Alors qu’approche l’Halloween, je vois des statuts Facebook pompeux de gens qui écrivent qu’ils regarderont un film d’horreur par jour jusqu’au 31 puis écrire des mini-critiques de ceux-ci sur leur mur. Je me suis surpris à regarder ma bibliothèque de films de lutteurs pour constater que je possède, à ce jour, plus d’une dizaine de films d’horreur avec des Superstars de la lutte, tantôt en caméo, tantôt en soutien et tantôt en protagoniste. Octobre sera donc consacré à des films d’horreur de lutteurs. Commençons par un choix intuitif, See No Evil, avec Kane.
See No Evil est un film d’horreur de 2006 (et oui, déjà pratiquement 10 ans!), faisant partie du trio original de projets du WWE Studio, qui comprenaient le film de Kane, un film d’Austin et un premier vrai film avec John Cena (tous à venir ici bien entendu!). Si vous vous rappelez, à l’époque, beaucoup de place était même laissée à RAW lorsqu’une superstar faisait partie d’un projet cinématographique ou multi-médiatique. Pensez à combien de fois la WWE nous a forcé dans la gorge The Marine avec Cena ou son vidéoclip Bad Man, avec des bande-annonces et les culottes camouflages de John. Ici, ça a été la même chose avec Kane, avec tout le storyline idiot autour de la date de sortie du film, le 19 mai 2006, date à laquelle sa famille adoptive serait morte dans un film. Vous vous souvenez? Chaque fois que quelqu’un parlait du 19 mai, Kane devenait complètement cinglé et invincible… Pièces à conviction :
Je n’ai jamais compris pourquoi il devenait fou de même d’ailleurs. C’était un film et j’imagine qu’on voulait surfer sur le fait que peut-être… peut-être… que Kane était aussi dérangé que son meurtrier psychopathe Jacob Goodnight. Cependant, dans cette optique, je pense que ça rendrait un lieu de travail comme la WWE, déjà précaire et plutôt dangereux dans un contexte kayfabe, en un endroit où il faudrait être complètement idiot pour y travailler, surtout si ton boss donne de l’argent à un dude qui avoue vouloir brûler et torturer les autres employés… Bien sûr, il y a une différence entre quelqu’un qui vous plante un pieux dans la yeule puis vous arrache les yeux avec ses doigts… et un chokeslam sécuritaire sur une surface matelassée, mais je m’égare.
Allons-y du début. Une demi-seizaine de jeunes (8) délinquants prisonniers sont envoyés dans un hôtel désaffecté de l’après-guerre d’une dizaine d’étages pour faire du ménage afin de le transformer en refuge pour sans-abris. Déjà… non. 50 ans d’abus de la nature, de la pluie, champignons, moisissures et autres parasites, tu nettoies pas ça avec 8 ptits bums en une fin de semaine avec une moppe et un balai. Tu criss ça à terre et tu recommences. Cette fin de semaine de travail leur enlèvera plus d’un mois d’emprisonnement. Cependant, l’hôtel est squatté par Jacob (Kane) depuis qu’il a été atteint d’une balle derrière la tête dans une fusillade chez lui par un policier, le même policier qui accompagne les jeunes délinquants.
Bien entendu, c’est la frise des clichés, alors que la populasse de jeunes compte un nerd blanc un peu enveloppé, un noir qui cherche de l’argent, un latino sur la drague, un pimp tatoué, une ancienne prostituée, une future prostituée blondasse, une mulâtre parfaite peut-être semi-mexicaine et une végétarienne hippie. Je ne vous ferrai pas de spoilers sur qui meurt, parce que le gros du fun d’un slasher c’est justement de « deviner » jusqu’à la fin qui meurt et qui reste. See No Evil a un assez bon booking pour nous surprendre sur ce chapitre. Un personnage qui nous est sympathique dans le contexte d’un film d’horreur, c’est le guide, notre figure paternelle (ou maternelle) qui nous convainc que tant qu’il/elle est là, tout ira bien. C’est amusant de se retrouver dans ce genre de film sans guide, laissé seul dans un environnement hostile. Ne partez pas en peur, seulement 8% des critiques sont favorables au film et seulement 50% des gens l’ont aimé. Si je traduis le consensus des critiques selon Rotten Tomatoes (Un site de compilations d’appréciation de cinéphiles), See No Evil « est un ramassis de clichés de tous les films du genre, sans profondeur ni élément épeurant, pour une perte de temps quasi-totale. »
Je sais je sais, on dirait que je chiale, mais non! C’est un correct film d’horreur. Ça ne fait pas sursauter, ça ne fait pas peur, mais c’est un slasher qui se recommande même au-delà de si oui ou non le public est familier avec Kane. J’ai vu des films bien pires et j’avoue avoir aimé le décor de l’hôtel désaffecté. Et j’admets que ça a fait tellement du bien de regarder ça tout de suite après le film religieux insultant de Sting, car ici, Kane joue un personnage hanté par le besoin de juger les autres selon leurs péchés, comme s’il était le bourreau de Dieu. Et la partie de leur arracher les yeux, c’est parce que les yeux sont le miroir de l’âme, donc en gardant les yeux de ses victimes, c’est comme s’il les gardait prisonniers de son jugement. D’ailleurs, le thème du miroir revient souvent. Un ptit film sur un psychopathe qui se sert de Dieu pour justifier ses cadavres, ça fait du bien et ça nettoie le dommage fait par Revelation Road. Je me sens moins sali.
See No Evil est réalisé en 2006 par Gregory Dark. La bonne nouvelle c’est que Dark est aussi un réalisateur de films pornos. La mauvaise, c’est qu’il réalise des vidéoclips. Ne vous demandez donc pas pourquoi il n’a pas peur de montrer du gore plutôt juteux sur des corps en gros plans… mais que les plans ne durent jamais plus d’une seconde et demie. C’est plus sanglant et détaillé que les films d’horreur politiquement corrects de l’époque conservatrice mondialisée et moumoune que l’on connaît actuellement et très peu d’effets sont générés par ordinateur… sauf des mouches et une séquence à la fin qui ruine un peu la finale qu’on attendait depuis 84 minutes! Oui, à 84 minutes, pas question de trouver de temps mort. C’est comme un vidéoclip de film de cul de Powerman 5000… sans musique et sans cul.
J’ai trouvé See No Evil dans une poubelle à mon ancienne job. J’aimais comment ça commençait ma relation avec le film. Au final, agréablement surpris, considérant la qualité incroyablement variable des films du WWE Studio, un comme d’un RAW à l’autre. Il n’empêche qu’avec un budget de 8 millions, le film de Kane a pu amasser 15 millions au box-office domestique, plus 45 millions sur le marché du DVD, DVD que vous pouvez vous procurer ici. Avec des chiffres comme ça, pas étonnant qu’on ait cru possible d’en faire une suite…
La semaine prochaine, deuxième spécial horreur/Halloween, je vous promets quelque chose de vraiment, incroyablement fucked up!