Le concours Lutte Académie se conclut ce soir, mais je peux déjà vous annoncer le gagnant.
Roulement de tambours….
Et le gagnant est: Jacques Rougeau!
-Ben oui, mais Pat, Jacques ne fait même pas partie du concours.
En effet.
Mais Lutte Académie n’a jamais été à propos de redonner à la lutte locale, scène que Jacques a toujours méprisée. Le concours avait un seul et unique but: repositionner Jacques dans l’échiquier du star système québécois par l’entremise de la lutte. La lutte québécoise n’a plus besoin de Jacques Rougeau. Mais Jacques avait besoin de la lutte québécoise.
Pour mieux comprendre, il faut se remettre en contexte.
En août 2018, Jacques annonce la fermeture de son école de lutte, sa retraite, ainsi que celle de ses trois fils. Pour la première fois en 41 ans, la lutte ne fera plus partie de sa vie. Déjà que plusieurs médias ne font plus appel à lui lorsque vient le temps de parler de lutte, l’école et ses spectacles étaient les seules choses qui lui permettaient de faire parler de lui de façon régulière.
Il faut aussi connaître le personnage.
On parle d’un individu qui aimait mieux proposer qu’on fasse un documentaire sur lui plutôt que de participer à un documentaire sur l’histoire de la lutte au Québec. On parle d’une personne qui voyait le potentiel de son fils comme un tremplin pour faire son propre retour à la WWE dans un rôle de gérant. On parle d’un gars qui m’a déjà dit et je cite : « Si tu ne parles pas de moi comme numéro un, j’aime autant mieux que tu ne parles pas de moi du tout! »
Question de vouloir revenir sous les projecteurs, Jacques fait une tentative d’animer un balado durant la pandémie, mais l’expérience n’est pas concluante.
Arrive alors le concours Lutte Académie.
Qu’est-ce que le concours lui permet? De refaire les manchettes.
Il utilise tous ses contacts – et force est d’admettre qu’il en a encore plusieurs – pour se trouver un diffuseur ou une plate-forme, mais son projet est soit trop coûteux, soit mal présenté. Toutefois, le côté positif pour lui est que son nom se remet à circuler : Journal de Montréal, TVA, 91.9FM et j’en passe. Il rencontre aussi certaines têtes dirigeantes.
Et à moins d’un mois de la finale de son concours, qu’est-ce que Jacques parvient à décrocher?
Une entente de publicités à la télé avec Vidéotron!
Ah ben, gadon!!
Une pub avec les mauvais acteurs
Alors que les lutteurs et lutteuses qui font partie du concours n’ont pas été payés et n’ont pu vendre leur propre marchandise, Jacques, lui, signe un contrat publicitaire.
Le concept de cette première publicité est que Jacques est dans son salon avec sa conjointe et ses enfants, qui seront appelés à faire des manœuvres de lutte. Pour jouer le rôle de ses enfants, on aurait pu penser que Jacques allait utiliser certains des participants à son concours, non? Après tout, Jacques présente Lutte Académie dans le but de faire connaître ces personnes au grand public, pas vrai? Ce qui aurait été non seulement une opportunité pour deux ou trois des participants, mais de plus, une belle façon de promouvoir le concours.
Mais non.
Qui voit-on dans la première publicité?
Ses propres enfants. Les mêmes qui sont retirés du monde de la lutte depuis des années et qui, par conséquent, n’ont rien à gagner dans le monde de la lutte avec cette publicité.
Mais bon, c’est peut-être moi qui demande trop d’altruisme…
Un match à AEW? Ce n’est pas ce que QT a dit
Pour revenir à Lutte Académie, une vidéo a aussi circulé avec QT Marshall.
Ce dernier y indique qu’il ne pourra être présent à la finale, mais qu’il suivra le tout à distance par Zoom. Puis, il annonce qu’en plus des 5000$ et des trois mois gratuits à son école de lutte, les gagnants « seront invités aux débuts d’AEW au Canada, à Toronto, pour Dynamite et Rampage. Ils seront invités comme talents locaux et il y a de bonnes chances qu’ils vont travailler, dans leurs costumes de lutte, devant une salle comble. »
Ce sont des mots exacts.
Aux quatre finalistes s’ajouteront deux autres participants choisis par QT.
N’importe qui œuvrant sur le circuit indépendant depuis un certain nombre d’années comprend ce que cela veut dire. Les six personnes seront des extras lors des deux soirées d’enregistrements. Et un extra peut être utilisé comme lutteur, dans un autre rôle ou bien ne pas être utilisé du tout. Nous en avons eu un exemple récemment alors que KC Spinelli et Zak Patterson ont joué les rôles de policiers à Montréal lors de la dernière visite de la WWE. Mais le lundi à Raw, ils sont restés en arrière-scène toute la soirée.
Marshall a d’ailleurs bien choisi ses mots en parlant de « bonnes chances », car il ne pouvait rien promettre.
Comment tout ça s’est soudainement traduit dans les différentes publications de Jacques sur Facebook?
« Et participera au spectacle de la AEW »
« Lutter devant 10 000 spectateurs à Toronto »
« Apparition sur le premier gala de la AEW à Toronto »
« Match préparatoire le 12 et le 13 octobre »
Encore une fois, des promesses que Jacques ne peut faire. Premièrement, ce n’est pas ce que Marshall a dit. Deuxièmement, ce n’est pas Jacques qui décide. Et finalement, il n’y a aucune garantie que ces personnes vont lutter.
Marshall a beau avoir reçu une promotion récemment, devenant vice-président responsable de la coordination des événements et de la création, et ayant comme tâche, entre autres, d’aider avec la supervision des figurants (extras), ce n’est pas lui qui a le dernier mot sur tout. Est-ce qu’il est bien placé pour que le tout se concrétise ? Absolument. Mais il a lui-même bien choisi ses mots justement parce qu’il sait très bien qu’il ne peut rien promettre.
Mais c’est qu’il n’a pas changé Jacques.
Il avait un discours similaire et une tendance à l’exagération il y a 20 ans quand il vendait à ses élèves de l’époque qu’il pouvait leur avoir un dark match à la WWE qui changerait leur vie. Incidemment, aucun de ses élèves n’a été engagé par la WWE alors qu’il était encore sous la férule de Rougeau.
À la veille d’une nouvelle campagne électorale au Québec, on reconnaît bien les promesses de politiciens de Rougeau ici.
C’est comme lorsqu’il a fait une publication dimanche dernier se disant surpris d’avoir vu le chroniqueur Stéphane Turcot parler de la finale du concours à Salut Bonjour week-end.
Surpris?
J’étais en entrevue à la même émission cette journée-là. Et Jacques avait appelé tôt le matin pour s’assurer que la plug était toujours pour se faire! Mais là, il était « surpris »!
Tout ça pour dire que ça ne veut pas dire que les six concurrents n’auront rien à Toronto. Ce n’est pas ce que je dis. Ça veut juste dire que ce n’est pas une certitude comme Jacques le laisse croire. Et je le mentionne pour éviter les déceptions chez les participants. Au pire, ils doivent voir le tout comme une opportunité de se faire des contacts, en autant que Jacques, qui je soupçonne y sera lui aussi, ne prenne pas toute la place.
En effet, le passé nous dit que Jacques peut être très contrôlant dans ce genre de situations. Il se peut que tout passe par lui. Je ne serais pas surpris non plus que Jacques trouve une façon qu’on le voie à la télé pendant l’une ou l’autre des deux émissions, ne serait-ce que pour saluer la foule ou agir dans un rôle secondaire comme Ricky Steamboat l’a fait la semaine dernière.
Bref, tout n’est pas aussi certain et limpide qu’on le laisse croire.
Trois mois dans une école, un bon choix?
Jacques disait dans une entrevue que « les meilleurs athlètes canadiens » étaient pour faire partie de son concours. Sans vouloir dénigrer personne, ce n’est pas comme si les Mike Bailey, Josh Alexander ou LuFisto en faisaient partie. Ni les Matt Angel, Marko Estrada ou Loue O’Farrell.
Cela dit, je ne vois pas ce qu’un gars comme Jeremy Prophet, qui lutte depuis 17 ans, va apprendre dans une école de lutte pendant trois mois.
D’ailleurs, la moyenne d’années d’expérience des neuf finalistes est de 8 ans. Après huit ans, ce n’est plus le temps d’aller passer trois mois dans une école de lutte. À la limite, tu peux encore faire des séminaires de perfectionnement, mais c’est surtout le temps de lutter le plus souvent possible et contre des gens meilleurs que toi, ce qu’une école de lutte ne peut te donner.
Un faible auditoire
En entrevue avec Marc De Foy du Journal de Montréal, Jacques disait aussi que « ce projet pourrait avoir des répercussions à l’échelle nationale et même internationale. »
Diffusé uniquement sur YouTube, le premier épisode, sorti il y a deux mois, a été vu en date d’aujourd’hui 4 000 fois. Le second, sorti il y a 1 mois, 1 300 fois et la demi-finale, sortie il y a trois jours, à peine 500 fois.
Le Club Soda lui? Une salle contenant plusieurs membres des familles des concurrents et de leurs amis. De plus, une publication Facebook de Jacques me laisse croire qu’il s’est remis à donner des billets à des compagnies en échange d’une commandite.
Le suivi sur les réseaux sociaux? Quasi inexistant. La page Facebook de Lutte Académie est à 1100 abonnés et la publication de la demi-finale a été aimée 3 fois. Il n’y a pas d’erreur. 3 petites fois. En toute transparence, la même publication sur la page Facebook de Jacques a eu 26 réactions. Pas l’diable mieux!
On repassera pour les répercussions à l’échelle nationale et internationale ou même provinciale ou municipale!
Pendant ce temps, Marko Estrada à Sous Écoute de Mike Ward est rendu à 69 000 vues. Pendant ce temps, la NSPW a attiré 1300 personnes au Stade Canac et la IWS, 1100 à l’Olympia. Pendant ce temps, LuFisto a plus de 100 000 abonnés sur ses différents réseaux sociaux.
Et pendant ce temps, monsieur-madame-tout-le-monde ne connaît ni d’Eve ni d’Adam les participants du concours et Jacques, lui, est de retour de façon régulière à la télévision.
Un bel adon. Un crisse de bel adon, vous trouvez pas?