écraser la compétition, n’avait pas mis sous contrat un si grand nombre de lutteurs simplement pour les empêcher de s’associer aux compétiteurs, notamment la All Elite Wrestling et la Ring of Honor. Qui plus est, les récentes coupures auraient certainement pu être évitées si la WWE n’avait pas gaspillé des sommes d’argent faramineuses pour retenir les services du boxeur Tyson Fury, de l’ex-vedette de la UFC Cain Velasquez, de Rob Gronkowski (ces trois-là ont apporté quoi à la WWE?), et… osons le dire, de Goldberg! Soyons réalistes, le montant versé à Goldberg pour un seul combat (on rapporte qu’il a été payé 4 millions de dollars pour son match au Performance Center à WrestleMania) aurait été suffisant pour sauver des dizaines d’emplois à la WWE. Au risque de m’attirer les foudres de certains amateurs de lutte, je doute sincèrement qu’en 2020, ce soit la présence de Bill Goldberg dans un gala de la WWE qui permette de remplir l’aréna ou d’augmenter les cotes d’écoute. Mais bon, l’argent prime avant tout dans l’Amérique dirigée par les Trump et McMahon de ce monde, et nous en avons eu la preuve à maintes reprises depuis que la WWE a décidé de présenter des galas en Arabie Saoudite, un pays dirigé par un prince-dictateur (Mohammed Ben Salmane) qui fait taire les critiques en les faisant assassiner.
Ajoutons que l’échec retentissant de la nouvelle XFL, une autre obsession de Vince McMahon, a grandement affecté les finances de la WWE. On rapporte que Vince a littéralement menti aux médias et aux investisseurs en affirmant que la WWE ne détenait aucune part dans la XFL. Une fois l’annonce de la faillite de la XFL publiée, nous avons appris par la bande que la WWE détenait environ 30% des parts dans ladite ligue de football.
Oh, et en terminant, je ne saurais passer sous silence le fait que la grande majorité des employés de soutien de la WWE mis à pied cette semaine ont été informés de leur sort par message texte… Oui, par message texte! On parle ici des gens qui travaillent en coulisses, derrière la caméra, et qui ont été licenciés en très grand nombre. Un autre geste sans classe et tout simplement méprisable.
Chacun a droit à son jugement, ceci est une chronique d’opinion, permettez-moi de le rappeler, mais en ce qui me concerne, j’ai pris la décision morale d’annuler mon abonnement au WWE Network. Ça ne changera rien au sort du monde, j’en suis bien conscient, mais je suis soulagé de ne plus contribuer à l’essor financier d’une entreprise qui, au-delà du divertissement formidable qu’elle est capable de nous offrir, représente en coulisses et derrière le rideau ce qu’il y a de plus vil et néfaste dans la société américaine.