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20/12/2022 | Chroniques

Le promoteur Jack Lefebvre décède à l’âge de 67 ans

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Jack Lefebvre 2

La lutte au Québec est une affaire de famille.

On la regarde en famille, les familles de lutteurs comme les Rougeau et les Vachon ont marqué le Québec et même sur le circuit indépendant, les familles ont aussi leur place. À Montréal on parle de la famille Proulx et de la famille Leduc.

Mais à Drummondville, ce sont les Lefebvre.

L’un des piliers de cette famille, Jacques Lefebvre, est décédé le 15 décembre dernier à l’âge de 67 ans.

Mieux connu sous le nom de Jack Lefebvre, il a fondé la NBW à Drummondville en 1994.

« Mon père n’était pas très bon en anglais, explique sa fille Valérie. Il a appelé ça NBW pour New Body Wrestling, parce qu’il voulait que sa promotion puisse donner une chance aux nouveaux lutteurs! Mais on n’a jamais utilisé le nom au complet, juste les initiales. »

Né le 2 septembre 1955, Lefebvre, comme bien des gens de sa génération, a grandi en écoutant la lutte à la télévision. Parmi ses favoris, on y retrouvait les Gino Brito et Édouard Carpentier. Puis, quand la WWF (WWE aujourd’hui) a commencé à faire son entrée au Québec, Hulk Hogan et l’Undertaker, qu’il verra lutter au centre Marcel-Dionne de Drummondville en 1995, sont devenus ses préférés.

« Jack Lefebvre n’est pas seulement un passionné de belles voitures d’époque (il en possède une dizaine), c’est aussi d’abord et avant tout un passionné de lutte, écrivait François Choquette dans sa chronique sur le RDS.ca en novembre 2003. Sa passion a d’abord commencé comme spectateur alors qu’il était très, très actif et même participatif… Jack a longtemps travaillé dans le domaine de la construction avant de s’ouvrir des commerces. Jack a donc été initié de cette façon aux affaires.»

Puis, comme bien des amateurs, il a voulu passer entre les câbles à un certain moment, surtout que ses deux frères, Léo « Mad Dog » Lefebvre et Pierre « Cowboy » Lefebvre, avaient tous les deux fait leurs débuts en 1989 pour la Super Pro Wrestling (SPW) d’Henri Dostie.

Les débuts de la NBW
À l’époque, Dostie était le promoteur par excellence à Drummondville, un pionnier dans la région, lui qui y a organisé des spectacles pendant une quinzaine d’années.

D’ailleurs, mis à part les frères Lefebvre, Drummondville a aussi produit des talents tels que Éric Parenteau, les frères Labonté, Dino Beauchemin, Funky, ainsi que Richard « Dick » Tessier et Raymond Coutu, ces derniers ayant lutté pour Lutte Internationale dans les années 1980.

« Au début des années 1990, mon père a voulu devenir lutteur comme ses frères qui luttaient pour Henri Dostie, se souvient Valérie. Mais mon père faisait 5 pieds 10 et 210 livres. Il avait une bonne charpente, il était imposant. Et quand on a voulu le faire perdre contre un gars de 150 livres, il n’a pas voulu. Alors il n’a jamais lutté. »

Le poids et le gabarit d’un lutteur étaient encore importants à l’époque, tout comme la notion de paraître crédible aux yeux des fans. Ce n’est pas pour rien que quelques décennies auparavant, le Québec avait ce qu’elle appelait « la p’tite lutte » en marge des poids lourds, qui eux luttaient au Forum.

C’est donc en 1994 que Lefebvre a fait ce que plusieurs font lorsqu’ils ne sont pas satisfaits de leurs conditions: il a fondé sa propre organisation.

Au fil des années, plusieurs lutteurs connus du circuit indépendant ont lutté pour Jack ou y ont fait des apparitions durant un de ses spectacles. La liste est trop longue pour tous les nommer, mais mentionnons tout de même Rick et son neveu Keven Martel, Gino Brito, Abdullah the Butcher, «Wild» Dangerous Dan, Guy Sauriol, Sweet Cherrie, Dave le Justicier, ainsi que Martin et Serge Rolland.

Valérie se souvient particulièrement d’une rivalité en équipe.

« Les Country Brothers, qui étaient mes deux oncles, contre Martin et Serge Rolland, les Prisonniers. Chaque fois, ça virait presque en émeute dans la salle tellement les Rolland étaient détestés! »

Jack et sa fille, Valérie, lors des 25 ans de la NBW crédit: Martin St-Laurent

Jack et sa fille Valérie, lors des 25 ans de la NBW
crédit: Martin St-Laurent

La famille Lefebvre : les filles comme les gars!
Si Léo a pris sa retraite en 2000, Pierre a, pour sa part, continué jusqu’en 2019.

Puis, ce sont les enfants de Jack, Pierre et Léo qui ont débuté dans le milieu.

Les fils de Jack, Dave et Marco, sont devenus respectivement Jef Rx et Devil White. Puis, le fils de Pierre, Stéphane, a lutté sous le nom de Mean Machine, tandis que sa fille, Cindy, a lutté sous celui de Mercedez. Finalement, le fils de Léo, Patrick, a œuvré sous le nom de Gabio, menant à huit le nombre de membres de la famille Lefebvre impliqué dans le monde de la lutte professionnelle.

Une neuvième personne allait s’ajouter.

Jack a été le promoteur de la NBW jusqu’en 2012 et à son départ, c’est Valérie qui l’a remplacé, une rareté dans le monde de la lutte.

En effet, peu de femmes dans l’histoire de la lutte au Québec ont eu cette opportunité d’être promotrices de lutte. Joanne Rougeau a certes été la plus importante alors qu’elle a travaillé pour la WWF pendant de nombreuses années. Helen Karanassios l’a aussi été à la ICW, de même que Kim Leduc pour l’ALF et Michelle Picard pour la MWF. Mais le nombre demeure restreint.

« Mon père commençait à être fatigué et moi, je travaillais déjà dans la promotion, explique Valérie. Je m’occupais des posters, je trouvais de nouveaux lutteurs quand j’allais à Montréal. Alors à un moment donné, j’ai demandé à mon père de me laisser ma chance, même si j’étais une fille. »

Affiche du gala 25e anniversaire de la NBW

Affiche du gala 25e anniversaire de la NBW

Valérie est maintenant co-propriétaire de la promotion en compagnie de son conjoint, le lutteur Michaël Bernier, alias Xplicit. Lefebvre s’occupe davantage de la promotion alors que Bernier est responsable des scénarios. D’ailleurs, pour célébrer les 25 ans de la fondation de la NBW en 2019, Valérie a organisé une soirée spéciale en l’honneur de son père au CÉGEP de Drummondville. Plusieurs lutteurs tels que Richard « Dick » Tessier, Les Prisonniers, Insane Warrior, Bulldozer et Rebel, Franky the Mobster, de même que plusieurs membres de la famille Lefebvre, dont le frère de Jack, « Cowboy » Lefebvre, y étaient.

Et comme dans bien des familles de lutte, une troisième génération allait voir le jour, alors que le fils de Valérie, Steven, a fait ses débuts en septembre dernier sous le nom de Brayden Aleksender. Un autre lutteur pour continuer la tradition de son grand-père Jack et de ses grands-oncles.

Une fin de vie difficile
Depuis son AVC en février 2017, Jack n’était plus le même.

« Il faisait de la démence, partage Valérie. Il nous parlait et se trompait de mots, ce qui rendait ses propos très durs à comprendre. Par exemple, au lieu de dire qu’il cherchait son lighter, il disait qu’il cherchait ses clés. »

Après deux ans au CHSLD de Weedon, Jack est décédé jeudi dernier.

« Il est enfin libéré de son corps », conclut Valérie, le trémolo dans la voix.

Outre Pierre, Léo, Valérie, Dave et Marco, il laisse dans le deuil sa conjointe Diane, ses filles, Natasha et Mélanie, ses frères Rock, Mario, Yvon et Normand, de même que sa sœur Danielle. Les funérailles auront lieu le 28 décembre prochain à Drummondville.

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