Laissez-moi être le dernier des derniers à vous souhaiter la bonne année. Une année remplie de bonne lutte et de bons ou mauvais films avec des lutteurs!
Qui dit janvier, la nouvelle année, dit aussi « nouveau soi ». On parle beaucoup de résolutions et on ne tient pas beaucoup ses propres résolutions. Qui dit résolution dit souvent d’ailleurs arrêter de fumer, boire, aller au gym et mieux manger. Je ne sais pas pour vous, mais quand je pense à tout ça, dans le milieu de la lutte, je pense à DDP!
Ça tombe bien, car l’ami Diamond Dallas Page, ancien champion de la WCW, est maintenant un gourou de la remise en forme et du travail sur soi. De plus, Page a son lot de crédits cinématographiques a son actif. C’est pourquoi j’annonce que janvier, ce qu’il en reste, sera consacré à DDP, Diamond Dallas Page.
Cette semaine sur iTunes sortait le documentaire The Resurrection of Jake The Snake Roberts, produit par DDP et réalisé par Steve Yu entre octobre 2012 et mai 2014. Il chronique la descente aux enfers du Snake, jusqu’à sa, littéralement, résurrection, grâce aux efforts de DDP pour le garder clean et de son célèbre DDP Yoga, programme d’exercice sans impact mêlant mouvement lents de yoga et efforts physiques de remise en forme musculaire.
Tout commence quand DDP offre en octobre 2012 à son mentor Jake Roberts de suivre une ptite cure de désintox mêlée à un peu de DDP Yoga suivant des ennuis qu’il a eu en se présentant et en faisant un fou de lui lors d’un gala de lutte indépendant. Jake pèse plus de 300 livres à ce moment là et ne peut même plus soulever son propre corps avec ses propres jambes. Nous assistons à son évolution, ses rechutes, son déménagement chez DDP, sans qui il n’arrive plus à fonctionner, puis ses victoires quotidiennes, ses pensées personnelles et sa reconnexion avec ses enfants. Nous voyons Jake devenir de plus en plus souple, de mieux en mieux dans sa peau, souriant, heureux et ambitieux. Il n’espère plus qu’une chose, revenir au Royal Rumble de 2014! Je ne savais pas que cette rumeur était effectivement fondée en la lisant sur tous les canards de lutte internets, mais coudons! Certains moments font frissonner, comme quand Jake pète de sérieuses crises, qu’on le retrouve complètement saoul à l’aéroport, sans soulier, et que DDP se retient de le crisser en dehors de chez lui. Le film s’achève sur l’intronisation de Jake et Hall par DDP au Hall of Fame de la WWE et le retour de Jake au Old School Raw. De nombreux lutteurs ont participé au projet, dont Steve Austin, Edge, Ted DiBiase, Chris Jericho, Dustin Rhodes, Jim Ross et Mean Gene Okerlund.
Nous assistons aussi à une histoire en parallèle vers le 2e tiers du film quand Jake et DDP décident de prendre des nouvelles de Scott Hall (Razor Ramon), de qui ils croient ouïr qu’il serait dans une mauvaise situation aussi. Effectivement, Scott est maintenant en chaise roulante, plus de 300 livres, attendant la mort en buvant de la vodka pour déjeuner! DDP le recueille aussi chez lui. Le projet de documentaire étant à ce moment là bien entamé, les trois documentent la vie au quotidien chez DDP, faisant des capsules sur YouTube, organisant des campagnes de socio-financement ou participant à des événements caritatifs. Hall finira par reconnecter avec son fils, se remettra en forme, délaissera la boisson et reprendra goût à la vie. Aujourd’hui, il accompagne encore son fils dans les fédérations indépendantes qui le bookent, donne des séminaires et est revenu dans les bonnes grâces de la WWE.
Jake et Scott ont été intronisés au Temple de la Renommée de la WWE en 2014, par DDP lui-même, sans qui les deux seraient probablement morts de façon tragique, ignorés et auraient servis de martyrs, ombrant leur passé de vedettes mondiales de lutte, pour des médias de masse comme TMZ qui se seraient délectés de rapporter de la vidange en lien avec la lutte. C’est un documentaire brutal sur l’envers du décor de la lutte, une fois que la lutte est terminée, pour les moins chanceux. Le début ressemble à Beyond the Mat. Seule différence, c’est que contrairement à Barry Blaustein dans Beyond the Mat, DDP ne reste pas sans broncher devant la misère de ses sujets dans le but de faire un film plus dramatique. DDP agit!
Au final, cependant, et sans être un problème « négatif », c’est que Resurrection of Jake the Snake Roberts n’est PAS un documentaire sur le Snake. On se rend vite compte que le produit fini manque de plusieurs éléments qui constituent une véritable œuvre cinématographique, pour tomber plus dans l’univers d’un journal filmé, puis rabouté. Surtout qu’étant achevé depuis 2014, certains éléments sont devenus obsolètes et/ou en urgent besoin d’être mis à jour. Les documentaires, d’ordinaire, incluent des vignettes explicatives à la fin pour raconter le sort des protagonistes, palliant ainsi le gap d’informations dans un rapport temporel. Depuis, Jake a eu deux cancers (son plus récent l’empêchant d’assister à certaines présentation du film), DDP a participé au Rumble, s’est marié, tout en agrandissant son entreprise. Hall a fait le tour du monde avec son fils dans l’univers de la lutte, en plus d’avoir un spot NWO au dernier Wrestlemania et de faire des apparitions sporadiques à la WWE. Voilà, c’est moi qui vient de le faire.
Ici, c’est une infopublicité payée et présentée par DDP pour le DDP Yoga. Malgré toutes ses forces et ses tentatives de rester dans une humilité forcée, on sent que la pièce maîtresse du film est l’humain incroyable qu’est Diamond Dallas Page. C’est juste un peu weird quand tu produits et fais réaliser un film sur toi-même pour raconter comment tu es extraordinaire. Jeff Jarrett l’a fait en se fabriquant un documentaire exécrable sur lui-même appelé « King of the Mountain » et les druglords mexicains le font pour raconter leur extraordinaire histoire. Sting a aussi essayé de raconter sa fois en Dieu, avec les résultats vomitifs qu’on connait. La différence, c’est que DDP est un véritable superhéros qui aurait probablement quand même sauvé Hall et Roberts sans les caméras. Il croit en la force de l’individu, pas en la bullshit religieuse ou en des forces invisibles qui ont quand même besoin d’argent pour s’accomplir. Page est un entrepreneur intelligent qui nous sert sa business à travers une histoire touchante sur comment il a sauvé la vie de plusieurs personnes et prolongé la carrière de plusieurs autres. Chris Jericho, Rob Van Dam et Goldust sont des clients incroyablement satisfaits du leadership de DDP et ils sont encore capables de performances, parmi les meilleures de leurs carrières et ce, bien au delà de la quarantaine.
Le film est disponible sur iTunes, en location ou en achat. Pour l’instant, c’est le seul moyen légitime de se le procurer. De nombreux Q&A de séances de visionnage sont aussi sur Youtube. Un bel appendice à inclure dans votre expérience. Un DVD et un Blu-ray existeront éventuellement car ils font partie des cadeaux promis aux contributeurs des campagnes de socio-financement. Puis honnêtement, savoir que quelqu’un « vole » le travail de quelqu’un qui veut changer des vies pour le mieux, j’aime mieux ne pas y penser. C’est une belle histoire, réelle, dure, et pour Jake, quotidienne. Ça fait quand même plus de bien au moral à regarder que les documentaires salissants de la WWE ou de ESPN à’ marde sur ces sujets, qui ont pratiquement annoncé les morts de Hall et Roberts d’avance avec leur mise en scène potineuse et malhonnête.
La semaine prochaine, on fouille les ordures à la recherche des rôles au cinéma de DDP! BANG!