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26/02/2017 | Chroniques

Le Poing: L’impact sous-estimé d’Ivan Koloff à Montréal

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Pat Laprade

Pat Laprade

Pendant longtemps, on apprenait aux jeunes dans les écoles que Pluton était une planète et que Colomb était le premier Européen à avoir mis les pieds en Amérique.

Un livre historique, peu importe le sujet, est une photo prise à un moment précis, avec les connaissances, les informations et la compréhension que tu as lors de l’écriture. Évidemment, avec le temps, les choses évoluent.

En faisant des recherches sur Ivan Koloff aux archives nationales, je me suis rendu compte qu’autant dans Mad Dogs, Midgets and Screw Jobs que dans À la semaine prochaine si Dieu le veut, on avait sous-estimé l’importance de Koloff à Montréal.

Évidemment, il y a des choses qui n’ont pas changé. Son lieu de naissance par exemple. Contrairement à ce que plusieurs sites ont rapporté, Koloff, de son vrai nom Oreal Perras et né le 25 août 1942, n’est pas né à Montréal, mais bien en Ontario, à Ottawa plus précisément, mais il a grandi dans une ferme dans une campagne de l’Ontario. Il est d’origine canadienne-française, mais n’a jamais vraiment parlé français.

Une autre chose qui n’a pas changé est comment il est passé de Red McNulty, un lutteur qui n’allait nulle part dans l’ouest canadien à Ivan Koloff, le terrible, le Russian Bear.

« Quand j’ai été avec un certain Red McNulty au Japon, je le regardais lutter et je me disais que si on lui rasait la tête, ça nous ferait un maudit bon russe. Je lui ai dit si tu viens à Montréal tu vas devenir un russe on va te donner un push et tu vas faire de l’argent. Il a dit oui tout de suite, car il crevait de faim à Vancouver, raconte avec fierté Jacques Rougeau Sr. En revenant à Montréal, j’ai dit à mon frère Jean que s’il voulait faire venir ce gars-là ici, on allait l’appeler Ivan Koloff et qu’il allait pogner au boute. Il a rempli les arénas partout au Québec. J’avais eu une bonne idée! », se rappelle Jacques Rougeau Sr.

« Nous étions sur une tournée de six ou sept semaines au Japon et Jacques et moi devenions bons amis. Alors une journée, il m’a demandé “Red, viendrais-tu à Montréal, te raser les cheveux et devenir un Russe?” J’ai répondu que je viendrais sans même y penser. J’étais sûr qu’il n’était pas sérieux, mais il était sincère. Il a vu le potentiel en moi, m’a amené et ils ont tenu leur parole en me donnant un nom et tout. Il y avait un Dan Koloff qui luttait à Montréal avant, c’est de là que venait le nom de famille. Ils m’ont aussi dit que je ressemblais à Lenine! », confirmait Koloff à Bertrand Hébert lorsque celui-ci l’a interviewé en 2011.

Koloff fait ses débuts le 8 janvier 1968 au centre Paul-Sauvé de Montréal face à Eddy Auger, l’oncle de Johnny et Jacques Rougeau Sr. Auger, tout comme Chin Lee, était souvent utilisé pour mettre en valeur des nouveaux ou jeunes lutteurs. La semaine suivante on le place déjà dans une finale en équipe avec le Baron Von Raschke, puis, trois mois plus tard, le 8 avril, on lui donne Tony Angelo comme gérant. Angelo, de son vrai nom Hank Pardi et provenant de Montréal, était un ancien lutteur qui deviendra un bon gérant pour le territoire. Afin de créer une rivalité avec Johnny Rougeau, le promoteur et le champion du territoire (Bob Langevin avait son nom sur la licence de promoteur de la Commission Athlétique de Montréal parce que le promoteur ne pouvait pas lutter, mais le vrai promoteur était Johnny) on planifie quelque chose d’assez simple. Alors que Koloff lutte contre Jacques, Angelo intervient en fouettant Rougeau avec une serviette. Le 15 avril, on annonce un combat pour la semaine suivante entre Johnny et Koloff pour le titre. Afin de mousser le combat, à la télévision, Angelo transporte avec lui une mallette et explique que dans sa mallette, il a la recette pour empêcher Johnny d’utiliser sa prise de prédilection, la prise du sommeil.

Dans les journaux, on écrit que la vente des billets va bon train. Ce qui est peut-être le cas, mais peut-être pas aussi. Dans tous les cas, deux jours avant l’événement, on ne prend pas de chances et on annonce que Koloff avait demandé à ce que l’arbitre en chef Omer Marchessault ne soit pas attitré à son combat de peur qu’il ne soit pas impartial, que la CAM a accepté et l’a remplacé par nul autre qu’Yvon Robert, le plus grand des héros de l’histoire de la lutte au Québec. La présence de Robert est certaine d’attirer plus de curieux.

Somme toute, le combat et toute la promotion autour attire 17 348 fans le 22 avril, la plus grande foule à Montréal depuis 1961. Koloff perd son combat, deux chutes contre une et oui, Johnny a utilisé sa prise du sommeil, non pas pour terminer le combat, mais bien pour remporter la deuxième des trois chutes. C’est d’ailleurs Yvon Robert qui réveille Koloff avec quelques bonnes claques sur la gueule!

Suite à la conquête de la Coupe Stanley par le Canadien en mai 1968, le Forum subit ses plus grandes transformations depuis son ouverture. On démolit le toit, les murs extérieurs, tout ça pour le revamper, lui donner un look plus jeune, le look que le Forum aura jusqu’à sa fermeture en 1996. On ajoute aussi un peu moins de 2 500 nouveaux sièges. Le Forum est donc fermé tout l’été et une partie de l’automne.

C’est d’ailleurs pendant son premier été au Québec que Koloff louera un chalet juste à côté de la famille Rougeau. Raymond Rougeau en a d’ailleurs de très bons souvenirs.

«Le premier été qu’Ivan a passé à Montréal, mon père avait un petit chalet d’été à côté de notre maison à St-Sulpice et il l’avait loué à Ivan. J’avais environ 13 ans et je me souviens très bien qu’il jouait dans la piscine avec moi, Jacques, Armand, tous les enfants. Mon père m’avait dit que ce que je voyais dans le ring c’était une chose et à l’extérieur du ring, c’était une autre chose. Alors quand j’allais voir les shows et qu’Ivan luttait contre mon père ou mon oncle, j’avais encore les bonnes émotions, mais le lendemain, Ivan me lançait dans la piscine comme si de rien n’était!»

Le Canadien, à juste titre, rouvre ce que les fans appelleront le nouveau Forum le 2 novembre tandis que la lutte revient en force le 11 novembre.

On annonce que le champion Koloff défendra son titre face à Johnny dans la première finale du nouveau Forum, avec, encore une fois, Yvon Robert comme arbitre.

En effet, lors des enregistrements télés du 23 juillet à l’aréna Georges-Vézina de Chicoutimi, Koloff avait battu Rougeau, alors que ce dernier s’était « blessé » et n’avait pu continuer le combat. À défaut de pouvoir présenter le match au Forum, la télé devenait la meilleure option et un babyface qui tente de remporter un championnat face à un heel est toujours une recette qui fonctionne bien pour attirer les foules. De plus, Koloff livre la marchandise dans l’arène.

« Il était un très bon travaillant et très agile pour sa grosseur », se souvient Gino Brito.

Le soir du 11 novembre 1968, 20 890 fans voient leur favori, Johnny Rougeau, regagner le titre face à Koloff. C’était la plus grosse assistance de lutte de l’histoire du Forum et à ce jour, la plus grosse assistance pour une promotion locale au Forum. Seuls le premier show conjoint entre Lutte Internationale et la WWF en 1985 et un show entièrement WWF en 1986 attireront plus de spectateurs dans l’amphithéâtre.

Avant 1968, la promotion de Rougeau, vieille de seulement deux ans et demi, va bien, mais n’arrive pas à atteindre les sommets que son prédécesseur Eddie Quinn avait atteints. La promotion arrivait à peine à attirer 10 000 personnes au Forum pour ses plus gros spectacles. Mais celui du 22 avril a été le premier de 11 shows consécutifs au Forum avec au moins 10 000 fans. Et à partir du 11 novembre, la promotion n’a plus jamais regardé en arrière, et ce, jusqu’à l’arrivée de Lutte Grand-Prix en 1971. Koloff était à Montréal pour les 7 premiers de ces 11 spectacles consécutifs, et il était utilisé en finale ou en demi-finale pour la totalité de ceux-ci.

Voilà l’impact qu’Ivan Koloff a eu sur le territoire de Montréal et sur la popularité des As de la Lutte.

D’ailleurs, le spectacle du 11 novembre en était tout un. Un super gala comme on en a rarement vu à Montréal. Jugez-en par vous-même.

Johnny Rougeau bat Ivan Koloff acc. par Tony Angelo, pour le titre, avec Yvon Robert comme arbitre
Édouard Carpentier défait Baron Von Raschke
Hans Schmidt bat Don McClarity
Jacques Rougeau défait Eric the Red
Gino Brito & Tony Parisi battent Maurice & Paul Vachon par DQ
Abdullah the Butcher défait Dale Roberts
Matt Gilmore & Don Kent défont Paul & Jos Leduc
Billy Watson bat Brute Martin
Ronnie & Terry Garvin battent les Masqués
Larry Moquin défait Chin Lee
Eddy Auger bat Buster Lloyd

Comme m’a dit Raymond Rougeau cette semaine, « j’aurais payé pour voir cette carte-là! »

Si j’avais à réécrire l’histoire de la lutte au Québec, Ivan Koloff y jouerait un plus grand rôle. Il est arrivé à un moment opportun de l’histoire, à un moment où les As de la Lutte cherchaient quelque chose ou quelqu’un qui allait faire la différence. Ils pensaient peut-être l’avoir trouvé en Maurice Vachon un an auparavant, mais lorsque ce dernier s’est blessé dans un accident d’auto en août 1967, on revenait à la case départ et on ne saura vraiment jamais l’impact que Maurice aurait pu avoir s’il n’avait pas été blessé. La rivalité entre Koloff et Johnny, ou entre Koloff et les Rougeau, car il a souvent lutté contre Jacques et des années plus tard, contre Raymond, doit être considérée comme l’une des plus importantes de l’histoire de la province, pas très loin derrière les Vachon contre les Leduc, les Garvins contre les Rougeau et Jean Ferré contre Don Leo Jonathan. Finalement, la carte du 11 novembre est possiblement la meilleure, sinon, l’une des meilleures jamais présentée au Forum. Que ce soit au niveau du nombre de grosses pointures, du nombre de talents locaux, du nombre de spectateurs et de l’impact du show, ce spectacle est vraiment dur à battre.

Oui, Koloff deviendra le champion de la WWWF pendant trois semaines en 1971, défaisant Bruno Sammartino qui n’avait pas été battu pour le titre depuis 1963, dans ce qui fut la plus importante victoire de la carrière de Koloff. Mais l’impact qu’il a eu à Montréal est peut-être encore plus important. Il en est juste triste qu’il a fallu son décès pour le réaliser pleinement.

« J’ai de très bons souvenirs de Montréal, racontait Koloff. Les partys, les bars et les restaurants. J’étais une vedette, j’étais jeune et j’étais au sommet du monde en faisant quelque chose que j’aimais, et en faisant de l’argent. Mon rêve est vraiment devenu réalité à Montréal. »

En rafale…
-Dans les journaux de l’époque, on écrivait Ivan Koloff, Yvan Koloff, étant donné qu’Yvan était un populaire prénom à l’époque et aussi le prénom d’un joueur de hockey très connu, un futur gagnant de 10 coupes Stanley, Yvan Cournoyer. Le Québec a toujours eu sa façon de faire les choses!

-À chaque fois que j’ai eu la chance de rencontrer Koloff, il a toujours été très sympathique. À Vegas, on avait prit une photo ensemble, il avait posé avec notre livre et avait signé ma copie personnelle, de très beaux souvenirs.

-Le 23 mars prochain, il y aura un show de lutte au Bain Mathieu à Montréal à 20h présenté par Octane 7.0 en collaboration avec la FLQ et la IWS. L’humoriste Alex Roof animera la soirée, lui qui a aussi un concours qui pourrait vous permettre d’aller voir WrestleMania avec lui. Lutte.Quebec aura des billets à faire tirer pour le spectacle du 23 mars. Vous allez avoir plus de détails à compter de cette semaine.

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Resto-Bar
Cette chronique est une presentation du Resto-Bar Coin du Métro. Le Resto-Bar Coin du Métro, 10 719 Lajeunesse, l’endroit par excellence pour tous les événements sportifs tels que le hockey, le soccer, la boxe, la lutte et le football à Montréal! Vous pouvez aussi consulter leur page Facebook.

Bonne lutte à tous et à toutes!

Si vous avez des questions, des suggestions ou des commentaires, n’hésitez pas à communiquer avec moi au patric_laprade@lutte.quebec, sur ma page Facebook ou sur mon compte Twitter.

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