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27/09/2015 | Chroniques

Know your role! Être la tête d’affiche.

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Fameuse phrase de The Rock à la WWE dans le temps “Know your role“, une autre qui semblait sortir de lui mais qui au fond, n’était qu’un terme du jargon du métier, comme jabroni par exemple. Bon, cette semaine, le lexique du lutteur n’est pas mon sujet, c’est mon collègue Bertrand Hébert qui m’a demandé, and I quote (avec ma voix de Michael Cole) :

Quelle est la différence entre être le focus de la promotion et être perdu dans la masse des lutteurs?

Très bonne question mon Bertrand. Bertrand fut mon premier scripteur dans la lutte, un bon en plus, mais son travail c’est de placer les pièces sur l’échiquier et de faire que le gala monte et culmine avec un climax. Ensuite le lutteur exécute en ajoutant sa personnalité et essaie de faire encore mieux. Il ne peut pas vraiment prendre du temps à savoir comment chacun se prépare à jouer son rôle dans cette hiérarchie.

Comment ça se passe?

Pas évident et je dirais que ça vient avec l’expérience, comme presque tout à la lutte. On va s’entendre sur un point, personne n’est bon à ses débuts. Oui techniquement, après des entraînements rigoureux, on l’est, mais ensuite, ajouter le “it factor” ça s’apprend par essais/erreurs au fil du temps en luttant le plus possible dans toutes les situations devant des foules différentes. Oui il y a des exceptions, mais justement, des exceptions c’est des exceptions car ça n’arrive pas souvent. Alors si tu crois être une exception, il y a de fortes chances que tu n’en sois pas une.

De Stone Cold à The Rock en passant par Undertaker, ils ont tous été mauvais ou très moyens à leurs débuts. Je ne parle pas leurs débuts à la télévision, mais leurs débuts loin des caméras, dans des salles mal éclairées et souvent poussiéreuses.

Évolution de Steve Austin:

Stunning Steve Austin

Stunning Steve Austin

Stunning Steve (Stone Cold) vs Dustin Rhodes (Goldust)

Stunning Steve (Stone Cold) vs Dustin Rhodes (Goldust)

The Ringmaster Steve Austin

The Ringmaster Steve Austin

Stone Cold Steve Austin

Stone Cold Steve Austin

Donc, en partant de là, tu agis comment? De un, important comme je le dis toujours, d’être objectif envers soi-même et bien s’auto-évaluer. Il faut savoir où l’on se situe pour vrai, et non où on pense, dans notre tête, être. Je parlais dans une ancienne chronique de lutter selon sa place sur la carte, mais il faut aussi lutter selon où l’on est dans l’organigramme de la promotion.

Quand tu es dans les débuts de cartes, tu dois savoir que ton rôle principal sera probablement de mettre les autres “over“, c’est-à-dire, les faire bien paraître, souvent, en regardant les lumières du plafond pour le compte de 3. Alors ton job est de t’assurer que ton adversaire sortira du ring avec une prestance et que le fan le voit meilleur après le match qu’il ne le voyait au début. Plus tu réussiras à cette tâche un peu ingrate, je l’admets, plus le promoteur te fera confiance. Il se dira : “S’il arrive à bien le faire avec mes gars “bas de carte”, il pourra peut-être le faire pour ceux dans le milieu de carte?”. Alors il y a de grosses chances, que le promoteur t’écrira un scénario pour te mettre un peu plus en valeur, quelques victoires pour ensuite t’envoyer dans le milieu du gala. Là où les responsabilités augmentent.

Pourquoi ça augmente et comment? Bien rendu là, tu as un statut, un personnage à présenter et à jouer en plus de continuer à bien faire paraître ceux devant toi. On doit commencer à s’assurer de bien se présenter tout en continuant de bien faire ce qui a fait qu’on t’a fait confiance. Souvent, les scénarios sont un peu plus étoffés, des promos dans le ring à livrer, des fins de match plus compliquées. Tu dois gérer un peu plus de trucs et tu dois te préparer un peu plus mentalement. Tu dois trouver encore plus un moyen de te démarquer des autres car rendu à ce stade, normalement, les gens te remarquent et t’observent plus. Ils sont plus critiques aussi. C’est souvent là qu’on doit des fois que tu rencontres les premières mauvaises critiques à ton endroit. Il te faut une carapace un peu plus dure qu’auparavant.

Mais encore, ça reste un travail d’équipe et si on t’a mis là, c’est pour de quoi de précis, bien paraître et aider les gars de ce niveau, que le promoteur veut faire grimper au niveau de ceux qui font les finales, à y arriver. Tu prépares ceux qui seront les futurs adversaires des vedettes de la compagnie. Un rôle important, car le futur des scénarios qu’a le promoteur en dépend. Si tu le fais bien, ce sera à ton tour un jour ou l’autre, tu auras ta chance au moins.

Toutes les grandes vedettes sont passées par là. Austin avec The Rock, Macho Man avec Steamboat, etc. Certains lutteurs resteront toujours dans cette case, des gars comme Billy Gunn (pour qui j’ai le plus grand respect), Bob Holy ou Arn Anderson (il est devenu légendaire tellement il était bon à cette position, en préparant les futurs adversaires de Ric Flair). Car le niveau suivant est le plus dur à atteindre, c’est celui qui requiert le “it factor“, la chose qui est difficilement explicable. Des lutteurs comme Hulk Hogan, Ric Flair, Bret Hart, HBK, Austin, Rock, Undertaker, etc, l’avaient et sont passés au niveau des “main-eventers“. Bon, oui des lutteurs montent à ce niveau, pour redescendre, pour y remonter et re-redescendre. Des gars comme Randy Orton par exemple, pour plusieurs facteurs, mais tout de même, le résultat est quand même ça.

BillyGunn

Je semble m’écarter mais non, je prépare l’explication de ce que je crois être la grosse différence entre être perdu dans la masse ou d’être le focus de la promotion. Car c’est justement ça, quand on te donne la chance de monter à ce niveau, c’est exactement ce que tu es, le focus de la promotion, le focus de tout le monde. Les ventes de billets te deviennent attribuables, la qualité du gala entier repose en quelque sorte sur toi. À ce niveau, très souvent tu fais la finale et la finale peut rendre un mauvais gala bon, un moyen gala très bon mais peut aussi rendre un bon gala, ordinaire ou même mauvais. Quand le gala finit, les gens quittent avec l’impression que la finale leur a donnée. C’est lourd comme responsabilité, car la décision qu’ils prendront de revenir ou non, souvent, se prend justement à cet instant. Faut en être conscient. Il est impensable de prendre un combat à la légère ou de le faire machinalement sur le pilote automatique à ce niveau. Il faut pas juste faire ce qu’on est à l’aise de faire, faut se défoncer à chaque fois. Comme le disait l’oncle Ben dans Spider-Man : “De grands pouvoirs emmènent de grandes responsabilités”.

Undertaker

Faut aussi être présent avant et après les galas. Dans les fédérations indépendantes, c’est rencontrer les fans avant et après, être là pour les photos. Tu es la figure principale sur les posters, ton visage seul, doit convaincre des gens qui ne sont jamais venus de venir. À la WWE c’est de faire les tournées de promotion, les talk-shows matinaux et de fin de soirées, les levées de fonds, les fondations d’enfants malades, les entrevues à la radio. Tout ça en restant au sommet de ta forme. Toutes ces choses que seul John Cena a pu faire constamment, sur une longue période de temps à la WWE dernièrement.

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C’est une pression énorme, car tout le reste de l’équipe dépend de tes performances en dedans et en dehors du ring. Mais les gens qui arrivent à ce statut, souvent, s’en abreuvent et deviennent encore plus forts. C’est là que ta longévité devient une possibilité. C’est ces choses qui expliquent que Undertaker sera toujours un visage important à chacun de ses retours, qu’il sera toujours dans les tops malgré les années qui passent.

Je le sais, tout le monde espère se rendre à ce niveau et que tout le monde trouve toujours ça trop long avant d’y arriver. Mais malheureusement, seul le temps et le travail peuvent t’y mener. En plus, j’ai toujours dit que plus ça te prend du temps pour t’y rendre, plus longtemps tu y resteras. Compte le nombre d’années de lutte qu’avaient Steve Austin avant d’avoir le “break” pour la position principale, je compte ses années à la USWA, WCW, ECW et WWF et probablement quelques galas minables en début de carrière. Même chose pour Bret Hart, Flair, Hogan, Macho Man, Triple H, HBK. Brûler les étapes n’est pas toujours gage de succès, même souvent c’est une lame à 2 tranchants.

Quand on est en début de carte, une fois son combat complété, on peut jaser avec les gars, avoir du plaisir, décanter ce qu’on a fait et y repenser. Regarder les autres combats, étudier un peu et jouer quelques tours. Même chose quand on est dans le milieu, une fois notre travail fait, c’est relaxe et on peut apprécier notre soirée avec les “boys“. Mais quand on est en finale, toute la soirée n’est que préparation. Les finales sont souvent plus élaborées (j’espère sinon quel est le but de mettre ce match en finale?), implique plus de gens, mène à une histoire plus longue, plus complexe, plus suivie par les fans. Tout doit être parfait et non juste bon ou cool. Je le répète, après ce combat, les fans décideront s’ils reviennent ou non, s’ils inviteront 1 ou 10 de leurs amis la prochaine fois.

À la WWE c’est encore plus vrai, car la situation financière de tous les lutteurs en dépend. Austin avec son statut aura fait faire plus d’argent à tous ceux en-dessous de lui dans la hiérarchie juste avec les gens qu’il attirait. Ça se sait entre les lutteurs aussi. Je suppose qu’un gars mis au sommet et qui crée une diminution dans l’audimat et aux guichets, sera pointé du doigt par les lutteurs en-dessous quand ils verront un moins gros chiffre sur leur chèque de paye à la fin du mois. C’est un peu tout ça que ça comporte être la tête d’affiche.

Ça peut être extrêmement stimulant pour certains, comme ça peut faire peur. C’est pour ça que ça prend de la préparation et de l’expérience. C’est là que ceux qui sautent des étapes peuvent échouer. Reste à savoir comment chacun s’y prépare et y est préparé par le reste de l’équipe. En partant de ceux qui sont au début de la carte à ceux du milieu en passant par le promoteur.

J’aurai certainement à revenir sur le sujet dans le futur.

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