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04/05/2019 | Manchettes

Entrevue avec ”The Wounded Owl” LuFisto : abattre les barrières

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Le samedi 9 mars dernier avait lieu le gala XZW 20. Lors de cet événement, l’équipe de Lutte.Québec a eu la chance de s’entretenir avec la lutteuse de renommée internationale ” The Wounded Owl” LuFisto. Vétéran de la lutte québécoise et internationale, sa carrière s’échelonne sur plus de deux décennies. Elle a affronté de grands noms tels The Dudley Boyz, Asuka, Natalya, Sarah Logan, Adam Cole, Candice LeRae, Ivelisse Velez, Saraya Knight, Taya Valkyrie, Joey Ryan et bien d’autres.

Elle a foulé de nombreuses arènes et plusieurs ceintures ont ceint sa taille. ” The Wounded Owl ” a commencé à lutter bien avant la « Women’s Revolution » de 2015; faisant d’elle est une véritable pionnière de cette discipline.

LuFistoo

Après le gala, on s’assied près de l’arène, qui est alors en processus de démontage. Après les salutations d’usage, l’entrevue débute :

Mélanie Noël : Premièrement, on aimerait vous parlez de l’annonce que vous avez faite à l’effet que 2019 sera votre dernière année en tant que lutteuse. Vous avez également annoncé que vous partageriez beaucoup de choses sur un blogue. Pourquoi cette envie de partager ainsi, d’une plus grande proximité ou intimité avec les fans?

LuFisto : J’ai toujours été un livre ouvert avec mes fans. J’ai toujours répondu à tous les courriels, même s’il n’y avait pas de blogue. J’ai toujours eu une relation très proche avec eux. Puisque c’est ma dernière année et que d’autres lutteurs ou athlètes ont le même cheminement difficile lorsque vient le temps d’accrocher ses bottes ou ses patins, surtout lorsque ça fait si longtemps, j’ai donc fait ce blogue. Honnêtement, pour moi c’est comme une thérapie. Cela me fait du bien d’écrire, car souvent lorsqu’on lutte, on ne veut pas trop partager les difficultés. On veut avoir l’air fort. On vit tellement de conflits internes, comme les blessures, et l’éloignement et la perte de ceux que l’on aime dus aux voyages. Plusieurs proches sont incapables de vivre avec le rythme de vie d’une lutteuse professionnelle. Lorsqu’on lutte à temps plein, on n’est pas souvent chez nous. On est toujours sur la route et on travaille blessé. Ne pas atteindre ses effectifs devient déprimant, car être un athlète revient à toujours se surpasser. On dirait que c’est comme une drogue. J’ai l’impression qu’en le partageant, je reçois des commentaires positifs de gens qui étaient incapables de mettre en mots ce qu’elles ou ils ressentaient. Lorsque je lis les batailles internes de quelqu’un d’autre, leurs expériences, cela m’aide. J’espère que par ce blogue, je pourrai offrir ce même soutien et être une source d’inspiration. Je tiens à ce que les gens, surtout les lutteuses, apprécient à quel point le milieu de la lutte a changé. C’est tellement plus facile, c’est plus ouvert pour les femmes. Les combats mixtes ne sont plus quelque chose de tabou. Autrefois, c’était mal vu et je faisais rire de moi. On m’a malmenée dans l’arène; une femme, ça n’avait pas d’affaire là. Je veux simplement qu’elles apprécient tout le travail qui a été fait avant elles, car aujourd’hui, la lutte féminine est quelque chose de spécial. Elles [les lutteuses] ont leur place dans de gros galas, leurs propres promotions. En racontant mon histoire, je raconte aussi celle de la lutte féminine des vingt-deux dernières années. Ce sont toutes ces raisons qui m’ont poussée à être un livre ouvert pour les derniers mois de ma carrière.

MN : Vous avez été une grande pionnière pour la lutte féminine. Vous avez connu les premiers balbutiements, les premiers pas, de la lutte féminine et mixte. Est-ce que cela a demandé une grosse adaptation, que ce soit au Québec ou ailleurs, en considérant que c’était pratiquement tabou?

LuFisto : Aujourd’hui, c’est tellement plus ouvert. À l’époque, il n’y avait qu’une seule autre lutteuse et lorsque cette dernière arrêtait, les promoteurs souhaitaient faire de moi une « gérante ». Cela ne m’intéressait pas; je suis une lutteuse, je me suis entraînée à lutter. C’est pour cette raison que je voulais lutter contre les hommes, mais je me suis fait traiter de tête enflée. On m’a dit que je me pensais meilleure que les autres. Certains lutteurs n’étaient pas du tout intéressés à lutter contre moi, mais lorsque tel était le combat prévu, on me brutalisait. Je me suis même fait casser le nez uniquement pour tester si j’étais assez « dure » pour le rôle : « Hé, la petite, tu n’as pas d’affaire là! » Malgré cela, je me suis toujours relevée, car il était trop important à mes yeux de prouver que ce n’est pas parce que je suis une femme que je ne pouvais être leur égale. Je m’entraînais avec eux et j’exécutais les mêmes prises. Ça a été une grosse bataille d’être acceptée tant aux vestiaires qu’aux yeux du public. Il y avait cette perception qu’un combat entre homme et femme équivalait à de la violence domestique, mais ce n’est tellement pas cela! Une femme qui se lève et qui veut se battre contre un homme, c’est son choix. Selon moi, les lutteuses sont comme des super-héroïnes. Si la Femme-chat peut confronter Batman et que Wonder Woman peut « botter des culs », les lutteuses le peuvent aussi. La différence avec ces personnages, c’est que nous [les lutteur(se)s] n’avons pas de deuxième chance. Nous sommes des cascadeur(se)s devant public. Tout doit être parfait dès le premier coup. On doit faire vivre des émotions aux gens. J’ai toujours aimé l’adrénaline, amener le public sur des montagnes russes émotionnelles : se fâcher, rire, pleurer, etc. Dans mes débuts, parce que j’ai voulu être une lutteuse, tout ce cheminement a été difficile. Heureusement, avec les années, j’ai foncé et des gens m’ont donné ma chance tel John Zandig à la Combat Zone Wrestling (CZW). Il m’a dit : « Hey kid, you can do it! » Il m’a mis dans l’arène contre des gars et j’y ai battu Kevin Steen (Kevin Owens) pour le championnat CZW New Horror en 2006. J’ai eu la chance d’affronter ses meilleurs lutteurs; il m’a vraiment fait confiance. Comme il [Zandig] croyait en moi, je croyais en moi. Qu’une promotion aussi importante fasse de moi une championne, mette une femme à l’avant-scène, m’a aidé ainsi que toutes les femmes à se voir ouvrir des portes aux combats mixtes. Ce ne sont pas toutes les femmes qui souhaitent participer à ce type de combat, mais celles qui le veulent peuvent le faire, et très bien. Il y a un public pour elles.

MN : Comme vous le disiez, beaucoup de portes ont été défoncées ces dernières années. Trouvez-vous qu’il reste encore du chemin à faire malgré cela?

LuFisto : C’est sûr qu’il y a encore du chemin à faire. Trop souvent encore, les filles sont engagées pour leur beauté plutôt que leur talent; si elles sont bonnes dans l’arène, c’est encore mieux. On choisira d’engager le « total package ». Cependant, certaines filles n’ont pas une grosseur ou un âge standards, mais qui ont tellement d’expérience et qui ont tant à apporter à une promotion, que ce soit au niveau des personnages ou de la lutte elle-même. Elles peuvent guider la nouvelle génération de lutteuses. On doit cesser de regarder une lutteuse et se dire : « Elle est belle, je vais la mettre sur mon affiche », mais plutôt « Elle est tellement bonne, ça me la prend sur mon gala! » Il faut penser également qu’un look et des costumes, ça se modifie, se change. C’est ce qui me fatigue un peu, sans compter que, passé un certain âge, on les considère trop vieilles. Pas du tout! Par exemple, Ric Flair, The Undertaker et Hulk Hogan ont lutté jusque dans la cinquantaine avancée et les foules se déplacent encore pour les voir. Ça devrait être la même chose pour les femmes. Le double standard est toujours là et il est temps que ça change.

MN : Vous avez lutté dans énormément de pays et affronté quantité de femmes et d’hommes. Pouvez-vous nous faire bref palmarès des combats qui vous ont le plus marquée?

LuFisto : Ce matin, j’ai fait le total des combats que j’ai livrés en carrière et j’ai atteint le marque de 830 combats. Si l’on parle du passé, mon combat contre Necro Butcher a vraiment marqué les esprits : « Ho, une femme peut se battre contre un homme d’égal à égal », car les coups durant cet affrontement étaient réels, c’était un combat Hardcore. Ça a ouvert les yeux des gens à l’effet qu’une femme est capable de le faire. J’ai d’ailleurs été la seule femme à entrer dans la Cage of Death à la CZW, je suis le King/Queen of the Deathmatch. Ce sont tous des accomplissements importants; au Québec, je suis la seule femme ayant obtenu une ceinture « masculine » d’importance, celle de championne NSPW. J’ai été plusieurs fois championne à la ICW, que soit provincial, par équipes ou olympique. Chaque titre, pour moi, a une signification particulière. Durant les dernières années, lorsque j’étais championne de Shine, on m’a dit : « Je te fais confiance avec ma compagnie » et j’ai porté le titre longtemps, jusqu’à ce que je doive malheureusement la laisser vacante à cause d’une opération. Finalement, je vous dirais que mon top 5 des dernières années, mes combats préférés qui m’ont donné un sentiment d’accomplissement : AR Fox, Kimber Lee, Meiko Satomura, Viper et Su Yung (mentions honorables à Toni Storm et Mercedes Martinez).

MN : Pour conclure, un mot pour décrire l’année 2019 de LuFisto?

LuFisto : Je vais me faire plaisir. J’ai toujours fait ce qu’on me disait et je n’ai jamais rouspété, mais cette année, je veux lutter contre des gens que j’aiment pour différentes raisons : des amis, des adversaires que je préfère; il me reste peu de temps alors je veux profiter de chaque combat qu’il me reste.

**

LuFisto sera en action ce soir à Québec pour le gala Femmes Fatales 22, ainsi qu’à Sorel-Tracy lors du gala XZW 23 le 11 mai prochain. Pour connaître les dates de ses prochaines apparitions et suivre son blogue, abonnez-vous à sa page Facebook. Pour se procurer la marchandise exclusive et des items de collection de sa carrière, visitez le : www.LuFisto.com .

***Photos tirées du compte Facebook et Instagram de LuFisto.***

Entrevue réalisée en collaboration avec Pierre-Luc Benoit

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