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21/09/2015 | Chroniques

Dick Marshall, le Colisée et l’histoire de la lutte à Québec, 1ère partie

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Le Colisée de Québec en 1950  Photo Paul Carpentier, BANQ

Pat Laprade

Pat Laprade

Le décès de l’ancien promoteur Dick Marshall et la fermeture du Colisée Pepsi marquent la fin d’une époque pour la lutte professionnelle à Québec.

Dick Marshall nous quittait le 25 août dernier dans son sommeil à l’âge vénérable de 93 ans après un difficile et long combat avec de sérieux problèmes cardiaques. Depuis la mort du lutteur britannique Mick McManus en mai 2013, Marshall était le lutteur professionnel le plus vieux toujours en vie sur la planète.

Dick Marshall, le lutteur

Dick Marshall a connu une longue carrière de lutteur  Photo Collection Jimmy Morneau

Dick Marshall a connu une longue carrière de lutteur Photo Collection Jimmy Morneau

Né Léo Morneau le 10 novembre 1921, il a commencé son entraînement de lutteur amateur à l’adolescence avec son ami Georges Cagney. Il a fait ses débuts chez les professionnels au début des années 40, mais sa petite stature pour l’époque – 5 pieds 8 pouces et 160 livres – ne lui ont pas permis de se tailler une place dans les combats principaux. Il se fera vraiment connaître en 1971 alors qu’il commença sa carrière de promoteur dans la ville de Québec, un rôle qu’il allait occuper pour les 15 prochaines années. Mieux connu sous le nom de Marshall, son avis de décès contenait son vrai nom mais aussi son nom de lutteur.

Les débuts de la lutte à Québec
D’aussi longtemps qu’il y a eu de la lutte à Montréal, il y en a eu à Québec. La capitale nationale étant historiquement le deuxième plus grand marché de la province, les plus grandes vedettes de l’ère des pionniers comme Frank Gotch, Eugène Tremblay, Jean-Baptiste Paradis, Ed « Strangler » Lewis et Stanislaus Zbyzsko ont tous lutté dans la ville de Québec sous la férule du promoteur George Kennedy qui organisait les tournées au Québec.

Au début du siècle, les combats se sont tenus dans différents endroits. Un de ceux-là était la patinoire de Québec, demeure des Bulldogs de Québec. Cette équipe était menée par son capitaine Joe Malone, qui était aussi originaire de Québec et qui fut introduit au temple de la renommée du hockey. L’équipe y remporta la Coupe Stanley à domicile en 1912 et 1913. Après le dernier championnat, elle déménage dans un aréna construit spécialement pour eux au Parc Victoria et simplement nommé l’Aréna de Québec. Cet endroit présenta de la lutte pour la première fois le 9 mai 1914, alors que le Français Raoul de Rouen et le Canadien-Français Raymond Cazeaux s’affrontaient en final. Un autre endroit populaire pour les promoteurs de lutte était l’Auditorium, mieux connu aujourd’hui comme le Capitol de Québec. Bien qu’on n’y montre plus de lutte, plusieurs spectacles musicaux y sont maintenant présentés. Le 29 octobre 1918, la patinoire de Québec fut détruite par le feu et l’histoire démontrera qu’il agit d’un thème récurrent pour les arénas à Québec.

Les années 1920 ne furent pas très bonne pour la lutte au Québec jusqu’à l’arrivée du Français Henri Deglane à la fin de la décennie. Dans les années 30, des lutteurs comme Deglane, Ed Don George et Félix Miquet, pour ne nommer que ceux-là, ont tous lutté à l’Aréna de Québec.

La Tour

La fameuse Tour à Québec, un endroit de prédilection pour la lutte

La fameuse Tour à Québec, un endroit de prédilection pour la lutte

Pour la plupart des amateurs, il n’y a eu qu’un seul Colisée, mais les faits sont tout autres. La malchance s’acharna encore sur la ville alors qu’en juin 1942, l’Aréna de Québec périt aux mains des flammes. Sans aréna majeur, la décision fut prise de construire une patinoire intérieure au Pavillon de l’Agriculture. Peu de temps après sa construction, l’endroit se faisait appelé le Colisée et commença également à être utilisé par les promoteurs de lutte. Cette nouvelle aréna avait une capacité de 4 500 places, environ le tiers de ce qu’on retrouvait au Forum de Montréal à l’époque. Malgré qu’il s’agissait du plus grand amphithéâtre à Québec, ce n’était pas l’endroit le plus fréquenté par les bonzes de la lutte professionnelle. Depuis 1936, une salle pouvant contenir 3 000 sièges était synonyme avec la lutte et cet endroit s’appelait simplement La Tour. Bâti dans un ancien réservoir d’essence dans le quartier St-Roch, La Tour a accueilli des lutteurs tels qu’Yvon Robert, Larry Moquin et toutes les autres vedettes du matelas qui venaient dans le territoire et qui restaient assez longtemps pour faire partie des tournées à l’extérieur de Montréal. Sous la gouverne du Club Athlétique Champlain, qui s’occupait aussi de promouvoir la lutte au Colisée, La Tour était parfois utilisée jusqu’à deux fois par semaine, habituellement avec les poids lourds le lundi et les poids légers le vendredi.

Roland Ste-Marie, le premier vrai promoteur à Québec
Les principaux acteurs derrière le Club Champlain étaient le promoteur Ernest Lanthier et le gérant Roland Ste-Marie. De temps à autre, un autre promoteur organisait des spectacles à La Tour. Mais au final, c’est Ste-Marie qui allait devenir le principal promoteur en ville. Né à Longueuil le 11 juillet 1904, Ste-Marie avait débuté à promouvoir la lutte à Loretteville avec Lanthier en 1931. Puis, en 1933, le duo avait fait ses débuts à Québec, organisant des spectacles au petit Colisée (j’y reviendrai plus tard). Un ancien boxeur amateur, Ste-Marie allait aussi promouvoir la boxe à La Tour et a aussi été impliqué dans la venue du hockey junior à Québec.

Roland Ste-Marie et la légende Yvon Robert  Photo Collection Jean Ste-Marie

Roland Ste-Marie et la légende Yvon Robert Photo Collection Jean Ste-Marie

Localement, les amateurs de Québec se sont souvenus longtemps des combats entre Yvon Robert et la vedette locale, Paul Baillargeon, dont le premier avait eu lieu à La Tour.

Baillargeon faisait partie d’un groupe d’hommes forts et de lutteurs, avec la particularité qu’il s’agissait de ses frères. Nés à St-Magloire, environ 100km au sud-est de Québec, Paul, Adrien, Lionel, Charles, Jean et Tony Baillargeon étaient considérés comme les frères les plus forts au monde. Dans la foulée des Louis Cyr et de Victor Delamarre, les Baillargeons organisaient des spectacles afin de démontrer leur incroyable force. Mais tout comme Cyr, Delamarre et d’autres hommes forts, ils se sont amourachés de la lutte professionnelle. Paul était considéré comme étant le plus talentueux tandis qu’Antoine (Tony) a eu la plus longue carrière.

Autant Robert était aimé à Montréal et dans le Québec en général, lorsqu’il affrontait Paul Baillargeon, il devait quelque peu jouer le heel dû au fait que la foule était beaucoup trop derrière son héros local. Que ce soit Paul Lortie, Killer Kowalski ou Buddy Rogers, Baillargeon les a tous affrontés à Québec. Après sa carrière, il fut utilisé comme promoteur local par Eddie Quinn.

Pendant ce temps, Dick Marshall, qui luttait aussi sous le nom de King Kong Marshall, luttait un peu partout en province, même à Montréal. Sa petite stature lui permettait de faire partie du circuit appelé « la p’tite lutte », une division de lutteurs pas assez gros pour lutter au Forum et habituellement en-dessous des 200 livres. En 1948, au marché St-Jacques à Montréal, Marshall avait lutté contre Jack Britton. Rien de spécial direz-vous. Cependant, peu de gens pouvaient se douter à l’époque que les deux allaient devenir deux des plus importants promoteurs de l’histoire de la lutte au Québec. En effet, Britton allait commencer à promouvoir la lutte des nains l’année suivante.

Juan Lopez et les vedettes de la p’tite lutte

Kid Hecker au temps de la p'tite lutte à Québec  Photo Tony Lanza

Kid Hecker au temps de la p’tite lutte à Québec Photo Tony Lanza

Québec, tout comme Montréal, avait sa panoplie de lutteurs locaux dans la catégorie des poids légers. Kid Hecker, reconnu pour son saut chassé, Maurice Bertrand, Paul Néron, un des bons heels de l’époque qui faisaient plusieurs finales et Maurice Gosselin étaient tous âgés entre 26 et 31 ans et faisaient partie des lutteurs les plus populaires de la p’tite lutte à Québec. Ils ont tous voyagé et lutté à Montréal et dans d’autres villes en province, mais étaient tous nés ou basés à Québec.

Juan Lopez, de son vrai nom Hector Morin, l'un des premiers lutteurs Québécois à lutter au Mexique  Photo Tony Lanza

Juan Lopez, de son vrai nom Hector Morin, l’un des premiers lutteurs Québécois à lutter au Mexique Photo Tony Lanza

Ceci dit, l’un des plus gros noms à provenir de la ville de Québec à ce moment-là était Juan Lopez. Né Hector Morin, il avait débuté comme lutteur dans les années 30. Annoncé du Mexique, il était en fait l’un des premiers lutteurs québécois à y avoir lutté, environ au même moment qu’un de ses compatriotes, Raymond Couture. Morin a tout de même passé la majeure partie de sa carrière à Québec et dans les environs, luttant aussi quelque peu à Montréal et en Ontario. Il a eu une longue carrière, alors qu’il était encore utilisé par Johnny Rougeau et les As de la Lutte dans les années 60 et par la suite par Lutte Grand Prix au début des années 70.

La fin des années 30 et le début des années 40 ont aussi été synonymes de changements au Québec. Au mois d’août 1939, Eddie Quinn arrivait à Montréal en provenance de Boston et en compagnie de sa vedette locale Yvon Robert, allaient changer le portrait de la lutte en province à jamais. Le premier spectacle qu’il a organisé à Québec fut le 19 février 1940, à La Tour, utilisant Robert en finale contre Tom Casey.

La naissance de l’actuel Colisée, celui de Jean Béliveau

Le Colisée de Québec en 1950  Photo Paul Carpentier, BANQ

Le Colisée de Québec en 1950 Photo Paul Carpentier, BANQ

Presqu’une décennie plus tard, en mars 1949, pour la troisième fois dans un laps de temps d’environ 30 ans, une aréna à Québec était la proie des flammes. Cette fois-ci il s’agissait du Colisée. Mais sous les indications du maire de la ville, on a débuté la construction d’un nouveau Colisée au mois de mai de la même année, cette fois construit de béton armé afin de prévenir un éventuel feu et six mois plus tard, en décembre 1949, l’aréna de 10 000 sièges, ce qui doublait sa capacité, et munie d’une grande surface où les gens pouvaient demeurer debout, était déjà terminée de construire.

C’est ce même Colisée qui a fermé ses portes lundi dernier le 14 septembre 2015.

Jusqu’à ce qu’Eddie Quinn arrête de promouvoir en 1963, Québec faisait toujours partie du circuit, habituellement les vendredis, au moment où la lutte à Montréal était présentée les mercredis. Elle est revenue les lundis au début des années 60, mais la lutte n’était plus aussi populaire à ce moment-là. La télévision avait commencé en septembre 1952 et Quinn avait commencé à l’utiliser en janvier 1953, mais seulement pour le marché de Montréal. Le 17 juillet 1954, CFCM-TV est devenu la première station à diffuser à l’extérieur de Montréal ce que CBFT (Radio-Canada) présentait sur ses ondes. À partir de ce moment, Québec allait avoir de la lutte en direct les vendredis soirs et à la télévision les mercredis.

Puisqu’il n’y avait pas de télévision à Québec avant ça, la lutte n’était pas la principale source d’attraction au début des années 50. Un jeune joueur de hockey du nom de Jean Béliveau était la vedette locale de l’époque. Il avait même joué dans la première partie de hockey au nouveau Colisée le 8 décembre 1949, jouant alors pour l’équipe des Citadelles de Québec et dominant la ligue de hockey junior du Québec. En 1951, jouant à domicile dans le tournoi de la coupe Mémorial, Béliveau et ses équipiers avaient attiré 16 806 personnes, un record qui allait tenir 20 ans au Colisée. Envers et contre tous, une fois son stage junior terminé, Béliveau refusa de signer avec le Canadien de Montréal, préférant signer avec les As de Québec de la ligue senior, étant donné qu’il y était mieux payé que Gordie Howe et Maurice Richard. Il a remporté la coupe Alexander, la coupe Stanley de la ligue sénior, devant ses partisans en 1952. Mais pour la saison 1953-54, Béliveau signa finalement avec le Canadien et depuis ce temps, le Colisée se fait appeler « la maison que Béliveau a construit. »

Roland Ste-Marie, le boxeur Jack Dempsey, souvent utilisé comme arbitre et Jean Béliveau  Photo Collection Jean Ste-Marie

Roland Ste-Marie, le boxeur Jack Dempsey, souvent utilisé comme arbitre et Jean Béliveau Photo Collection Jean Ste-Marie

Le Colisée était avant tout utilisé pour le hockey était donné ses coûts de location plus élevés. Alors pendant les années 50, Quinn et Ste-Marie utilisaient surtout La Tour chaque vendredi, attirant au maximum 3 000 spectateurs pour les plus gros événements. Le 13 avril 1956, Yvon Robert y a d’ailleurs remporté le titre reconnu par la Commission Athlétique de Montréal contre Killer Kowalski devant un amphithéâtre rempli à pleine capacité, le seul changement de titre à Québec à l’époque de Quinn.

Yvon Robert vs Paul Baillargeon, le premier succès au Colisée

Yvon Robert vs Paul Baillargeon au Colisée en 1956 Photo Colelction Jean Ste-Marie

Yvon Robert vs Paul Baillargeon au Colisée en 1956 Photo Colelction Jean Ste-Marie

Le 6 juillet, les promoteurs ont bougé, avec raison, le match revanche entre Robert et Baillargeon de La Tour au Colisée de Québec. Le combat a attiré 11 000 fans, la plus grande foule de l’histoire de la ville de Québec à ce moment-là. Il s’agit fort probablement aussi du premier spectacle de lutte organisé au Colisée. Quelques semaines plus tard, un troisième combat entre les deux belligérants fut organisé au Colisée, alors que la publicité autour de l’événement parlait aussi des 25 ans de Roland Ste-Marie comme promoteur de lutte. La foule a très bien répondu à l’appel alors que 12 000 personnes se sont présentées, battant ainsi le record précédent. Comme si ce n’était pas déjà assez, ils ont pu y voir leur héros, Baillargeon, remporter le titre Canadien des mains de Robert, un titre secondaire qu’il ne faut pas mélanger avec le titre principal du territoire.
Robert et Baillargeon faisaient les manchettes des journaux  Photo L'action catholique, de la BANQ

Robert et Baillargeon faisaient les manchettes des journaux Photo L’action catholique, de la BANQ

1956 fut aussi l’année des débuts de Robert « Bob » Bédard à La Tour contre Gérard Dugas. Le natif de Québec n’allait pas lutter beaucoup dans sa région natale et n’allait pas y connaître beaucoup de succès non plus. Cependant, sous les conseils de Mad Dog Vachon, qui l’envoya à Minneapolis au Minnesota, il y est devenu René Goulet et a connu une longue carrière qu’il l’a amené partout dans le monde. Après sa retraite active, il est devenu agent pour la WWF avant de se retirer pour de bon en 1997.

En septembre 1957, le hockey n’était plus aussi populaire qu’à une certaine époque et le Colisée devenait ainsi plus disponible. C’est alors que l’idée est venue de créé un tournoi par équipe à La Tour qui mènerait jusqu’à la finale qui serait, elle, présentée au Colisée.

Cette finale de tournoi, le 27 septembre, allait se disputer entre l’équipe composée de Killer Kowalski et Dick the Bruiser, deux des plus grands vilains de l’époque, contre deux Français, André Bollet et Édouard Carpentier. Le match avait supposément comme enjeu les titres mondiaux par équipe de la NWA, mais la réalité était toute autre. En effet, il s’agissait de la période où Quinn était à couteaux tirés avec l’Alliance à cause du règne de champion de Carpentier et avait temporairement quitté l’organisation.

Ce spectacle qui comprenait aussi les Yvon Robert, Tarzan Zorra, Bobby Managoff, Manuel Cortez, Killer Christie, Larry Moquin, Frank Valois et Bob Langevin, soit une bonne carte de poids-lourds mais avec aucun produit de la ville de Québec, a tout de même attiré 8 000 amateurs.

Ce qui est le plus important, c’est qu’à compter de cette date, le Colisée allait être utilisé de plus en plus et ce, pour le reste de la décennie. Le Colisée allait devenir l’endroit de prédilection pour Ste-Marie les vendredis soirs.

À l’été de 1959, parce que les Ballets Bolshoi étaient en ville et monopolisaient le Forum un mercredi soir, Quinn essaya quelque chose de différent. Le 17 juin, au lieu de présenté son heure de télévision hebdomadaire en direct du Forum, il allait le faire en direct du Colisée. Devant 5 000 amateurs, la finale entre Kowalski et Paul Baillargeon allait se terminer par une nulle à cause du couvre-feu. Quinn avait aussi emmené trois grosses pointures comme arbitres spéciaux. Yvon Robert et la légende du hockey Maurice « Rocket » Richard allait arbitrer le combat par équipe. Fait intéressant, à l’époque, Richard n’était pas aussi populaire à Québec que dans le reste de la province, à cause d’une vieille chicane avec les amateurs de hockey de Québec. Le troisième, celui-ci pour la finale, allait être Georges Cagney, un ancien lutteur local devenu arbitre.

Georges Cagney
Cagney est sans l’ombre d’un doute l’un des lutteurs les plus connus dans l’histoire de la lutte à Québec.

Georges Cagney, l'un des plus connus provenant de Québec  Photo Tony Lanza

Georges Cagney, l’un des plus connus provenant de Québec Photo Tony Lanza

Tout comme son bon ami Marshall, il avait débuté à un très jeune âge. Né Gérard Letarte à Québec en 1919, il avait commencé en lutte amateur en 1934 et avait remporté le championnat des 160 livres à Québec et à Montréal. Il a par la suite fait ses débuts professionnels en 1940, mais un grave accident en 1941, alors qu’il est tombé d’un échafaud de 55 pieds de haut, allait le mettre KO pour quelques années. Il fit un retour en 1944 et c’est à partir de ce moment que sa carrière a réellement démarré. Il a lutté à Québec, à Montréal, à Ottawa et même pour Larry Kasaboski dans le nord de l’Ontario. Luttant principalement entre 198 et 215 livres, il faisait des combats préliminaires de temps à autre pour Quinn au Forum. Il a remporté à plusieurs reprises les titres locaux des poids légers et des mi-lourds et a lutté contre des gros noms tels que Bob Langevin, Eddie Auger et Sandor Kovacs. En 1951, il était assez connu à Québec pour se lancer dans la promotion, travaillant pour ou avec les frères Lortie et leur office de Montréal. Mais après quelques spectacles, l’expérience n’avait pas été concluante et Cagney retournait à ses premières amours, la lutte. Au début des années 60, maintenant dans la quarantaine, il débutait sa deuxième carrière, celle d’arbitre à temps plein à Québec. Dans les années de Grand Prix, il était l’arbitre en chef et garda ce titre jusqu’à sa retraite.

L’arrivée d’Allen Mitchell comme promoteur
Après que Quinn ait arrêté sa promotion, la province a été plongée dans des années de grandes noirceurs et ce n’est qu’en 1965, avec Johnny Rougeau, sa promotion et ses débuts à la télévision que la lutte professionnelle reprit vie au Québec. Rougeau utilisait la même marche à suivre que ses prédécesseurs, c’est-à-dire un office basé à Montréal et utilisant des promoteurs locaux dans les autres villes. Mais au lieu d’utiliser le Forum comme Quinn, il allait présenter ses combats hebdomadaires au centre Paul-Sauvé et allait enregistrer pour la télévision les mardis à Chicoutimi. Le Forum n’allait être utilisé que pour les plus gros événements, généralement une fois par mois.

Lorsque Rougeau commença à faire des tournées en province, il utilisa Allen Mitchell comme son promoteur local à Québec. Mitchell avait débuté quelques années auparavant, remplaçant Ste-Marie, très malade à l’époque. Son premier spectacle était donc pour le compte de Quinn, le 20 août 1962, alors que Johnny Rougeau et Killer Kowalski avaient attiré 5 000 amateurs, une bonne foule considérant la conjoncture de l’époque.

En juin 1962, le promoteur Lucien Grégoire avait amené Buddy Rogers à Québec, sur une carte qui ne contenait presque pas de lutteurs locaux et n’avait attiré que 600 personnes au petit Colisée, un signe que la lutte était en déclin en 1962. L’amphithéâtre était ainsi appelé car il avait été construit sur le même site que celui qui avait brûlé en 1949, celui du pavillon de la jeunesse, juste à côté du « gros » Colisée.

Parce que le boom que la télévision avait créé en 1954 était maintenant chose du passé, la lutte à Québec était maintenant présentée aux deux semaines jusqu’à ce que Rougeau arrive avec les As de la Lutte et son émission de télévision Sur le Matelas, respectivement en 1965 et 1966. Le 5 octobre 1964, un spectacle bénéfice du promoteur Mitchell, visant à soutenir financièrement l’ancien promoteur Ste-Marie, encore plus malade qu’auparavant, n’a attiré que 886 amateurs. Rougeau et sa promotion ne pouvaient arriver à un meilleur moment.

Quant à lui, Roland Ste-Marie allait s’éteindre le 18 février 1965 à l’âge de 60 ans.

Malgré que les foules aient augmenté avec Rougeau, elles n’étaient pas aussi importantes qu’à l’époque où Ste-Marie et Quinn utilisaient le Colisée et encore plus loin des foules que le hockey attirait. Mitchell était reconnu pour ne pas être assez agressif. Par exemple, au lieu d’utiliser le Colisée, il utilisait La Tour et le petit Colisée. Force est d’admettre qu’avec le retour de la lutte à la télévision, les foules étaient très bonnes à Montréal, la compagnie faisait le tour de la province alors il n’y avait peut-être pas le besoin de louer le Colisée parce que de toute façon, quel autre promoteur de lutte allait le faire? Ce que Mitchell et Rougeau ne savaient pas, c’est qu’à peine cinq ans plus tard, ils allaient avoir de la compétition de haut niveau, quelque chose que Quinn et Kennedy n’avaient jamais eue.

L’arrivée de Grand Prix et de Dick Marshall, le promoteur
Pensée par Yvon Robert, parce qu’il avait des choses personnelles à régler avec son ancien protégé Johnny Rougeau, et par la suite administrée par Carpentier, les frères Vachon, Yvon Robert Jr, Lucien Grégoire et l’avocat Michel Awada, Lutte Grand Prix allait prendre la scène d’assaut à compter de juin 1971.

Parce que le groupe ne pouvait présenter de spectacles à Montréal à ses débuts, utilisant l’Auditorium de Verdun une fois par semaine, il allait faire de Québec sa ville de prédilection et s’arranger pour y faire un tabac. Pour ce faire, le groupe avait choisi Dick Marshall comme promoteur local.

Ce dernier avait continué à lutter jusque dans les années 50. Mais malgré qu’il ait lutté pendant de nombreuses années, il ne faisait pas partie de l’élite, surtout à cause de sa stature.

« Ce n’était pas vraiment de sa faute, il était un perfectionniste, relate l’ancien lutteur Paul Leduc. Il travaillait tellement sur sa technique qu’il oubliait de travailler sa foule. »

Maintenant âgé de 50 ans, Marshall, qui avait pris sa retraite active depuis quelques années, avait toujours continué à travailler pour le Canadien National comme ingénieur de locomotive, un travail qu’il gardera même dans les années où il agissait comme promoteur. Mais son plus grand atout était d’être excellent dans les relations publiques, une qualité importante pour une promotion qui veut démarrer avec un certain « buzz » autour d’elle.

« Il était extrêmement amical », ajoute Leduc.

Personne ne pouvait savoir à ce moment-là que 18 mois plus tard, la promotion allait devenir la plus importante en province et que la ville de Québec allait devenir une plus grosse ville de lutte que Montréal, grâce, en partie, à Dick Marshall.

FIN PARTIE 1

Bonne lutte à tous et à toutes!

Si vous avez des questions, des suggestions ou des commentaires, n’hésitez pas à communiquer avec moi au patric_laprade@lutte.quebec, sur ma page Facebook ou sur mon compte Twitter.

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