Bon jeudi, nouveaux amis, vieux amis, fans et néophytes de films de lutteurs, c’est la première chronique officielle, commençons donc avec un film facile, passe-partout et qui se digère comme une bonne pizza congelée, mettant en vedette peut-être le seul lutteur pré-Rock réussissant à devenir un icône culturel reconnaissable, même par les gens qui n’y connaissent absolument rien à la lutte (pauvres eux!) : Le Hulkster, la légende, l’Immortel, Hulk Hogan, brothers!
Nous sommes en 1988. La Hulkamania bat son plein à la WWF. Hulk Hogan est omniprésent, il apparait à la télévision, dans Rock’ N’ Wrestling, The A-Team, est Thunderlips dans Rocky III, est l’invité dans les talk-shows les plus regardés comme celui de Johnny Carson. Bref, il est partout. Vince McMahon, quant à lui, a toujours rêvé d’élever le monde de la lutte à un niveau d’envergure pair avec le reste du show-business et de faire de ses lutteurs des rock stars trônant au sommet de la culture de masse. Dans cette logique survient No Holds Barred, écrit (suivant un scénario rejeté de Dennis Hackin) par Hogan et McMahon… en 72 heures dans une chambre d’hôtel… la recette même du succès envisagé!
Étonnamment, on nous raconte une histoire gravitant autour de la lutte, avec en avant-plan Rip Thomas, « joué » par le Hulk, champion mondial de la WWF, pur, courageux et empli de belles valeurs américaines. Il est la vedette la plus populaire aux États-Unis, car dans ce monde-là de No Holds Barred, la lutte est le divertissement le plus regardé aux États-Unis… parce que c’est de même! Puis, dans ce qui ne sera JAMAIS un aperçu des choses à venir dans la vie réelle, Rip refuse de s’allier au diabolique Brell, du World Television Network, qui veut dominer l’antenne avec Rip en vedette, programmant aussi de la lutte. Rip refuse une somme d’argent fantastique pour rester fidèle à la WWF (on est dans la puissante fiction ici). Brell décide ainsi de se venger et tente de le faire regretter avec des manœuvres d’intimidation, comme l’enfermer dans une limousine blindée pour qu’il se fasse ensuite bastonner par des sbires incapables. Après un échec cuisant, Brell entame son propre concept, qui sera essentiellement Brawl for All, mais dans un bar crado, filmé et présenté par sa station télé pour un prix net de 100 000$ au vainqueur. Il collectionnera les cotes d’écoute à l’aide de son mammouth bigleux de service, joué par la montagne « Tiny » Tommy Lister. Ce monstre, Zeus (Lister), va décimer des saoulons et des Bart Gunn de 400 livres à la pelletée, jusqu’à ce que la confrontation avec le Ripster ne devienne qu’inévitable; Zeus ayant capturé, torturé et envoyé le petit frère de Rip, duquel il est très proche depuis la mort de leurs parents, à l’hôpital (on se croirait à RAW). Rip knows best ira donc affronter Zeus dans un No Holds Barred sur le WTN, match, vous vous en doutez, qui respectera toutes les règles de chevalerie et d’élégance possibles. Après une finale non PG, il en profitera pour corriger aussi le méchant Turner Brell.
C’est à peu près fromagé comme une mauvaise storyline de lutte, mais ça dure 1h35. Le film n’a pas eu le succès espéré, heureusement, mais n’a fait perdre d’argent à personne, heureusement. Pire en revanche, il a imposé aux fans de lutte une rivalité entre Hogan et l’acteur qui jouait Zeus qui s’est « culminée » à SummerSlam 1989, alors que « Zeus » prétendait pouvoir battre Hogan dans la « réalité » de la lutte. Vrai ou non, j’ai lu quelque part que si le film avait été l’Avatar de son époque, il y aurait eu un combat Hogan vs Zeus à Wrestlemania 6 (oui…à la place du combat contre l’Ultimate Warrior). Je félicite donc personnellement les gens qui n’ont pas été le voir au grand écran à l’époque. Considérez-vous salués, et remerciés!
Suivant sa sortie, le film distribué par New Line Cinema (qui n’avait pas encore appris sa leçon) a fait son apparition sur VHS et LaserDisc. Il aura fallu plus de 20 ans (!) et des pétitions internet, mais le WWE Studio a FINALEMENT signé une galette digitale de la chose, en 2012 après avoir racheté ses droits à New Line. Le Blu-ray est sorti en 2014. Il était temps puisque la dernière fois que j’avais regardé, la cassette était listée à plus de 120$ pour une copie de plus ou moins bonne qualité sur Amazon. Malheureusement pour nous, la version française ne figure sur aucune des versions de ces nouvelles éditions. C’est dommage, puisque c’est Yves Corbeil qui doublait Hulk Hogan de notre côté de l’océan. Je vous invite à regarder l’extrait qui suit, véritable perle de dialogue qui représente bien les talents d’acteur du protagoniste, qui vient ici de réduire en miettes les hommes de Brell qui tentaient de l’intimider.
Les Québécois, nous ne sommes pas prêts à entendre parler de caca visiblement, puisque dans la version originale et la version de France, le pauvre chauffeur de limousine ne dégage pas une simple odeur d’urine, mais bien de… bah re-regardez l’extrait, de France cette fois. Personne n’urine « là » et pas avec une telle consistance : https://www.youtube.com/watch?v=Xq4m3hoxikk
Il sera extrêmement difficile de mettre la main sur une version française en 2015, je vous ai donc mis des extraits exclusifs de la doublure québécoise sur la version anglaise du DVD de la WWE sur la chaîne Vimeo officielle de Lutte.Quebec :
La semaine prochaine, sortez vos kilts puisque l’on va étudier une (des très nombreuses!) bobine du Hot Rod, Roddy Piper!