Gérer un script

Je vais avouer de quoi, cette semaine, je n’ai pas de structure vraiment, je vais lancer mes idées comme elles viennent comme si on jasait face à face. Le sujet que j’ai décidé d’aborder est tellement large et abstrait dans le fond, que c’est peut-être la seule façon d’en parler.

Alors, gérer un script : Comment un lutteur doit gérer un script qui lui est donné? Ce qui est bien ici, c’est que cette chronique s’applique aussi aux fans, car dans les deux cas, il est grandement question de perception.

On va passer vite sur le premier point, la ou les fois qu’un lutteur reçoit un script qu’il aime. N’oublie pas, tu peux transposer fan au lieu de lutteur et voir au lieu de recevoir dans la phrase ci-haut. Bon, tu reçois (vois), c’est facile à comprendre, un scénario qui te plaît? C’est facile, tu es content et le fait du mieux que tu peux et on est heureux. Fin.

Maintenant, quand tu reçois un script que tu n’aimes pas, là, c’est différent. De un, tout lutteurs et fans doivent comprendre une chose, tous les goûts sont dans la nature. Qu’il y ait 100 spectateurs dans une salle en région ou 25000 au Centre Bell, il y a des chances que chacun des individus ait ses propres goûts et propres attentes. Le scripteur en chef lui, doit s’assurer de satisfaire tout le monde et choisir les lutteurs pour exécuter ce qu’il croit que les gens aimeront. Il y a plusieurs combats et segments sur un gala, justement pour ça. Que chacun y trouve son compte.

Donc, tu reçois ton script et te dit : “C’est bien mauvais ça”. Mais là, à cette seconde, tu te dois de te poser la question : Est-ce mauvais car le scripteur est nul ou est-ce parce que MOI, mes goûts personnels, je n’aime pas ça? Si c’est la première réponse, tu dois être meilleur que le scripteur alors quitte le ring et deviens scripteur. Si c’est le 2e, bien il faut comprendre que TOI, ta petite personne, ce n’est pas dans tes goûts, mais le scripteur n’a pas à s’en faire avec toi outre mesure, tu n’es pas le client, le client à satisfaire, c’est celui assis dans la salle. C’est lui que le scripteur doit combler, c’est lui que TU dois combler.

Par exemple, un segment de RAW, dans le temps, que j’avais détesté au plus haut point fut “This is your life Rock”. Je ne pouvais croire qu’on venait de me soumettre à un bla bla interminable entre The Rock et Mankind, mettant en vedettes des figurants ridicules et qui ne menait à absolument rien d’autre que de meubler du temps. Et bien, malgré ça, ce fut le segment de lutte le plus regarder de l’Histoire de la Lutte à la télévision. Qui aurais-je été pour refuser de le faire si j’avais été dans la position de Rock ou Foley? Peut-être qu’un des 2 n’aimait pas ça sur papier? Mais au bout du compte, ce fut très payant pour la WWF et pour les 2 acteurs.

Un des segments le plus regardés de l’Histoire. This is your life Rock.

Si tu comprends bien, en tant que fan, toi aussi tu dois de te demander ça, est-ce mauvais ou juste pas dans mes goûts? Avant de critiquer les lutteurs, scénaristes ou autres, fais juste cet exercice assez complexe tout de même.

Si tu luttes pour ta propre personne, ta propre satisfaction et gonfler ton ego, ne sois pas surpris si un soir donné, un adversaire “échappe” quelques coups de poing sur ta mâchoire. C’est vraiment mal vu et rarement un individu comme ça monte dans la hiérarchie. Pour 3 raisons; un : Les scripteurs ne te donneront rien car tu seras une plaie pour eux. Deux : Les lutteurs face à toi ne se sentiront pas obligés de bien te faire paraître (voir ma chronique là-dessus) et 3, surtout le 3e point, les fans vont le sentir et ne t’acclameront pas. Ça se sent ces choses-là. Incroyablement, ce genre d’individu se rend compte que quelque chose ne fonctionne pas et habituellement, il en rajoute encore plus, ajoutant à son insuccès jusqu’à ce qu’il disparaisse.

Sur ce, dévions sur l’ego. Tout athlète de haut niveau a un ego, mais pas nécessairement dans le sens péjoratif du terme. Un égo, une fierté qui fait qu’il veut toujours performer et se dépasser. J’ai joué au hockey avec des joueurs qui ont fait la NHL et lutté avec des gars qui ont été à la WWE, ils ont tous un ego, mais un bon. Pour percer à la lutte il faut être un vendeur. Oui, savoir se vendre car tu dois aller chercher les opportunités, personne ne te les donneras, mais une fois t’être bien vendu, tu dois livrer. Il faut être vendeur, un bon en plus, mais surtout, au grand jamais, il ne faut être son meilleur client. Quand tu achètes ton propre produit, c’est pathétique. Surtout si tu es au point où tu es ton seul et unique client.

Pour fermer cette grosse parenthèse, les 3 ex-lutteurs les plus sympathique avec qui j’ai partagé un vestiaire sont Terry Funk, The Rock et Rick Martel. The Rock n’avait pas dormi la veille, on filmait à Musique Plus et m’’avait jasé comme si j’étais un des boys. C’était dans mes débuts et je me suis dit : “Si des Mégastars comme eux sont humbles et sympathiques, personne n’a le droit de se prendre pour un autre.”

Franky TM, Chase Ironside et moi en compagnie de Anne-Marie Withenshaw et The Rock à Musique Plus.

Bon, tu as un script que tu n’aimes pas, bien tu dois te dire aussi que la seule job que tu as, c’est de divertir les fans. Un fan de lutte vient dans cet unique but, être diverti. Un fan de hockey ou baseball ou autre va au stade pour voir son équipe gagner, mais à la lutte, le fan ne veut qu’être diverti. Alors c’est ton travail de faire exactement ça. Va voir le scripteur, dis-lui ce que tu n’aimes pas, mais reste poli et conscient qu’au bout du compte, c’est lui le boss, mais que tu voudrais avoir plus de détails pour bien le faire. Quand un scripteur voit que tu es prêt à bien faire ton boulot même quand tu n’aimes pas ton scénario, il te fera de plus en plus confiance à l’avenir et comptera sur toi quand il aura de quoi de gros. Sors au ring et fait tout ce que tu peux pour rendre justice au script et divertir celui qui paye, la seule personne qui compte, celui assis dans la salle, le fan.

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