Suivez-nous sur Facebook
04/09/2015 | Chroniques

Vampiro à Montréal: là où tout a commencé

LIRE L'ARTICLE PRÉCÉDENT
ROH et New Japan: Plus fort que jamais
LIRE L'ARTICLE SUIVANT
Le PWI 500, Owens et un été fort en émotion

vampiro1920x1200

Pat Laprade

Pat Laprade


Il y a maintenant 30 ans, un jeune homme de Thunder Bay en Ontario faisait ses débuts comme lutteur professionnel ici même dans la province de Québec. Il est par la suite devenu l’un des lutteurs étrangers les plus populaires de l’histoire du Mexique. Ce samedi, à la IWS à Montréal, Vampiro revient là où tout a commencé pour lui.

Même si Vampiro est devenu une énorme vedette au Mexique et même si il s’est fait connaître du public Nord-Américain lors de ses années à la World Championship Wrestling (WCW), peu de gens savent qu’il a fait ses débuts au Québec en 1986.

« Quand j’ai décidé de devenir lutteur professionnel, Lutte Internationale était présenté à la télévision ici, de même que la AWA, et lorsque j’ai vu que Lutte Internationale venait en tournée en Ontario, j’ai décidé de prendre l’autobus et de venir leur parler pour savoir quoi faire pour devenir lutteur », a raconté Hodgkinson lors de son entretien avec Lutte.Québec.

« Je me suis alors présenté, mais personne n’a voulu m’adresser la parole. »

Personne sauf une : « Le Fermier » Louis Laurence.

Laurence, alors âgé de 31 ans, était déjà un jeune vétéran au Québec. Fort d’une dizaine d’années d’expérience, il avait débuté aux réputés Loisirs St-Jean-Baptiste en 1972 avant de faire ses débuts professionnels en 1975. En 1986, en plus de lutter, il avait la responsabilité de transporter l’arène d’une ville à l’autre et de la monter pour chacun des spectacles de Lutte Internationale. Éventuellement, il allait aussi s’occuper de vendre les articles promotionnels.

Louis Laurence est celui qui a entraîné Vampiro au Québec en 1986

Louis Laurence est celui qui a entraîné Vampiro au Québec en 1986

« La première fois que j’ai rencontré Ian, c’était un dimanche soir à Sault-Ste-Marie en Ontario, se souvient Laurence. Pierre Lefebvre, Adrien Desbois et Tarzan Tyler venaient d’avoir leur accident d’auto fatidique et Abdullah the Butcher, qui conduisait souvent avec eux, voulait absolument embarquer avec moi maintenant parce qu’il savait que j’étais prudent et responsable.

Alors on va à Sault-Ste-Marie, c’était en janvier ou en février 1986 et un jeune avec les cheveux teints comme Billy Idol et qui avait plus l’air d’un « beach bum » que d’autre chose vient nous voir. Abdullah voulait que je m’en débarrasse, mais j’ai finalement commencé à lui parler et je lui ai dit que s’il était sérieux, qu’il n’avait qu’à venir en après-midi à chaque show qu’on ferait dans la région. À l’époque, on allait à Sudbury, North Bay et ces villes-là en Ontario environ aux deux semaines. Il est effectivement revenu et a déménagé à Montréal pas longtemps après. »

Hodgkinson approchait ses 19 ans lorsqu’il est déménagé à Montréal. Il avait joué au hockey et avait même été repêché en 10e ronde du repêchage de la Ligue de Hockey de l’Ontario (OHL) par les Canadiens de Kingston. Il jouait alors à la position de gardien de but pour les Beavers de Thunder Bay dans la ligue midget de l’Ontario.

Mais le hockey n’a pas fonctionné pour lui et c’est alors qu’il s’est tourné vers la lutte professionnelle.

« Comme tous les jeunes de l’époque j’étais un gros fan de lutte. Mad Dog Vachon était un de mes préférés. C’était un vrai. Il était un vrai animal et agissait comme s’il pouvait vraiment vous donner la volée de votre vie. Ses entrevues étaient les meilleures », se souvient Hodgkinson.

Thunder Bay n’était pas tellement proche des villes où Lutte Internationale produisait des spectacles. C’est à sept heures de route de Sault-Ste-Marie, 12 heures de North Bay et un retentissant 17 heures de Montréal. Alors Laurence a eu quelque peu pitié du jeune homme et a décidé de le prendre sous son aile…et sous son toit.

« Il est demeuré dans mon sous-sol à Chateauguay pendant trois mois, affirme-t-il. J’avais demandé à ma femme et même si elle n’était pas 100% d’accord au début, on a fait quelques compromis pour que ça fonctionne. Je ne lui ai jamais demandé un sou. Je lui donnais même de l’argent parfois pour son autobus ou pour s’acheter un Coke. »

Et pendant ce temps, Laurence enseignait la lutte à Hodgkinson.

« Louis m’a montré la business. Je montais l’arène avec lui, je vendais des programmes, je nettoyais le plancher et c’est comme ça que j’ai débuté. Louis m’aidait. J’ai demeuré chez lui et j’apprenais la business. »

Puisqu’Abdullah conduisait avec Laurence et que ce dernier devait se rendre dans les différents arénas relativement tôt afin de pouvoir monter le tout, Hodgkinson a aussi été capable d’avoir quelques conseils d’Abby.

« Abdullah m’apprenait quelques trucs sur l’arrière-scène de la lutte, mais c’est vraiment Louis qui a fait la majorité de mon entrainement », raconte celui qui deviendra Vampiro, tout simplement parce qu’il aimait les vampires.

« Je lui ai montré la base, soutient Laurence. Quelques manœuvres de lutte mexicaine aussi, puisque j’avais lutté là-bas pour Salvador Lutteroth en 1977. »

Quelques mois plus tard, Hodgkinson obtenait son premier combat.

« L’office l’a fait commencer lors d’un enregistrement télé à Cowansville contre Steve Strong », se rappelle Laurence.

Hodgkinson avait pris le nom de Billy Fury, un nom que seuls les réels amateurs de musique peuvent connaître.

« Billy Fury était un chanteur de rockabilly d’Angleterre à l’époque et je trouvais juste que c’était un nom qui sonnait bien. »
Même après ses débuts, Laurence a continué à le coacher et à l’entrainer.

« Il a continué à lutter jusqu’à ce que l’office ferme en 1987. Il était plus flyé que moi. J’étais plus straight. Mais on se respectait tous les deux là-dedans et c’est pourquoi j’ai continué à l’aider. »

Après la fermeture de Lutte Internationale en juin 1987, Hodgkinson est retourné dans son Ontario natal avant de mettre la lutte de côté et de s’envoler vers Los Angeles. Là-bas, il a joué dans plusieurs groupes de musique, toujours à la recherche de son destin.

Cela marque également la dernière fois que Laurence a vu son protégé en personne.

« J’ai lu certaines personnes écrire que j’étais comme un père pour lui. J’aime mieux dire que j’étais comme un grand frère pour lui. Nous avions une bonne chimie, nous parlions beaucoup ensemble, il me respectait et j’ai une très grande admiration pour lui. »

À Los Angeles, Hodgkinson est devenu l’un des gardes du corps du duo de musique pop, Milli Vanilli, Rob et Fav. Le duo a connu plusieurs succès qu’on peut encore entendre aujourd’hui tels que « Girl you know it’s true » et « Blame it on the rain ».

« J’ai vraiment aimé faire ça, de dire Hodgkinson. J’ai pu voyager à travers le monde. J’ai appris beaucoup. J’ai vu ce que la gloire peut te faire. J’ai vu les drogues et la gloire détruire ces deux hommes. J’étais là quand ils ont remporté leur Grammy et quand ils ont dû le retourner dans ce qui est devenu peut-être le plus grand scandale de l’histoire de la musique pop. J’étais là pour pour toute l’affaire. Ce fut tout de même une expérience formidable et j’ai appris beaucoup sur le show business. »

Le scandale que parle Hodgkinson est celui arrivé en 1990, alors qu’on avait appris que le duo ne chantait pas pour vrai, qu’il faisait du lip sync et que les voix sur la musique n’étaient pas les leurs. Ils avaient dû retourner le Grammy qu’ils avaient remporté dans la catégorie du nouvel artiste de l’année.

Puisqu’il était si près d’eux, est-ce que Hodgkinson était au courant de ce qui se tramait?

« Évidemment. Peu de gens étaient au courant, mais j’étais tellement près d’eux. Nous étions ensemble 24 heures sur 24 et j’étais sur la scène lorsque je travaillais. Il y avait peut-être quatre ou cinq personnes qui étaient au courant et j’étais l’un de ceux-là. »

Mais en 1991, Hodgkinson décide de quitter Hollywood et de retourner à ses premières amours, la lutte professionnelle. Il s’est alors rappelé quelque chose que Laurence lui avait dit quelques années auparavant.

« Je me suis souvenu que Louis m’avait dit que le meilleur endroit pour lutter était au Mexique et puisque je n’arrivais pas à trouver quelque chose ici, j’ai décidé d’y aller. »

Étant lui-même un homme loyal à ceux qui lui avaient donné une chance, Laurence se souvient de ce qu’il avait dit à Hodgkinson à propos du Mexique.

« Je lui avais donné le contact pour Lutteroth en ajoutant qu’il y avait d’autres promoteurs là-bas, mais qu’il devrait les trouver lui-même. Je lui avais dit d’en trouver un et de demeurer loyal et honnête à ce gars-là et que tout irait bien. »

Avec son maquillage blanc qui fera sa renommée pendant des années

Avec son maquillage blanc qui fera sa renommée pendant des années

Et tout a effectivement bien été. Sous le nom de Vampiro Canadiense, ou comme on dirait ici le Vampire Canadien, il est immédiatement devenu une vedette. Il fut l’une des meilleures attractions pour la CMLL, travaillant régulièrement dans les finales, étant aussi impliqué dans plusieurs combats où les deux lutteurs mettent leurs crinières en jeu. En 1992, il était devenu l’une des plus importantes attractions dans le monde de la lutte professionnelle.

Après avoir travaillé sept ans au Mexique, il a signé un contrat avec la WCW en 1998, l’endroit où il se fera découvrir par les amateurs Nord-Américains. Mais comme plusieurs autres lutteurs y ayant lutté, ce ne fut pas une bonne expérience pour lui.

« Je n’ai pas aimé ça du tout. Je pense que ça a même ruiné ma carrière. J’étais rendu à un point dans ma vie où je pouvais devenir un joueur important pour une grosse compagnie. J’aurais pu faire mieux au Japon ou peut-être aussi mieux pour la WWE, mais j’ai décidé de signer avec la WCW et j’avais de très grandes attentes et j’ai été très déçu. C’était vraiment juste une mauvaise expérience en arrière-scène avec les plus grosses vedettes, la politique, l’arrogance, les mensonges, la déception, la corruption. J’ai vraiment vraiment rien de bon à dire sur la WCW. La seule bonne chose est l’interaction que j’ai eue avec les fans. Mon meilleur souvenir par contre est la naissance de ma fille qui est survenue pendant cette période. Je me souviens que j’étais excité à l’idée de finir une tournée et de retourner à la maison pour voir ma fille. Alors ce sont les souvenirs que j’ai, mais la compagnie comme telle était pourrie. »

Après avoir quitté la WCW en 2000, il est retourné travailler pour la CMLL pour quelques années avant de joindre sa rivale, AAA, en 2005. C’est là que sa rivalité avec Konnan a généré des foules records surtout à Guadalajara, attirant plus de 20 000 spectateurs à deux reprises, en 2005 et 2006, les deux fois ses combats se classant au deuxième rang des plus grandes foules de l’année à l’échelle mondiale.

Puisqu’il a lutté aussi longtemps au Mexique et peut-être parce que l’expérience WCW lui avait laissé un goût amer, il n’a eu que de courts moments aux États-Unis, travaillant entre autres pour la TNA et la défunte Wrestling Society X. Mais en 2014, Lucha Underground, une nouvelle promotion basée à Los Angeles lui demande de devenir analyste autant pour la version anglaise qu’espagnole de la diffusion. Complètement différent de tout ce qui se fait dans le monde de la lutte professionnelle, la promotion st rapidement devenue populaire auprès des amateurs.

« Premièrement, il s’agit d’un show télévisé, écrit et pensé pour être un show télévisé, explique Hodgkinson. La production est complètement différente parce que ce n’est pas fait d’un point de vue de lutte, mais d’un point de vue cinématographique. C’est produit par des gens de cinéma. Mais la grande différence est qu’ici, les lutteurs sont autorisés à donner leurs opinions sur leur personnage et sur leurs combats. Alors ce n’est pas seulement un gars qui n’a jamais lutté de sa vie qui leur dit quoi faire. Nous regardons ce qu’ils veulent faire et on s’adapte à ça. C’est la raison pourquoi c’est si agréable et le fun à regarder. »

Vamprio agit maintenant à titre d'analyste pour Lucha Underground

Vamprio agit maintenant à titre d’analyste pour Lucha Underground

Le poste d’analyste arrive à un bon moment dans sa carrière, lui qui est encore plus impliqué dans la promotion.

« Ce n’est pas la première fois que je fais les commentaires. J’avais déjà fait ça ici et là avant. Mais ça me vient naturellement. C’est selon moi la prochaine étape logique pour Vampiro. J’ai beaucoup de plaisir à faire les commentaires. Mais je suis aussi l’un des producteurs sur le show et l’un des agents. »

Ce samedi, l’International Wrestling Syndicate présente son premier spectacle depuis qu’ils ont annoncé leur entente avec Lucha Underground. Alors étant Canadien et ayant fait ses débuts au Québec, la présence de Vampiro est tout à fait adéquate. Connue pour être une promotion à l’avant-garde qui flirt encore de temps en temps avec le style hardcore qui l’avait fait connaître il y a de ça maintenant plus de 15 ans, la IWS frappe en plein dans le mille, alors que Vampiro est vraiment le choix idéal, encore plus depuis son combat hardcore contre Pentagon Jr lors du dernier épisode de la saison de Lucha Undergound.

Ce samedi, Vampiro et Jack Evans seront à la IWS

Ce samedi, Vampiro et Jack Evans seront à la IWS

« Ça va être le fun. Je vais juste faire ce que je fais d’habitude. Je fais ça surtout pour les fans maintenant. Ce n’est pas à propos de Vampiro. C’est à propos de la compagnie, à propos du show, du talent, des jeunes qui poussent. La promotion existe depuis plusieurs années et c’est juste le fun de faire partie d’une famille, tu comprends ce que je veux dire? J’aimerais que les fans comprennent que je ne vais pas là pour être la star. Il y a d’autres lutteurs sur la carte, la prochaine génération et c’est ce qui est le plus important. Je suis juste content d’en faire partie. »

Le spectacle Scarred for Life 2015 de la IWS sera présenté ce samedi, le 5 septembre, à compter de 21 heures, au Théâtre Corona Virgin Mobile à Montréal. En plus de Vampiro, les amateurs pourront voir une autre vedette de Lucha Underground et de AAA, Jack Evans. Et bien évidemment, les réguliers de la IWS tels que Mike Bailey, Thomas Dubois, Mathieu St-Jacques, The Green Phantom et Shayne Hawke y seront également.

Les billets sont disponibles au www.iwswrestling.com et sur le www.evenko.com

RÉAGISSEZ CI-DESSOUS

commentaire(s)

test
LIRE L'ARTICLE PRÉCÉDENT
ROH et New Japan: Plus fort que jamais
LIRE L'ARTICLE SUIVANT
Le PWI 500, Owens et un été fort en émotion