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09/11/2016 | Chroniques

Le Poing: Paul Leduc a lutté fort pour se rendre à 80 ans

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Pat Laprade

Pat Laprade

Que ce soit contre Mad Dog Vachon, contre les syndicats ou contre des cadres de chez Quebecor, la lutte a toujours fait partie de la vie de Paul Leduc.

Mais le combat le plus important qu’il ait eu à livrer est contre sa propre vie.

Demain, le 10 novembre, Paul fêtera ses 80 ans, un âge qu’il ne pensait jamais voir.

« Je pensais jamais me rendre à 80 ans, dit-il lorsque je l’ai rencontré à son domicile la semaine dernière. J’ai été condamné à peu près trois fois! »

En effet, Paul ne l’a pas eu facile. En 1985, il a fait une crise cardiaque lorsqu’il habitait à Québec. Puis cinq ans plus tard, il en faisait une autre, deux opérations à cœur ouvert.

« J’ai participé à sept ou huit programmes de recherche de l’Institut de Cardiologie de Montréal. J’ai donné beaucoup beaucoup, mais j’ai reçu beaucoup beaucoup d’eux autres aussi. J’ai dit à mon cardiologie que je pourrais quasiment aller chercher ma licence! »

En 2001, la maladie frappait encore, cette fois sous la forme d’un AVC. Puis en 2003, il n’en faisait pas un, pas deux, mais trois autres.

« J’ai fait mon premier AVC en 2001, à l’Institut de Cardiologie. J’y étais pour une angioplastie. Après mon premier AVC, j’ai eu besoin de neuf mois de réhabilitation. Je m’en suis sorti avec l’exercice. Si je n’avais pas eu les connaissances physiques que j’avais apprises dans le sport, je n’aurais probablement plus jamais remarché de ma vie. »

S’il a été chanceux dans sa malchance lors du premier, le deuxième aurait pu être fatal, si ça n’avait pas été de la présence d’un de ses bons amis.

« Le deuxième AVC, j’étais avec le photographe Pierre-Yvon Pelletier au St-Hubert BBQ et j’ai commencé à déparler et il s’en est rendu compte tour de suite. Il m’a pris dans ses bras, m’a mis dans son char et m’a emmené à l’Institut. Je n’ai jamais traversé la ville de Montréal aussi vite que ça! »

Il est rare que des AVC ne laissent pas de traces et cela n’a pas été différent pour Paul.

« Y en a un où j’ai perdu la parole et je suis devenu la bouche toute croche comme Jean Chrétien. Les médecins m’avaient dit que si je ne consacrais pas assez de temps à des exercices d’orthophonie, que j’aurais du trouble. Aujourd’hui, j’ai de la misère à parler parce que les heures que j’aurais dû mettre là-dessus, je les ai mis sur la physiothérapie. J’étais en chaise roulante, je voulais remarcher. « J’ai perdu 50% de ma motricité du côté droit, mais c’est la parole qui me chagrine le plus », confie-t-il.

En 2006, comme s’il n’en n’avait pas eu assez encore, il se fait diagnostiquer avec un cancer de la vessie. Après une petite rechute, il est en rémission depuis près de 10 ans maintenant.

Même s’il est surtout connu pour sa carrière de plus de 20 ans comme lutteur actif, Leduc a livré plusieurs batailles dans d’autres milieux.

En sécurité, alors qu’il travaillait pour Bill Phillips (une compagnie de sécurité qui à coup de fusions fait maintenant partie de Garda World), il a eu à interagir avec plusieurs personnalités connues du Québec, tels que l’homme d’affaires Sam Steinberg (de la défunte chaîne de marchés d’alimentation du même nom), le syndicaliste Gérald Larose et a particulièrement été un joueur important dans l’un des principaux conflits de l’histoire de la province, la grève de la Robin Hood en juillet 1977. Cette dernière avait été marquée d’une fusillade où huit personnes avaient été blessées et aura mené à la loi anti-briseurs de grève, une première en Amérique du Nord. Paul était en charge de protéger les propriétaires, qui avaient fait appel à des scabs.

Puis dans les années 80, rendu chez Québécor, il a dû prouver aux autres cadres qu’il avait les qualités requises pour le poste que Pierre Péladeau lui-même lui avait donné, soit celui de directeur-général de la distribution. Paul, qui n’avait été qu’à la petit école jusqu’à ce moment-là, a obtenu un certificat en administration à l’Université Laval.

Avec une vie aussi remplie, est-ce qu’il y a des choses qu’il n’a pas faites et qu’il aurait aimé faire?

« J’aurais aimé retourner à l’école et faire un avocat. J’ai toujours aimé la controverse et les avocats sont souvent controversés! »

Au niveau de la lutte professionnelle, ses batailles ne furent pas toutes dans le ring. Paul, qui a aussi été promoteur dans les années 2000 avec la F.L.Q., la Fédération de Lutte Québécoise, dit ne pas avoir de regrets, mais quelques déceptions.

« Ça n’a pas toujours été facile. Johnny Rougeau a déjà dit à des journalistes que j’étais un de ses cinq doigts de la main droite. Ça n’avait pas été bien pris de tout le monde dans un milieu où la jalousie est si présente. »

Avant de devenir promoteur, il voulait ouvrir une école de lutte qui permettrait aux talents locaux de lutter le plus souvent possible. À défaut d’avoir l’appui des intervenants de l’époque, il avait décidé d’ouvrir sa propre promotion de lutte.

« Bertrand Hébert avait été le seul à m’appuyer, se souvient-il. As-tu déjà vu un joueur de hockey enfiler ses patins juste une fois semaine? Une fois par mois à la lutte, ce n’était pas assez. Ça n’a jamais été compris. Ça, ça a été ma grosse déception. »

L’un de ses fils, Carl, a suivi les traces de son père et connait d’ailleurs une renaissance dans le milieu depuis un an. Dans les années 90, il avait d’ailleurs cogné à la porte de la WWE, passant un an avec eux sur la route. Mais il n’avait pas l’expérience nécessaire.

« L’autre déception, c’est Carl, avoue Paul. Il était trop jeune et il n’était pas prêt pour aller à Calgary », là où une blessure à la jambe a mis fin à un éventuel retour avec la WWE.

« À son premier combat au Centre Molson, ils le mettent over sur Bradshaw, il n’était pas prêt à ça. Il ne connaissait pas c’était quoi vraiment le milieu de la lutte. Par contre, depuis qu’il s’est ouvert sur sa maladie, la vie qu’il a en ce moment avec sa copine et tout, c’est le plus beau cadeau qu’il ne pouvait pas me faire », dit-il, en ajoutant qu’il allait justement célébrer ses 80 ans avec Carl et sa fille, Kim.

Avoir 80 ans permet aussi de regarder le produit avec une certaine distance. Pour Paul Leduc, il n’a aucun doute sur qui fut le meilleur talent de l’histoire du Québec. Et la réponse pourrait en surprendre quelques-uns.

« Kevin Steen (Owens), répond-il sans hésiter. Je le compare à Ric Flair. Flair pouvait prendre quelqu’un dans la rue et le faire bien paraître dans un ring. Kevin peut faire ça. Tu ne peux pas deviner à quel point il est bon. Il est tellement bon que le monde oublie son gabarit et qu’il lutte avec une paire de short et un t-shirt. Son talent a enlevé toutes les armes négatives que les autres pouvaient avoir contre lui. Il n’est pas Hulk Hogan, il n’est pas The Rock, il est Kevin Steen! »

Son plus beau souvenir?

Remporter les titres par équipe de Lutte Grand Prix avec Jos. « Les Vachon avaient dû travailler forts pour convaincre les autres actionnaires », se souvient-il.

D’ailleurs, Paul n’a jamais été jaloux des succès de Jos, qui était bien plus grand et gros que lui.

« Avec le gabarit que j’avais, j’étais pas cave, je voulais aller plus loin. Je n’ai jamais été jaloux des succès de Jos. Je connaissais ma place dans l’équipe. Je connaissais la business, je comprenais. Je voulais réaliser mon rêve et je voulais faire avancer l’équipe. Je travaillais plus fort dans un match que Jos, mais c’était mon rôle. »

Malgré tous les bobos, toutes les épreuves, Paul mène une vite relativement active pour son âge, mais rien à comparer à ce qu’il était habitué de faire.

« Je fais 10 minutes de vélo stationnaire par jour. J’habite le centre-ville de Montréal, je n’ai même pas besoin de sortir pour prendre le métro, alors je me promène beaucoup en métro. Je suis aussi abonné à toutes les stations de sports. C’est une vie ben plate à comparer à ce que je faisais. Je restais pas en place avant! Je regrette d’ailleurs d’avoir vendu ma voiture et de ne pas avoir conservé mon permis de conduire. »

De nos jours, il ne faut pas penser que la vie se termine à 80 ans. Au contraire. Et même s’il n’est pas encore prêt à partir pour le grand voyage, il prend le tout avec philosophie…et un brin d’humour.

« Un jour mon ticket va sortir, mais laisse-moi te dire, j’ai eu une câlisse de belle vie! »

En rafale…
-C’est avec regret que j’ai appris le décès de l’ancien annonceur de Lutte Grand-Prix, Fernand Ste-Marie, la semaine dernière. En plus de nous permettre de l’interviewer pour notre livre, il a été de nos deux premiers lancements et je n’oublierai jamais sa présence surprise à l’hommage aux Vachon que j’avais organisé en collaboration avec la NCW. Merci pour tout Fernand et repose en paix mon ami.

-Patrick Lono, qui est impliqué dans le monde de la lutte professionnelle depuis 20 ans et qui était tout récemment le scripteur en chef de la NSPW à Québec, est en train de devenir un incontournable comme annonceur au Québec. En plus d’annoncer de la lutte, de la boxe, des arts martiaux, des arts martiaux mixtes amateurs, il est l’annonceur officiel de la promotion locale de MMA, TKO. La promotion où a débuté les Georges St-Pierre et Patrick Côté faisait un retour vendredi dernier et a maintenant une entente avec le UFC afin d’être diffusée sur le réseau de UFC, Fight Pass. Lono a été complimenté autant par les combattants, la promotion et les journalistes pour sa performance. Le spectacle était aussi diffusé sur Fight Network. UFC Fight Pass est disponible dans plus de 100 pays. Un autre talent québécois qui commence à se faire connaître à l’étranger.

-Ce soir à 21h, Kevin Owens sera en entrevue avec Benoit Dutrizac à l’émission les Francs-Tireurs. J’ai assisté au tournage il y a quelques semaines et je vous conseille de ne pas la manquer.

-En terminant, un petit mot sur le nouveau président des États-Unis, Donald Trump. Il sera intéressant de voir si la WWE fera appel à nouveau à Trump, car ce dernier a toujours été profitable pour Vince. Le plus gros PPV de l’histoire de la WWE est celui où Trump et McMahon s’était chacun choisi un lutteur et que les cheveux des deux milliardaires étaient en jeu. De plus, l’histoire où Trump avait acheté la WWE et avait pris le contrôle de Raw avait attiré de très fortes cotes d’écoute à l’époque.

Resto-Bar
Cette chronique est une presentation du Resto-Bar Coin du Métro. Le Resto-Bar Coin du Métro, 10 719 Lajeunesse, l’endroit par excellence pour tous les événements sportifs tels que le hockey, le soccer, la boxe, la lutte et le football à Montréal! Vous pouvez aussi consulter leur page Facebook.

Bonne lutte à tous et à toutes!

Si vous avez des questions, des suggestions ou des commentaires, n’hésitez pas à communiquer avec moi au patric_laprade@lutte.quebec, sur ma page Facebook ou sur mon compte Twitter.

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