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29/08/2017 | Chroniques

Le Poing: Sexy Star est allée trop loin

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Pat Laprade

Pat Laprade

La lutte professionnelle est un divertissement sportif. Rien de nouveau sous le soleil me direz-vous.

Il faut cependant avoir lutté ou avoir été très impliqué dans une promotion pour savoir à quel point savoir lutter comporte plus que des prises, des techniques d’amortissage et des façons de se protéger.

Le rôle premier d’un lutteur, bien avant celui de divertir le public, est de prendre soin de son adversaire. Un rival à la lutte est l’équivalent d’un partenaire lors d’une danse ou d’un coéquipier en acrobatie. Pour certaines manœuvres, un lutteur met sa vie entière dans les mains de quelqu’un d’autre, bien souvent d’un étranger.

J’exagère vous croyez? Hélas, non.

Je me souviens qu’en 2013, la Québécoise LuFisto avait fait un saut arrière du troisième câble à l’extérieur de l’arène. Sept autres lutteuses devaient l’attraper. Malheureusement, un manque de communication et de synchronisme ont fait que LuFisto est atterrie sur le sol, sans qu’aucune de ses adversaires ne puisse amortir sa chute. C’est vraiment, plus souvent qu’on pense, une confiance aveugle.

Samedi dernier, lors de l’événement Triplemania XXV à Mexico au Mexique, la championne Sexy Star, de son vrai nom Dulce Garcia, affrontait Ayako Hamada, Lady Shani et la Canadienne Rosemary, que plusieurs ont connue ici à Montréal sous le nom de Courtney Rush.

Le milieu de la lutte n’est pas différent d’aucun autre milieu de travail. On ne peut pas toujours s’entendre avec tous nos collègues et il peut survenir des mésententes entre ceux-ci. Mais quand vient le temps de travailler, il faut mettre ces différends de côté et être professionnel.

Je vous fais fi de l’histoire derrière tout ça car le collègue Chris St-Pierre l’a bien expliqué dans sa nouvelle d’hier, mais la résultante est la suivante: Garcia, fâchée contre deux de ses trois adversaires, décide de s’en prendre à celle qui n’avait rien à voir avec la mésentente, Rosemary, en lui appliquant une clé de bras (armbar) et en ne la lâchant pas pendant plusieurs secondes, extensionnant par la fait même le coude de Rosemary. Cette dernière a senti son coude sortir de sa capsule, ce qui n’est jamais un sentiment agréable.

Bien qu’elle avait du ressentiment envers deux adversaires, Garcia a cette réputation très ancienne de vouloir protéger sa position. En effet, de voir une étrangère d’une autre promotion faire les frais d’un combat de championnat à son premier match au Mexique peut sembler être menaçant et autrefois, la meilleure solution était de s’assurer de faire assez peur à cette personne pour qu’elle ne revienne plus ou tout simplement, faire en sorte que son état ne lui permette pas de revenir.

Le Mexique est probablement le seul territoire où la lutte vit encore dans le passé. On se frappe sur la tête avec une chaise comme si les commotions cérébrales n’existaient pas. On saigne à profusion comme si s’infliger des coupures au front était normal. Et visiblement, on shoot sur quelqu’un pour de mauvaises raisons.

Anciennement, shooter (le verbe) ou être un shooter (se prononce comme le verre) voulait dire qu’une personne pouvait réellement se défendre dans l’arène. Être un shooter pouvait être un atout, surtout entre les années 20 et 50, alors que certains illuminés essayaient de ne pas suivre le scénario dans l’espoir de battre le champion pour vrai. Pour un promoteur, avoir un shooter comme policier pour faire passer un message à un autre lutteur qui n’avait pas bien agit était essentiel.

Lou Thesz, Strangler Lewis, Billy Robinson étaient tous des shooters. Yvon Robert, Buddy Rogers et Gorgeous George ne l’étaient pas.

Jonathan Snowden a écrit un excellent bouquin là-dessus, incidemment appelé Shooters et les histoires sont passionnantes. Passionnantes, mais de leur temps aussi.

Essayer d’en passer une vite au promoteur est une chose désuète, tout comme la nécessité d’avoir un policier dans son alignement ou celle d’être capable de se défendre pour vrai dans une arène.

Il y a quelques années, un Canadien du nom de Devon Nicholson, aussi connu sous le nom d’Hannibal, a tenté à deux reprises de shooter sur son adversaire, sans que la personne ne soit coupable de rien.

À la NCW en 2009, alors qu’il prêtait de mauvaises intentions à la promotion, il a décidé de s’en prendre à un jeune Don Paysan, en lui appliquant une prise de soumission si forte que Paysan sentit presqu’un os craqué. Il n’a eu d’autres choix que de taper en signe d’abandon. Nicholson s’est par la suite enfuit dans ses vêtements de lutteur, alors qu’un de ses élèves l’attendait dans la voiture avec tout son équipement. L’année suivante, il a fait subir le même traitement à nul autre que Tommy Dreamer lors d’un show de la CRW. Ce spectacle, pour lequel il était co-promoteur, n’avait pas attiré assez à son goût et Dreamer fut son bouc émissaire. Si j’étais lutteur, je refuserais catégoriquement de l’affronter et il a définitivement perdu mon respect.

Même si l’automne dernier, Garcia fut très généreuse en acceptant de prendre une photo pour mon livre sur l’histoire de la lutte féminine et que durant le weekend de WrestleMania, elle était surexcitée de prendre une photo avec le livre et de faire signer sa copie par d’autres lutteuses en arrière-scène, l’altercation de samedi m’a fait perdre tout respect pour elle et rend maintenant inutilisable la photo qu’elle a prise avec le livre.

Évidemment, il y aura toujours un promoteur à quelque part pour la faire lutter, surtout au Mexique. Mais la lutte féminine est une consœurie tissée serrée. La vague de mauvais commentaires envers Garcia de la part de plusieurs lutteuses, de gens impliqués dans la lutte féminine et de promoteurs en sont des exemples.

Un accident peut arriver. Mais blesser son adversaire volontairement, c’est un manque de savoir-vivre et de respect envers son adversaire et sa profession. Lutter est un privilège et samedi dernier, par ses actions, Dulce Garcia a quant à moi perdu ce privilège. Elle est allée trop loin. Un point, c’est tout.

Resto-Bar
Cette chronique est une presentation du Resto-Bar Coin du Métro. Le Resto-Bar Coin du Métro, 10 719 Lajeunesse, l’endroit par excellence pour tous les événements sportifs tels que le hockey, le soccer, la boxe, la lutte et le football à Montréal! Vous pouvez aussi consulter leur page Facebook.

Bonne lutte à tous et à toutes!

Si vous avez des questions, des suggestions ou des commentaires, n’hésitez pas à communiquer avec moi au patric_laprade@lutte.quebec, sur ma page Facebook ou sur mon compte Twitter.

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