Déjà l’heure de Filmomania 20! Mis à part l’avantage de réviser vos chiffres romains, j’espère que vous y prenez autant plaisir que moi. D’ailleurs, avez-vous regardé, puis, aimé quelques-uns de ces films? Si oui, jasez-moi de ça dans les commentaires sur le Facebook de Lutte Québec. Cette semaine, comme pour la 10e chronique, il est temps de prouver que je ne suis pas un misogyne en y allant d’un film mettant en vedette une grande dame de la lutte! C’est donc le 2e spécial Madame . Pour l’occasion, on voit un film mettant en vedette l’une de mes favorites, Gail Kim!
J’adore Gail Kim depuis le premier jour où je l’ai vue à la télévision de la WWE. Malheureusement, je pense qu’elle n’a as eu le succès qu’elle aurait dû avoir. Timing? Jalousie? Laisser-aller des scripteurs? Pas assez de compétition? Je ne sais pas vraiment ce qui fait qu’aujourd’hui, Gail n’est pas vu comme une des meilleures lutteuses féminines de l’histoire de la compagnie. Elle sait se battre, est charismatique, en forme, flexible, belle à mort et solide dans un ring! J’ai eu un mince espoir qu’elle obtienne cette chance lors de son retour en 2009, mais malheureusement elle jouait les seconds couteaux tout au long de cette run devant la compétition beaucoup moins talentueuse.
Son temps à la WWE coïncide avec sa première apparition au cinéma, avec un film sorti en 2009 appelé Ninja’s Creed, de son vrai titre Royal Kill. J’imagine que le titre a changé au moment de sa distribution DVD, comme pour le film de Trish, malgré que Ninja’s Creed ne contienne AUCUN ninja. Ça semble prometteur quand on lit le résumé derrière la pochette ou que l’on voit comment Gail semble en être la vedette incontestée… mais qu’en est-il réellement?
Essayez de me suivre ici, parce que si au début ça semble incroyablement simple à comprendre, comme si le scénario était une pile d’ingrédients de base sur un comptoir, dites-vous qu’au deuxième tiers du film, c’est l’équivalent de mettre tout ça dans un blender, pas de couvert, appuyer sur « purée » et essayer d’attraper ce qui va sortir avec une paille… Gail interprète une assassin royale chargée d’éliminer la dernière héritière au trône d’un royaume de l’Himalaya au nom fictif. Jusque là, rien de plus simple. Cedit royaume envoie à son tour un protecteur de la garde royale pour protéger la demoiselle, qui vit maintenant au États-Unis avec un gardien, père adoptif qui connaît très bien son statut réel. Lui, il est joué par Éric Roberts. J’en salivais déjà à l’idée de voir Gail Kim vs Éric Roberts! Si vous ne le connaissez pas, vous l’avez quand même vu dans des dizaines et des dizaines de films, jouant tantôt le héros ou le méchant dans nombre de séries B. Un dur à cuire en plus! En revanche, son protecteur envoyé a le charisme d’une gaufre encore congelée. À sa défense, c’est un vrai artiste martial, mais pas nécessairement un bon acteur. Devinez donc ma déception quand après 10 minutes, suivant la scène où l’on apprend que Roberts est un ninja prêt à défendre sa fille adoptive… qu’il crève hors champ d’un coup de tisonnier qu’il n’a jamais vu venir assis sur le divan. J’ai alors compris immédiatement quelque chose sur le film. J’ai affaire à du série Z, sans aucune trace de budget, avec un producteur qui a réussi à obtenir du simili-vedettes pour pas cher, qui donneraient au plus une journée de tournage à rabais, sans costume, gros dialogue ou effort à livrer.
Une fois papa adoptif Roberts éliminé du chemin alors qu’il n’était même pas en position de protéger sa fille de la mort anyways (Gail était dans la maison cachée tout ce temps avec la fille qui dort dans sa chambre….), notre héros la gaufre va sortir la demoiselle de sa piaule et se sauve avec dans une école. Encore là, secret de série Z, on tourne de soir dans un lieu fermé les soirs et les fins de semaine. Puis, il y aura affrontement, le premier, entre la gaufre et la superbe Gail Kim, qui siphonne carrément 100% de notre attention de spectateur lorsqu’elle est à l’écran. On profite de chaque seconde. Elle lui pète la gueule, bien entendu, mais la gaufre pourra s’en sortir quand la police rapplique sur les lieux. Après avoir démembré les 4 policiers, l’un d’eux étant joué par Jimmy Wang Yang (YES!!!), Gail est prise au piège alors que la gaufre fait sauter l’école. Par « sauter l’école », j’entends montrer des images d’archives d’un édifice qui est démoli par des professionnels dans un autre contexte.
Retour à la casa, on découvre que papa est mort (on ne nous le montre pas, Éric ayant probablement déjà fini sa journée de tournage). On repart et cette fois, on se sauve dans ce qui semble être une genre de semi-chappelle-dojo-entrepot-piste-de-danse locale ou un campus de théâtre universitaire. Je ne le sais pas. Gail se pointe et les deux se battront à nouveau. En passant, les combats sont POURRIS. Le réalisateur a décidé de tout mettre en accéléré pour faire croire que Gail et Gaufre sont des surhumains. Mais à la place, on dirait juste une Déesse et un idiot en accéléré. Elle le bat (YES! YES! YES!) et là… après ce 55 minutes potables, sans plus, le film se met en full mode what the fuck?!?
Même pas sûr que les acteurs savaient ce qu’ils jouaient dès maintenant alors que le plot twist semble nous annoncer que notre gaufre incompétente des Himalaya, serait en fait Gail Kim. Ça serait lui l’assassin, il serait la même personne que Gail Kim. Et pas comme Ray Finkel est Louise Einhorn dans Ace Ventura, mais plutôt que tout ce qu’on a vu, comme spectateur, depuis le début, c’est en fait que Gail Kim n’existe pas (caliss!), et que tout se passe dans sa tête à lui. Est-ce le cas? Est-ce pas le cas? J’en ai aucune idée. On passe 30 minutes à nous montrer des pseudos-flashbacks et la face de poisson mort du héros qui ne comprend pas plus et même Pat fuckin’ Morita (M. Miyagi de Karate Kid!) qui parle en paraboles dans des flashbacks qui semblent venir d’un autre film. Encore un acteur qui a tourné le temps d’une journée plein de prises inutiles avec un seul morceau de vêtement, qu’il a fallu rattacher dans un scénario qui devait se modifier au jour le jour. Au final, le réalisateur est sûrement le seul à savoir ce qui se passe, comme un bon film d’étudiant universitaire qui a lu trop de textes nihilistes, qui sait manœuvrer une épée dans la vraie vie et qui décide de faire un film.
Là on se dit « Heille attends minute le gros, Pat Morita est décédé en 2005. Ton film est sorti en 2009. De kossé? » Effectivement, encore une fois, comme un bon film série Z avec néant de budget tourné la fin de semaine, il aura fallu prêt de 5 ans entre les premières prises tournées et le deal de distribution. Son réalisateur, Babar Ahmed, a dû y mettre une quantité phénoménale de temps, des milliers d’heures, avant de voir son bébé (plus une excroissance) prendre forme. Pas de honte, quand on sait que Peter Jackson (oui, LE) a mis 4 ans à tourner et monter son premier film, Bad Taste. C’est là que la comparaison entre les deux arrête, malheureusement, pour Babar Ahmed. Aussi, le nombre de Ahmed dans le générique me laisse croire qu’il a laissé beaucoup de ses amis et membres de la famille prendre part au projet. Encore symptomatique du série Z.
Il existe un univers quasi-infranchissable entre le monde scellé du cinéma professionnel et le cinéma amateur. Peu se rendent au niveau supérieur. Beaucoup essayent. Ahmed a réussi à faire un film en investissant des années de sa vie et probablement tout ce qu’il avait. C’est louable, il mérite l’admiration. Son film, malheureusement pour lui, ne passe pas bien. Une seule raison de s’y intéresser au départ : Gail Kim. Une seule raison de le regarder jusqu’à la fin : Gail Kim. C’est 100% du film qui repose sur ses épaules. Elle s’en sort admirablement bien et j’espère la voir dans d’autres films, parce que la caméra l’adore! Imaginez un film qui sera tourné de jour…
Si ça vous tente quand même de le voir malgré tout, parce que comme moi, Gail Kim est une assez bonne excuse de 90 minutes (elle l’est), je vous suggère de fouiller votre Vidéotron local, j’ai vu une copie usagée en vente pour 3$ cette semaine. Sinon, Amazon, comme toujours, pour 12$ cette fois, neuf. Je vous avertis cependant, les mots “catastrophe”, “misérable”, “horrible” et “irregardable” se trouve dans beaucoup de critiques du film, mais certainement pas à cause de notre lutteuse favorite.
La semaine prochaine, parlant de catastrophe, un film… ouff… catastrophique, avec un nouveau lutteur pas encore vu en 20 chroniques.