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16/08/2023 | Chroniques

Un faux temple de la renommée

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Je vous avise d’entrée de jeu.

L’article n’a pas comme but de critiquer Jacques Rougeau. Comme bien des lutteurs et lutteuses, il se sert de ce qu’on lui remet comme prix ou hommage pour se faire de la publicité sur les réseaux sociaux.

Et c’est tout à fait légitime.

Jusqu’à un certain point, les prix de l’année que j’organise chaque année servent le même objectif.

Mon but avec cette chronique est plutôt de rétablir les faits et de démystifier les différents temples de la renommée qu’on peut retrouver dans le monde de la lutte professionnelle.

Rétablissons tout d’abord les faits.

Le temple de la renommée de la lutte canadienne dans lequel Jacques Rougeau a été intronisé il y a une dizaine de jours n’existe pas.

Plain and simple comme on dirait à Amos!

On a annoncé la présence de Rougeau pour deux dates à Capreol, une ville de 3 000 habitants faisant partie du Grand Sudbury, en Ontario. Il devait présenter une conférence le 4 août et le lendemain, signer des autographes lors d’une convention et faire une présence dans l’arène pour une organisation locale, la Project X Wrestling.

Cette dernière est la propriété de David Knapman. Son fils, David Jr, âgé de 18 ans, lutte sous le nom de Magnum McLaren. Knapman fils faisait partie de la version 2023 de Lutte Académie, le concours que Jacques organise depuis deux ans.

Vous commencez à faire des liens?

Moi aussi!

Knapman a donc invité Jacques à son tour.

La présence initiale de Jacques a été annoncée le 31 mai. Une présence sûrement payée puisque Jacques faisait une conférence, une signature d’autographes et une présence dans le ring. Ce n’est que le 17 juillet qu’on fait l’annonce qu’il sera le premier à être intronisé dans le temple de la lutte canadienne.

Le quoi?

La promotion va même jusqu’à sortir un communiqué de presse dans lequel on dit qu’un comité de 10 personnes a été consulté.

Avouez que c’est d’adon que ces supposées 10 personnes aient choisi LA personne qui était déjà annoncée et pour qui on avait déjà déboursé une somme d’argent!

La Project X Wrestling est une promotion qui a débuté au mois de mai dernier et qui a deux événements derrière la cravate. C’est ni plus ni moins un père qui a décidé d’ouvrir une promotion de lutte afin de favoriser le booking de son fils. Pas la première fois que ça arrive et ce ne sera certainement pas la dernière.

Mais dans les faits, ce n’est pas un temple de la renommée.

Une promotion a décidé de rendre honneur à Jacques. Ce qui est bien correct en soi. Mais n’essayez pas de me vendre ça comme un temple de la renommée par contre!

D’ailleurs, en marge de l’honneur, Jacques a demandé à Jimmy Hart de lui faire une petite vidéo pour le féliciter.

Devinez quoi?

En septembre, Knapman a annoncé que la Voix du sud serait à son événement. Je ne serais pas surpris qu’il soit, lui aussi, admis au « temple de la renommée »!

J’ai tenté d’avoir certaines réponses de la part de Knapman, tout comme un autre journaliste montréalais, mais aucun de nous d’eux n’a eu de réponse de sa part.

Dans tous les cas, l’expression « gratte mon dos, je gratterai le tien » ne peut pas plus s’appliquer que dans cette situation.

Alors quand je lis Jacques crier à l’injustice sur ses réseaux sociaux parce qu’aucun média n’en parle, et que par la suite je vois d’importants médias traditionnels tomber dans le piège et en parler, je n’en reviens tout simplement pas.

Y a-t-il un vrai temple de la renommée de la lutte?
Il est vrai toutefois qu’il est difficile de s’y retrouver dans tous ces différents panthéons de la lutte professionnelle.

Il y avait le Pro Wrestling Hall of Fame à Amsterdam, New York. Il y a celui à Waterloo, Iowa. Il y a l’International Pro Wrestling Hall of Fame. Il y a celui de la WWE. Et il y a également celui du Wrestling Observer Newsletter.

Comment démystifier le tout?

Est-ce qu’il y en a un comparable avec Cooperstown (baseball) ou Toronto (hockey)?

Le plus crédible de tous est celui du Wrestling Observer Newsletter. Le journaliste Dave Meltzer l’a fondé en 1996 et chaque année, un comité de deux à trois cents personnes, regroupant des lutteurs, anciens lutteurs, personnalités reliées à la lutte, journalistes et historiens, de partout dans le monde, vote pour introniser les nouvelles personnes. Il y a des règles bien établies et ça prend un certain pourcentage de votes pour y être admis.

C’est ce qui ressemble le plus à Cooperstown ou Toronto et le seul qui compte vraiment à mes yeux.

Les seules différences c’est qu’il n’y a pas un établissement qu’on puisse visiter et aucune plaque n’est remise. Mais dans son mécanisme, il est le plus crédible.

Tous les autres ne sont et ne seront jamais aussi crédibles. Soit le comité est trop restreint pour l’époque et la région à couvrir. Soit on vote selon certains critères très fermés comme à Waterloo, soit on fait voter les amateurs. Ou comme dans bien des cas, il s’agit de la liste d’une seule personne.

Le temple de la renommée de la WWE ou de Vince McMahon?
Ce qui m’amène à parler de la WWE.

Pour une raison que je ne pourrai jamais pleinement m’expliquer, on donne BEAUCOUP trop d’importance au temple de la renommée de la WWE.

C’est qu’il faut comprendre, c’est qu’il s’agit du temple de la renommée d’une organisation et les membres sont admis par une seule et même personne: Vince McMahon.

Est-ce que certains de ses lieutenants peuvent l’influencer dans ses décisions?

Bien sûr! Pat Patterson l’a fait pour Mad Dog Vachon. Paul Levesque, Gerry Brisco, Michael Hayes et d’autres ont aussi ce rôle.

Mais à la fin de la journée, ce sont les décisions de Vince.

Alors, quand je lis Jacques Rougeau dire qu’il n’y est pas à cause d’un conflit avec McMahon et qu’un temple de la renommée ne devrait pas être influencé par la relation entre le lutteur et le promoteur, il a raison, mais en même temps c’est très mal comprendre son fonctionnement.

Si tu n’as pas une bonne relation avec LA personne qui choisit les intronisés, il y a de très fortes chances que tu ne sois pas choisi. Ça va de soi.

Et c’est pour ça que le temple de la renommée de la WWE n’est pas crédible à mes yeux. Oui, il est le plus connu parce que c’est la WWE, que la cérémonie se tient devant public et lors de la fin de semaine de WrestleMania.

Mais au final, ce n’est pas le temple de la renommée de la lutte et j’irais jusqu’à dire que ce n’est même pas le temple de la renommée de la WWE.

C’est le temple de la renommée de Vince McMahon.

Et quand ce ne sera plus lui, ce sera le temple de la renommée de Paul Levesque ou Ari Emmanuel. Qui sait?

Qu’en est-il du Québec?
Au Québec, il y a deux manières pour un lutteur d’être reconnu de la sorte.

Tout d’abord le Panthéon des Sports du Québec. Yvon Robert, Johnny Rougeau, Mad Dog Vachon et Édouard Carpentier en font entre autres partie. Mais comme la lutte n’est pas vraiment un sport en soi, il est difficile pour un lutteur d’y faire son admission. Il faudrait une (plus) grande ouverture du comité.

Sinon, en 2005, j’ai fondé le tout premier temple de la renommée de la lutte au Québec. J’ai un comité de 20 à 30 personnes qui votent chaque année et dans lequel des lutteurs tels que Raymond Rougeau, Rick Martel, Gino Brito, Maurice et Paul Vachon votent ou ont voté au fil des années.

Jacques Rougeau, tout comme Raymond, Johnny et Jacques Sr., en font partie depuis la toute première année.

En toute modestie, c’est ce qu’il y a de plus crédible afin de célébrer la riche histoire de la lutte québécoise. Et contrairement à ce faux temple, ça n’a jamais eu la même visibilité…

crédit photo: Instagram Soviet_Maro

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