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05/07/2015 | Chroniques

Le Staff, aussi important que les lutteurs

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Éthique et classe lors des galas.

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Salut, cette semaine j’ai eu une bonne suggestion, on m’a demandé quelle était l’importance des gens travaillant sur le spectacle autres que les lutteurs. Qui sont ces gens qui alimentent la qualité du spectacle tout autant que les lutteurs eux-mêmes, mais à qui on ne fait pas toujours attention?

Bon, ma chronique va certainement passer pour un cours pour promoteurs en herbe, mais mon but est d’informer le spectateur pour qu’il sache comment mieux apprécier un gala. Comme lorsqu’on devient connaisseur en vin (j’aime cette analogie). Plus on en connait sur le procédé de chacun des vignobles, plus on peut déceler les arômes, plus on apprécie et plus on peut décortiquer le produit et trouver ce qui nous accroche ou non. Aussi, on peut mieux analyser le produit en sortant des points positifs d’un produit qu’on n’a pas aimé dans son ensemble et aussi l’inverse, trouver des points moins forts d’un produit qu’on aime. Ainsi, un spectateur peut quitter un gala qu’il n’a pas aimé en son ensemble, mais ne pas en rester là et mûrir son appréciation du gala et y trouver des points positifs et peut-être, finir par trouver qu’il y a trouvé son compte tout de même.

Premièrement il faut savoir que lorsqu’on organise un gala, TOUT ce que l’on voit depuis la foule, fait partie de l’expérience du spectacle. De la qualité de la toile du ring aux vêtements du staff de sécurité en passant par la prestation des lutteurs et de tout ce qui les entoure. La lutte est un spectacle de “look”, on n’y échappe pas.

ANNONCEUR

Le premier facteur souvent oublié est celui de l’annonceur maison. Quand tu montes un spectacle de lutte, tu dois y penser autant qu’aux lutteurs. Surtout lors de galas “Live” car à la télévision, on peut camoufler mais si tu en as un bon, montre-le. N’oublie pas, avant même de voir un combat, c’est l’annonceur maison que tu verras en premier dans la soirée. C’est lui qui met la table. C’est lui qui allume les spectateurs, qui met l’ambiance avant même qu’une clef de bras n’ait été appliquée. Comme on est tous sujet à notre première impression, faut s’assurer qu’on en donne une bonne. C’est le rôle de l’annonceur maison.

Jean-François Kelly

C’est lui qui donne le ton à la réaction de la foule lorsqu’il annonce un lutteur avant que celui-ci ne passe le rideau. Un bon annonceur maison saura comment changer le ton de sa voix, subtilement, pour faire comprendre à la foule le personnage du lutteur qui se prépare à sortir. Un ton légèrement méprisant quand c’est un méchant, plus énergique quand c’est un héros. On n’annonce pas Undertaker comme on annonce Hulk Hogan. On introduit les lutteurs de façon personnalisée au possible, si un lutteur pèse un non-imposant 170 livres, le bon annonceur le dira très vite un peu du bout des lèvres avant d’enchaîner rapidement et énergiquement à son nom. L’inverse est aussi vrai, par exemple: “Son adversaire, provenant de LLLL’EN-FERRRRR. Pesant TRRRRRROIS CENT SSSSSSOIXAAANTE livres…”.

L’annonceur fait beaucoup pour aider un lutteur à vendre son rôle. Même chose quand il annonce un vainqueur. Imagine si un héros de la foule finit par renverser le méchant Champion dans un combat épique et que l’annonceur arrive sur un ton monotone. Rien pour ajouter aux cris des fans. Mais s’il le fait bien, ça aura comme effet d’augmenter les cris d’enthousiasme des spectateurs. Ensuite, si un méchant gagne avec une tricherie monumentale et que l’annonceur annonce la victoire avec une pointe de dégoût dans la voix, les fans en seront encore plus choqués. Tout ça fait partie de l’enveloppe du gala, à la lutte, l’enveloppe est souvent plus importante que le contenu. Faut y penser.

Point non-négligeable, l’annonceur maison est celui qui divertira la foule entre les combats, comblera les temps morts (sortie des lutteurs après les combats, retour de la pause, etc.).Ne jamais oublier que l’annonceur maison sera toujours celui que les spectateurs verront le plus souvent sur le gala. Alors tu vois pourquoi c’est si important? Ce n’est pas lui qui attirera les foules, mais c’est lui qui va aider à maximiser leur expérience lors du spectacle. Assure-toi d’en avoir un bon si tu organises un gala de lutte, tu ne seras pas déçu du résultat.

ARBITRE

Ensuite, un autre point très important, les arbitres. Contrairement à ce que pensent les gens, les arbitres ne sont pas là que pour se fermer les yeux sur les tricheries des méchants, ni même juste pour compter jusqu’à 3. L’arbitre fait autant partie du combat que les lutteurs. Il a un rôle effacé et discret, mais combien important. Imagine un combat enlevant où les 2 lutteurs ont prévu faire croire à une victoire du méchant tout juste avant que le héros réussisse à revenir décrocher une grande victoire. On est vers la fin du combat, le gérant dérange l’arbitre mais l’arbitre se retourne à peine, n’engueule pas le gérant avec conviction pour qu’il descende du ring. Ce qui fait que la foule voit que l’arbitre avait un bon angle pour voir le vilain frapper le favori avec un objet. Déjà, ça part mal. Ensuite l’arbitre est lent à aller au sol et compte en frappant le sol sans conviction: 1… 2… (c’est monotone) et ouf! Le bon lève son épaule juste avant le 3 qui ne venait pas trop. Ensuite le héros de la foule finit par surprendre son adversaire avec une prise spectaculaire pour un ennuyant 1, 2 et 3. Réaction de foule au minimum garantie et le dur travail des 2 lutteurs presque ruiné et une soirée ordinaire pour les fans.

Imagine ensuite l’inverse, l’arbitre est distrait par le gérant, l’engueule lui ordonnant de descendre avec autorité, essaie même physiquement de le sortir du ring alors que le bon reçoit un coup avec un poing américain. Quand il entend “boom” (le bon qui tombe), l’arbitre se retourne à toute vitesse voulant faire son travail, se jette au sol et compte en frappant le ring de toutes ses forces sachant que c’est un moment fort, UN! DEUX! TRRRR… non!!! Contre toute attente le héros lève le bras et l’arbitre sursaute en faisant des gros signes à la foule et au sonneur de cloche que ce n’est qu’un compte de 2. Ce qui fait que le méchant peut jouer gros et en mettre en montrant son découragement et même exploser de colère après l’arbitre. Le bon se relève et surprend le méchant avec une prise spectaculaire que l’arbitre joue en ayant l’air impressionné. Il se jette au sol encore plus vite et avec l’enthousiasme d’un fan, il compte en frappant le ring à s’en briser les doigts, UN-DEUX-TRRRRROIS!!!!! L’arbitre se relève d’un bon, fait sonner la cloche dans la fraction de seconde suivante et lève le bras du gagnant avec fougue! La foule est en délire. Même combat, mêmes prises, même scénario mais 2 réactions opposées de la foule. À cause de qui? L’arbitre, l’as caché du match. Personne ne s’en rend compte vraiment, mais tout est différent à cause de lui.

L’arbitre connaît autant le match que les lutteurs, alors à lui d’y jouer un rôle à la hauteur. Les bons lutteurs vont “coacher” leur arbitre lors de la préparation du match en coulisses. Alors à lui de doser ses comptes selon la situation ainsi que ses réactions. Pour ça, regarde le travail des anciens arbitre de la ECW (La vraie, celle de Paul Heyman de 1996 à 2000) et tu auras une excellente formation pour tes arbitres. L’arbitre doit aussi jouer un rôle durant le combat, savoir montrer son autorité envers les récalcitrants quand c’est le temps ou avoir l’air intimidé par un méchant quand ça adonne. Un bon arbitre doit se tenir informé du déroulement du match et même, si possible, participer activement aux répétitions. Si tu organises un gala, essaie d’avoir le plus d’arbitres possible, mais des bons, pour justement les aider à maximiser leur temps de préparation pour un combat. Surtout que tu sais maintenant que c’est vraiment important.

Regarde ce combat, Tommy Dreamer contre Raven. ECW Wrestlepalooza 97. Dernier combat entre les deux icônes de la VRAIE ECW. Raven a toujours battu, humilié et détruit Dreamer à chacun de leurs combats précédents. Une des meilleures séquences de fin de match que j’ai vue de ma vie, la plus émotive et la plus surprenante. Observe la qualité de l’arbitre dans la fin de match et comment il ajoute pour convraincre la foule. Faut savoir qu’à la ECW dans le temps, tous les matchs ou presque, étaient sans disqualification. Mais l’arbitre met tout à fait en valeur les 2 lutteurs et leur scénario proposé.

DJ

Je finirai cette chronique qui risque fortement d’avoir une suite, avec un autre élément souvent oublié : Un bon DJ pour la musique. C’est évident que des musiques qui ne partent pas au bon moment c’est briser la magie. Aussi un DJ qui met la mauvaise musique d’entrée, ça casse le spectacle. Ça on le sait tous. Mais un bon DJ, ou un DJ bien formé par le promoteur saura comment jouer avec le “cue” des chansons. Exemple encore une fois : Un petit lutteur réussit l’impossible, le gars de 170 lb réussit à surprendre le mastodonte de 360 lb avec un petit paquet pour un compte de 3 bien joué par l’arbitre. Mais la musique prend 10 secondes à partir, ça casse le party. Mais si la chanson du vainqueur part à la seconde ou l’arbitre frappe sa main au sol pour le 3, la surprise est parfaite! Les fans sont convaincus de cette victoire in extremis et la fête explose. Tout arrive en même temps et les fans seront portés à bondir de leur chaise devant ce trop plein de surprise.

On reprendre l’exemple mais à l’inverse, le gros gaillard démolit le petit avec une fin de match rude et convaincante. Là, on peut mettre un petit délai avant de partir la musique, laisser le temps aux fans de digérer cette démonstration de supériorité, que les gens rongent un peu leur haine du colosse, haine qui grandit à l’annonce du nom du gagnant sans équivoque et on part la musique lourde et pesante quand l’arbitre lève le bras du gagnant, rajoutant encore une couche de haine chez les fans. Fans qui risquent de huer de plus en plus fort à chaque étape de cet après-match.

Un bon DJ doit prendre les devants et se renseigner auprès du promoteur, des lutteurs, prendre des notes de gala en gala et surtout, travailler conjointement avec l’annonceur maison. J’ai dû le dire à chacune de mes chroniques, mais c’est un travail d’équipe. Mais souvent, les gens oublient que l’équipe ne se limite pas qu’aux lutteurs. Tout l’enrobage du gala est aussi important que ce qu’il arrive entre les cordes. Tout ça est pour mettre en valeur les lutteurs, car c’est eux que les fans remarquent et payent pour voir. C’est aussi pour ça que les lutteurs devraient tisser des liens d’égal à égal en arrière-scène avec les arbitres, l’annonceur maison et le DJ. Ils ont un rôle effacé mais qui les aidera à maximiser la réaction de la foule. Car au fond, c’est tout ce qui compte, la réaction de la foule, que le spectateur parte, une fois le gala terminé, en ayant vécu toute une gamme d’émotions. Émotions qu’on tentera de maximiser et d’amplifier. Ça, c’est le rôle très important de l’enrobage.

Je m’en tiens là pour aujourd’hui, mais il y a tant d’autres choses à parler à ce sujet. La sécurité, les gérants et valets, les gars de la technique. Pas le choix, je vais devoir y revenir assez tôt.

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