Suivez-nous sur Facebook
@TotalCrap1
Très bon livre surtout quand tu es un fan de Roddy Piper, mais le chapitre le plus intéressant, et c’est celui sur lequel cette chronique va se concentrer, est celui où il nous explique la maladie (The Sickness) qui atteint les lutteurs et les fans de ce sport spectacle. Selon Piper, jamais quelqu’un a déjà parlé de cette maladie. Il a décidé de dire que c’est une maladie parce qu’il ne trouvait pas d’autres termes pour décrire la situation. Le niveau de maladie qui atteint un lutteur est proportionnel à la manière dont se prend un promoteur pour le manipuler. Plus le lutteur est manipulé, plus il est « malade ». Pourquoi quatre des frères Von Erich se sont suicidés? Pourquoi Bruiser Brody a été assassiné dans un vestiaire à Puerto Rico à cause d’une dispute sur la manière dont devait finir un combat? Pourquoi tant de lutteurs meurent jeunes d’overdose? Piper est donc parti de ces interrogations pour établir sa théorie.
Son meilleur exemple pour illustrer la maladie de la lutte : il était à Charlotte en Caroline du Nord en 1979 en plein milieu d’une rivalité avec Ric Flair. Lors d’une entrevue de Piper pendant une émission de télé en direct, Flair et Greg Valentine l’attaquent par-derrière et commencent à lui traîner la face partout sur le sol du studio de télé. D’autres lutteurs sont arrivés pour les séparer et l’interviewer a annoncé qu’ils seront de retour après la pause. Durant celle-ci Gene Anderson vient chercher Piper par le bras pour l’amener aux toilettes. À cet endroit l’attendait Ric Flair qui l’assoit sur le bol de toilette et le tient par les cheveux pendant qu’Anderson sort du papier sablé de sa poche et commence à arracher la peau du visage de Piper. Tel un artiste, il s’applique pour que le visage de Piper ait l’air d’avoir mangé toute une raclée juste avant la pause. Pour être bien sûr que ça ait l’air vrai, Gene lui a asséné un coup de poing juste à côté de l’œil. Il a par la suite mis de l’iode sur les plaies de Piper. Pendant ce temps, Piper se devait de rester silencieux pour avoir l’air de quelqu’un de brave devant ses confrères de travail. Gene a reculé de quelques pas et a contemplé son chef-d’œuvre en disant : « t’es un tuff le kid. » En entendant le signal que la pause achevait, Gene a frappé une autre fois au visage Piper en lui disant qu’il devait retourner devant les caméras. En le voyant ainsi au retour de pause, les spectateurs devaient être sûrs que l’attaque qu’ils venaient de voir précédemment devait être vraie.
Roddy Piper vient vraiment d’une autre époque où le « kayfabe » existait encore et que les lutteurs faisaient tout pour le protéger. Étant atteint de la maladie de la lutte, c’est arrivé quelque fois qu’il s’est battu avec des spectateurs qui le narguaient et qui le traitaient de peureux. Une de ces bagarres a eu lieu avec un homme armé d’un couteau. La bataille s’est finie après que Piper ait été poignardé à la poitrine à un pouce du cœur et que les policiers soient intervenus. Piper est allé à l’hôpital se faire recoudre et comme si de rien était, est parti pour aller lutteur le lendemain.
Il parle aussi de cette maladie en racontant la fois où il a fumé un joint dans un hôtel en compagnie de Kerry Von Erich (le Texas Tornado). Ils étaient tellement high, qu’ils sont sortis par la fenêtre (ils étaient au huitième étage de l’hôtel) et se sont tenus debout sur le petit rebord de huit pouces de large dos au mur. La fenêtre s’est fermée derrière eux. Ils étaient tellement gelés qu’ils ne se sont pas aperçus de la gravité de la situation. Ils se sont donc allumés un autre joint. Une chance qu’ils ont été secourus par Curt Hennig et le Big Boss Man parce qu’ils auraient pu y passer. Deux mois plus tard, Von Erich s’est suicidé. Surement à cause de la maladie de la lutte, selon Piper.
Dernier anecdote sur cette fameuse maladie : à WrestleMania XII, il a lutté contre Goldust dans un « Hollywood Backlot Brawl ». Deux semaines avant, Piper s’est cassé le pied à cinq endroits après une mauvaise chute lors du tournage du pilote d’une série qui devait s’appeler Daytona Beach. Pour participer au combat, le docteur a dû lui administrer une dose de Novocaine dans le pied. Avec le pied cassé, sans compter qu’il s’était fait remplacer la hanche neuf mois plus tôt, il a fait son combat qui a été tourné aux studios de Disney. Il ne sait pas pourquoi, mais à la fin du match, quand Goldust a foncé vers lui à toute allure au volant d’une Cadillac dorée et qu’il devait se tasser du chemin, il est resté là pour prendre le coup en étant sûr que tout allait bien se passer. Il a été projeté cinq pieds dans les airs et il s’est relevé par la suite pour continuer. Pourquoi il l’a fait? À cause de la maladie bien sûr. Il devait défendre la crédibilité de son sport parce qu’il avait donné sa parole qu’il le ferait.
Le reste du livre Piper parle de sa carrière de lutteur de long en large en racontant plusieurs histoires savoureuses. Roddy Piper ne parle malheureusement pas beaucoup de sa carrière d’acteur. Si vous voulez en savoir plus là-dessus, je vous recommande la chronique de cette semaine de mon collègue Mathieu Lavigne. Tel qu’indiqué sur la couverture, ce livre n’est pas autorisé ou affilié à la WWE. Probablement parce que Piper y parle de consommation de drogues illicites, ce qui lui a d’ailleurs valu d’être renvoyé de la WWE en 2003 après qu’il ait accordé une entrevue à HBO’s Real Sports où il parlait des côtés sombres du domaine de la lutte.
In The Pit With Piper écrit par « Rowdy » Roddy Piper avec l’aide de Robert Picarello, publié en 2002 par Berkley Boulevard, 256 pages
Copyright © 2024