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15/03/2015 | Chroniques

La crédibilité, revenons sur le sujet.

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Salut! Comme le titre le dit, je reviens sur un sujet, celui de la crédibilité dans le ring.  J’ai eu plein de commentaires pour ma chronique “L’importance de se protéger”. Des commentaires de lutteurs du circuit indépendant du Québec, d’amis et de fans. Même des lecteurs de France.

J’aimerais revenir sur un point que j’aurais aimé développer mais je trouvais que ma chronique s’étirait beaucoup déjà. Comme je n’avais aucune inspiration pour cette semaine, c’était le moment parfait pour y revenir et développer. Alors dans ma chronique, je donnais des conditions à respecter pour protéger son personnage et le point numéro 3 disait:

3- Respecter l’intelligence des fans et respecter leur imaginaire. Respecter ce qu’ils veulent voir et s’adapter au moment, évoluer avec les fans et comprendre qu’au fond, c’est eux qui décident si tu passes ou tu casses. Peu importe si le promoteur t’aime ou pas, c’est le spectateur qui décidera du futur de ta carrière.

Je sais que certains clichés circulent sur les fans de lutte, sur leur Q.I., leur classe sociale, leurs goûts artistiques. Pour moi, ce n’est que de la foutaise. La lutte va chercher beaucoup plus large comme amateurs que bien d’autres activités artistiques subventionnées. Va au théâtre et compte le nombre de spectateurs. Souvent, une fédération indépendante serait gênée d’avoir si peu de spectateurs.

Ceci dit, les fans de lutte ont un imaginaire selon ce qui leur est présenté, selon la réalité de la lutte. Les lutteurs, les scripteurs et les dirigeants doivent en être conscients et le respecter. C’est les paroles de mon professeur de français en secondaire 1 qui m’ont vraiment marquées. En nous expliquant la rédaction d’un roman, il nous disait:

“Lorsque vous écrivez une histoire, celle-ci doit toujours être plausible, crédible et réaliste”.

Sur ce, j’ai tout de suite levé ma main et protesté en donnant Superman comme exemple. Il vole et tire des lasers par les yeux. Pas ce que je dirais être plausible, crédible et réaliste. Sa réponse m’a marquée à jamais, il me répondit du tac-au-tac:

“Superman est plausible, crédible et réaliste dans sa propre réalité. Superman est un extra-terrestre, ça explique ses pouvoirs et sa force. Ça se peut dans son monde à lui. L’exemple est bon et mauvais en même temps, Superman qui souffle sur un lac et le gèle entièrement, c’est crédible dans sa réalité, car il a des pouvoirs venus d’ailleurs…”

Superman gelant un lac entier avec son souffle dans Superman III.

Superman gelant un lac entier avec son souffle dans Superman III.

 

“… Mais que Superman, par la suite soulève ce lac, seulement avec ses mains, à partir du bord, ce n’est absolument pas crédible dans aucune réalité! La glace briserait au bord dès qu’il la soulève à cause du contre-poids du reste du lac.”

Superman soulevant le lac à partir du bord????

Superman soulevant le lac à partir du bord????

Ces commentaires s’appliquent à 100% à la lutte et à ceux qui la pratiquent. J’ai toujours dit que la lutte était un art et l’art de le faire est de jouer dans ces paramètres et de rester crédible à l’intérieur de l’imaginaire du fan. Chaque lutteur et scripteur doit le comprendre et l’appliquer à comment il performe et comment il joue.

Tu es un lutteur mexicain de 160 lb et tu luttes contre un monstre de 300 lb? Et bien, à moins que ce fut expliqué aux fans que tu as des super-pouvoirs, respecte que malgré que c’est un spectacle, tu ne peux pas dominer physiquement ton adversaire. Trouve une façon de pouvoir faire tes trucs, mais reste crédible. L’inverse est vrai, tu es le montre de 300 lb, ne te laisse pas dominer physiquement, trouve une façon de vendre le combat et de le mettre intéressant, mais en restant crédible.

Il est primordial de se créer une personnalité crédible, de définir ses forces et ses faiblesses et de s’assurer de les présenter clairement aux spectateurs dès le début du combat. Si vous pouvez, avant même le début de celui-ci, pour bien faire comprendre quel sera votre univers, dans quelle réalité votre combat évoluera lors de cette soirée.

C’est une ligne très mince et même un peu floue je l’admet. Mais encore une fois, les vrais artistes arrivent à jouer et créer à cheval sur cette ligne en restant toujours (ou presque) du bon côté de celle-ci. Un art est un art car des gens arrivent à maîtriser des concepts flous et abstraits pour leur donner une image claire à l’audience. En maîtrisant ceci, un lutteur peut ainsi jouer avec les genres de soir en soir. Passer d’un combat dur à un plus technique le gala suivant, peut-être même faire de la comédie par la suite pour revenir à de quoi de plus “hardcore” au besoin. Un lutteur comme Shawn Michaels y arrivait très bien. Il pouvait faire un combat technique comme Bret Hart, aller à la guerre contre Vader pour ensuite faire de quoi de divertissant et drôle contre Razor Ramon. Mais toujours en restant dans sa réalité et rester crédible.

Pour finir, j’aimerais lancer un jab aux dénigreurs de la lutte, ceux qui la traitent de façon hautaine, comme un divertissement de second ordre. Un combat de lutte c’est exactement comme un film et la lutte est comme le cinéma, un art à part entière. Tout comme à la lutte, au cinéma il y a les films de Jackie Chan, Tom Green et Rob Schneider, mais il y a aussi La Liste de Schindler, Le Soldat Ryan ou Forrest Gump.

Celui qui me dira que la qualité est trop rare à la lutte, et bien je lui dirai d’aller au club vidéo (si ça existe encore) et de me jurer, la main sur le coeur, qu’il contient plus de bons films que de mauvais. Mon collègue Mathieu Lavigne est probablement d’accord avec moi sur ce point.

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