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22/12/2015 | Chroniques

Le Poing: La plus vieille promotion à Montréal, l’ICW, célèbre ses 25 ans!

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25 ans de lutte ICW:
Rangée du haut: Mike Lipps, Ghislain Rocker, Stéphan Rocker, Roger USA, Martin Rolland, Serge Rolland
Rangée du centre: Black Feather, Pedro Corneli, André Moreau, Paul Proulx, Serge »Proulx, Steven Cyr
Rangée du bas: Grant Gray, Gary Gray, Dynamite Dan, Ludger Proulx, Le Warrior
photo: Collection Ludger Proulx

Pat Laprade

Pat Laprade

Il y a 25 ans aujourd’hui, Ludger Proulx et Carl Langlois débutaient une promotion de lutte qui, sans le savoir, allait servir le pont entre Lutte Internationale et l’ère des promotions indépendantes au Québec.

En effet, le 22 décembre 1990, dans une salle de l’église Nativité-de-la-Sainte-Vierge-d’Hochelaga ,coin Ontario et St-Germain dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, l’ICW produisait son premier spectacle devant 325 personnes.

Ce n’était cependant pas une première pour Proulx, qui avait déjà plusieurs années d’expérience comme promoteur.

« J’ai produit mon premier spectacle dans un camping à St-Lin le 7 août 1982. Ça faisait environ un an que je luttais à ce moment-là », raconte Proulx lors d’un entretien avec Lutte.Quebec.

Ludger avait en effet fait ses débuts aux réputés Loisirs St-Jean-Baptiste le 1er mai 1981 dans une bataille royale et un an plus tard, commençait donc sa carrière de promoteur.

« Je faisais deux ou trois spectacles par année, dit-il, des spots shows comme on appelle, souvent dans des campings ou lors de ventes trottoir. »

Après la fermeture de Lutte Internationale en 1987, la seule promotion d’envergure restante à Montréal devenait les Loisirs St-Jean-Baptiste, gérée de main de maître par Pat Girard.

De son vrai nom Fernand, Girard avait eu une carrière de lutteur qui l’avait amené un peu partout en Europe, sous le nom de Pat Curry, ayant même lutté devant la Reine d’Angleterre. Lorsqu’il est revenu au Québec à la fin des années 50, il a ouvert une école de lutte aux Loisirs St-Jean-Baptiste, coin Rachel et Berri à Montréal, et y produisait des spectacles. Plusieurs grands noms de la lutte au Québec y ont soient appris ou y ont lutté dans leurs débuts, tels que Pat Patterson, Terry Garvin, Ronnie Garvin, Raymond Rougeau, Pierre-Carl Ouellet, Paul Leduc, Neil Guay, Sunny War Cloud, Lionel Robert, Louis Laurence, Johnny War Eagle, Andy Ellison, Guy Ranger, Tarzan Simard, Chin Lee, Fernand Fréchette, Georges Guimond, Jim Kelly, Farmer Pete, Daniel Robert, Del Skinner et Bull Gregory.

En 1990, après une mésentente entre Pat Girard et Ludger, Girard décida de congédier Proulx. Puis, petit à petit, il décida de congédier tout le monde des Loisirs. La raison? Il voulait se retirer mais en même temps être sûr d’aider Ludger à partir sa promotion.

« Je ne l’ai pas réalisé lorsque c’est arrivé, mais Pat me connaissait, j’étais comme lui. Il voulait me forcer à partir ma promotion alors il m’a congédié et il voulait que les autres gars viennent me rejoindre, alors il les a tous congédiés. Je pense bien que Pat me préparait à prendre sa relève. On me disait dans le temps que j’étais un Pat Girard miniature. Il était même venu voir comment je travaillais dans un de mes spots shows. Il avait aussi commencé à me montrer le booking et je l’assistais dans ses tâches. »

Au début de 1991, quelques lutteurs ont amené Proulx contre son gré voir Girard et lorsque ce dernier l’a vu, il a pris Proulx, longtemps considéré comme l’un de ses préférés, dans ses bras et c’est alors que Proulx a compris ce qui avait pu se passer.

Il n’ira jamais voir un spectacle de son protégé, mais gardera une relation privilégiée avec lui jusqu’à son décès le 5 mars 2002 à l’âge de 83 ans.

« La manière qu’on faisait de la lutte, ce n’était pas le même type de lutte qu’il enseignait. Je laissais plus de libertés aux boys. Ça aurait été une insulte pour lui. La dernière fois que je l’ai vu c’était avec Guy Ranger, quatre ou cinq mois avant son décès. »

L’aventure ICW débute donc à l’été 1990 alors que Ludger ouvre une école de lutte et entraîne entre autres deux gars qui seront du spectacle initial en décembre, Ghyslain Cyr et Carl « Super Ninja » Langlois. Langlois deviendra d’ailleurs le partenaire d’affaires de Ludger.

25 ans de lutte ICW: Rangée du haut: Mike Lipps, Ghislain Rocker, Stéphan Rocker, Roger USA, Martin Rolland, Serge Rolland Rangée du centre: Black Feather, Pedro Corneli, André Moreau, Paul Proulx, Serge »Proulx, Steven Cyr Rangée du bas: Grant Gray, Gary Gray, Dynamite Dan, Ludger Proulx, Le Warrior photo: Collection Ludger Proulx

25 ans de lutte ICW:
Rangée du haut: Mike Lipps, Ghislain Rocker, Stéphan Rocker, Roger USA, Martin Rolland, Serge Rolland
Rangée du centre: Black Feather, Pedro Corneli, André Moreau, Paul Proulx, Serge Proulx, Steven Cyr
Rangée du bas: Grant Gray, Gary Gray, Dynamite Dan, Ludger Proulx, Le Warrior
photo: Collection Ludger Proulx


« On était cinq au début : Carl Langlois, Réal Massicotte, André Moreau et Randy Côté. Langlois avait déjà accompagné un expert en karaté qui avait lutté aux Loisirs et on était devenus amis. Massicotte avait surtout lutté dans le coin de l’Épiphanie pour le promoteur Bob Lachance tandis que Moreau avait lutté comme jobber pour l’office sous le nom d’Andy Moore et luttait aux Loisirs. »

Mais par le temps que le premier spectacle ait lieu, il ne restait que Langlois et Proulx.

« On a parti ça en août 1990. On voulait faire des shows de temps en temps, une fois au 3 mois. Il fallait trouver des commanditaires, ouvrir un compte de banque etc. Les deux seuls qui bougeaient c’étaient moi et Carl. André et Réal ont été assez gentlemen pour se tasser et dire qu’ils n’avaient plus d’affaires là. Randy, lui, a appelé la veille du show. Ça faisait trois mois que je n’avais pas de ses nouvelles. Je lui ai dit de rester à la maison. Ce n’était pas un méchant gars, mais il était jeune et était fait de même. »

Proulx est donc allé chercher des lutteurs d’un peu partout pour ce premier spectacle. De l’école de lutte d’Édouard Carpentier, des spectacles que produisaient Réjean Désaulniers à Sorel, de sa propre école de lutte et bien entendu, une bonne quantité d’anciens des Loisirs. Tous des gars qu’il connaissait car il avait travaillé avec eux ou il les avait déjà engagés pour l’un de ses spectacles. Même ses anciens partenaires ont participé à ce gala. André Moreau luttait sous le nom d’El Santos tandis que Réal Massicotte était bien installé à la caméra.

Le ring avait été acheté de Mike Vachon, fils du regretté Maurice « Mad Dog ». Il ne manquait qu’une salle, que Ludger trouva finalement. Pour lui, il était important de trouver une salle dans une église.

« Je cherchais partout à Montréal, surtout une église. J’ai toujours été un gars de foi et louer une salle donne de l’argent à l’Église, ça les aide », dit celui qui a toujours lutté avec sa croix autour du cou.

Si la promotion a toujours été connue sous le nom d’ICW, ces lettres n’ont pas toujours voulu dire la même chose.

« Au début, ça voulait dire International Canadian Wrestling. Et puis par la suite c’est devenu Inter-Championship Wrestling », explique le principal intéressé.

La scène locale était bien différente à l’époque. Sans office principal et avec la WWF qui avait l’exclusivité de la télévision et du Forum, il y avait des promoteurs en région comme Denis Archambault, Réjean Désaulniers, Sunny War Cloud, qui faisaient des spots shows, mais il n’y avait rien de régulier à Montréal avant la venue de l’ICW. Même si la NCW remonte aussi loin qu’en 1986 pour leurs débuts, ils ont longtemps été sur des petits matelas dans un gymnase d’école sans avoir une vraie arène. Proulx a d’ailleurs vendu à la NCW son premier ring alors qu’ils étaient encore à Joliette, en plus d’entraîner Frank Blues et Phil Bélanger, deux des fondateurs. Les lutteurs aussi se faisaient plus rares, de là l’importance d’avoir sa propre école de lutte.

Après le premier spectacle, le second eut lieu au mois de mars 1991, puis ensuite aux deux semaines. C’est à ce moment que Carl Langlois arrêta son implication à temps plein. Puis, dès l’automne de la même année, la promotion débuta ses spectacles hebdomadaires, créneau qu’elle a toujours gardé.

« Ce fut la meilleure époque. On avait des gros lutteurs, physiquement parlant. Les foules n’ont jamais été pareilles après notre départ de la salle. On attirait une moyenne de 250 personnes chaque semaine. »

L’ICW restera plus de 10 ans sur St-Germain, jusqu’à l’automne 2001, alors qu’elle a dû déménager ses pénates dans un sous-sol d’Église de la rue Parthenais, coin Sherbrooke.

« Le Centre-Sud a loué la salle, la bâtisse au complet. Il la louait pour 5000$ par mois, je ne pouvais pas compétionner. Je comprenais l’église de faire le move. »

Plusieurs lutteurs ont marqué cette époque tels que Johnny Primo (un des frères Rapone de l’époque de Lutte Internationale et des Loisirs), Ranger Boy (Guy Ranger) ainsi que son fils Lucky Ranger, Warrior (qui deviendra actionnaire pendant quelques années), André « Killer » Smith, les Prisonniers (Serge et Martin Rolland), Le Screw, Le Mobster, le premier champion et sans oublier Ludger et son frère Serge, lui aussi devenu actionnaire pendant quelques années.

ICW: Une histoire de famille pour les Proulx
D’ailleurs, l’ICW a toujours été synonyme du nom Proulx. La famille était déjà bien établie dans le milieu lorsque Ludger a commencé sa carrière. Le tout a débuté avec Ludger Bossé, qui luttait sous le nom de Tarzan Simard et son frère Yvon, qui a surtout occupé le rôle de gérant. Puis, avec l’aide de Pat Girard, il a décidé d’initier à la lutte le mari de sa sœur, Bertrand Proulx. Ce dernier, le père de Ludger et Serge, prit sa retraite en 1975.

N’ayant jamais été un joueur important dans les années de Lutte Internationale, rien ne laissait présager que Serge deviendrait l’un des meilleurs lutteurs de son époque au Québec.

« Je n’aurais jamais pensé qu’il serait devenu aussi bon. Serge, était LE heel. La rivalité entre mon frère et moi a été le pain et le beurre de la compagnie pendant longtemps. Depuis 1990, il est l’un des meilleurs heels que la province ait connu et si j’avais été en charge d’un nouvel office de lutte comme dans le temps de Lutte Internationale, je l’aurais engagé c’est sûr. »

Les enfants de Serge ont également fait partie de l’ICW.

« Francis était un très bon technicien. Paul faisait tout ce qu’on lui demandait, sans problème. Il était coloré. Francisca, c’était la meilleure. Elle avait une expression faciale qui allait chercher l’émotion de la foule. Elle était crédible », ajoute Ludger.

Sa conjointe Helen, maintenant seule actionnaire de la compagnie, a également eu un très gros rôle à jouer selon Ludger.

« Helen est une bonne gestionnaire. Peut-être que l’ICW n’y serait plus sans son implication. »

Même la fille d’Helen, Christina, que les fans ont connue sous le nom de Chrissy Proulx aux débuts des années 2000, a lutté à quelques reprises et selon son beau-père, avait tout un potentiel.

« Chrissy, si elle avait été un gars, elle aurait été ma successeuse. Elle avait autant de talent que Francisca. »

Même l’oncle grâce à qui cette famille est devenue une famille de lutteurs, Tarzan Simard, fut entraîneur de l’école de lutte, en plus d’être promoteur et lutteur à quelques reprises. Une vraie histoire de famille!

Plusieurs lutteurs de renom ont aussi foulé l’arène de l’ICW au fils des années, tels que Jos Leduc, Frenchy Martin, Pierre-Carl Ouellet, Gino Brito, Richard Charland, Sunny War Cloud, Gino Brito Jr et Carl Leduc. Plusieurs vétérans de la lutte indépendante au Québec ont lutté ou ont même commencé à l’ICW, notamment Exess, Johnny C et Darkko. Plus axée sur l’improvisation, elle aura été une bonne école pour plusieurs d’entre eux.

Serge Proulx, Pierre-Carl Ouellet et Ludger Proulx  photo: Collection Ludger Proulx

Serge Proulx, Pierre-Carl Ouellet et Ludger Proulx photo: Collection Ludger Proulx

« La formule de l’ICW c’est A-B-C et le direct, contrairement à d’autres qui y vont plus comme une danse avec des pas déjà appris. On lutte pour le monde et on s’ajuste à celui-ci. Le I de l’ICW pourrait facilement dire improvisation. J’aurais dû appeler ça de même! »

Ludger, sans contredit le plus grand champion de l'histoire de la promotion, mais surtout la personne sans qui tout ceci ne serait pas possible

Ludger, sans contredit le plus grand champion de l’histoire de la promotion, mais surtout la personne sans qui tout ceci ne serait pas possible


Déjà 25 ans…
Mais après 25 ans, quatre changements de salle, qui ont largement contribué à une diminution du nombre de spectateurs, et surtout après avoir formé près de 300 lutteurs, Ludger Proulx voit ce 25e anniversaire comme peut-être le dernier en importance auquel il participera.

« Il est temps que je me retire. J’ai 50 ans, je suis fatigué. Malgré les mauvais côtés, il y a eu de bons côtés c’est sûr, sinon je ne l’aurais pas fait. Je vais me souvenir de tout, même du mauvais. Ce fut 25 ans de bonheur, mais aussi 25 ans de mal de tête. J’imagine qu’il faut l’un pour mieux apprécier l’autre » termine Ludger, avec philosophie.

L’ICW a été la seule fédération d’importance à Montréal au début des années 90 et avec ses 25 ans, elle est la plus vieille promotion de lutte sur l’île de Montréal et dans un sens, de la province. Célébrer les 25 ans de l’ICW, c’est aussi célébrer 25 ans de lutte indépendante au Québec.

Le spectacle Fêtes Fatales 25e anniversaire aura lieu samedi le 26 décembre prochain, à compter de 20h, au 1550 Joliette, coin Adam, à Montréal. C’est donc un rendez-vous!

En rafale…
-Voici la toute première carte de lutte présentée par l’ICW le 22 décembre 1990. Maurice Guimond & Black Feather b Mr. Rock n’ Roll (maintenant connu sous le nom de Jake Matthews) & Ghyslain Cyr, Grant Gray b Mike Powers, Super Ninja b Gary Gray, Serge Rolland b Paul Proulx, Peter McLoud b El Santos, The Dream Machines (Dan May & Martin Roy) b Ludger Proulx & Steven Cyr

-Pas friand de l’internet, accusant ce dernier d’avoir fait mal à la lutte professionnelle, Ludger est quand même allé chercher deux chroniqueurs web au tournant du siècle, Steve Charette de Lutte.com et Nicolas Brouillette de QuebecLutte. Les deux, l’un connu sous le nom du Roi du Hardcore et le second sous Nico Le Prince, deviendront des acteurs importants de la promotion.

-J’aimerais souhaiter bon courage à toute la famille Proulx, alors que la mère de Ludger et Serge, Claudette, vit ses derniers moments aux soins palliatifs. En ce temps des fêtes, je suis de tout cœur avec vous.

La question de la semaine Resto-Bar Coin du Métro

Resto-Bar
La question de la semaine prend relâche pour la période des fêtes. Je vous suggère tout de même d’aller rendre visite à Costa et tout sa gang au Resto-Bar Coin du Métro durant le temps des fêtes, que ce soit pour aller voir un match de hockey ou simplement pour prendre une bière entre amis.

Pour plus de détails sur le Resto-Bar Coin du Métro, veuillez consulter leur page Facebook. Le Resto-Bar Coin du Métro, 10 719 Lajeunesse, l’endroit par excellence pour tous les événements sportifs tels que le hockey, le soccer, la boxe, la lutte et le football à Montréal!

Bonne lutte à tous et à toutes!

Si vous avez des questions, des suggestions ou des commentaires, n’hésitez pas à communiquer avec moi au patric_laprade@lutte.quebec, sur ma page Facebook ou sur mon compte Twitter.

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