Tout le monde a vu et probablement revu The Princess Bride (La Princesse Bouton d’Or ici), en particulier ma génération et celle d’avant, les enfants des années 80. C’est un film de 1987 qui passait plusieurs fois par années le midi, l’après-midi, la semaine, la fin de semaine, durant l’été ou durant les congés à TVA, quand il n’y avait pas 12 minutes d’annonces par tranche de 30 minutes. C’est un film génial, impossible à détester, véritable canevas de son époque culturelle, qui ne fait que prendre du mieux avec les années. Presque 30 ans (DÉJÀ!) après sa sortie, le film a recommencé dernièrement une tournée à travers les meilleurs festivals de cinéma dans le monde. Je ne connais personne qui ne l’a pas vu ou pire, qui l’ait détesté. Mais voilà, chose qu’on oublie, c’est que c’était “le film d’André”!
André le Géant a réalisé un rêve en interprétant un rôle dans The Princess Bride, passant d’attraction freak show à la WWF à acteur légitime traité complètement en égal au reste de l’équipe de tournage. Une rareté pour lui. Il voulait regarder son film tous les jours et lorsqu’André proposait à l’un de ses collègues de se joindre à lui, personne ne pouvait lui dire non. Il a tourné Princess Bride en 1987 avant sa rivalité avec Hulk Hogan, principalement son duel historique à Wrestlemania III, lors d’un congé pour se faire opérer au dos. Selon mon collègue et historien Bertrand Hébert, c’est sur ce même plateau de film que Vince McMahon aurait négocié les termes du match avec Hogan au Pontiac Silverdome.
Princess Bride est l’histoire dans une histoire de la Princesse Bouton d’Or (Robin Wright, future ex-femme de Sean Penn), appelée à marier le tyran Prince Humperdick (Chris Sarandon, connu pour Vampire, vous avez dit Vampire? et pour être la voix de Jack Skellington dans l’Étrange Noël de M. Jack). Le Prince est très ouvert au fait qu’il n’attend que leur mariage pour l’étrangler le soir des noces et faire blâmer quelqu’un de son royaume pour partir une guerre. Il a fait capturer la Princesse par trois sbires, joués par Mandy Patinkin (l’Espagnol), Wallace Shawn (Vizzini) et Fezzik (notre André). Le problème auquel le Prince ne s’attend pas, c’est que l’amoureux de la Princesse, Westley (le grand Cary Elwes que j’adore inconditionnellement), que tous croyaient mort, est en route pour la sauver.
Il terrasse facilement les trois mercenaires et tente de se sauver avec la Princesse. Ils sont rattrapés par le Prince, qui fera prisonnier Westley et forcera Bouton d’Or à l’épouser. L’Espagnol et Fezzik y verront une chance à la rédemption et prêteront main-forte à Westley pour aller sauver la Princesse et se débarrasser de Humperdick. Scénario de base, mais tellement bien exécuté alors que cette histoire est racontée par un grand-père (Peter Falk, Colombo) à son petit-fils malade (Fred Savage, l’Enfant Génial). Cette façon de raconter le conte de fées permettra plusieurs moments fort sympathiques où Fred Savage est en criss devant l’injustice de l’histoire, mais où il se fait dire par son grand-père de se la fermer, sans quoi il arrête tout, avec des plans des personnages de l’histoire qui attendent de voir s’ils peuvent continuer ou recommencer la scène selon la lecture du grand-père.
Tout de ce film est parfait. Je l’ai revu juste avant d’écrire ceci (pour la 5e… 6e fois?), et honnêtement, c’est un film parfait qui ne prend aucune ride. Il est dirigé d’une main de maître par le réalisateur Rob Reiner (le cultissime documenteur musical This is Spinal Tap et l’un de mes films préférés à vie, Quand Harry rencontre Sally). Tous les rôles sont campés par des acteurs légendaires. Billy Crystal, de When Harry Met Sally, y fait un caméo où il est méconnaissable, mais rappelant pourquoi il est l’un des hommes les plus drôles au monde! Et que dire de la performance du grand Cary Elwes, qui reprend où mon idole des films muets des années 10, Douglas Fairbanks (mon acteur préféré de tous les temps) et Errol Flynn ont laissé, jouant comme eux un héros sans peur, heureux mélange entre Robin des Bois et Zorro. Flynn et mon idole Fairbanks ont d’ailleurs joué Zorro et Robin des Bois à leurs époques respectives. Elwes a aussi joué Robin des Bois dans la version de Mel Brooks en 1993.
Elwes interprète Westley avec le même regard sarcastique et le même détachement devant les dangers, connaissant sa supériorité face aux différents obstacles que Fairbanks et Flynn. Ma scène préférée du film est quand Westley se lance dans un combat de cerveau avec l’intellectuel Vizzini afin de savoir dans quel verre de vin se trouve un poison. Wallace Shawn est incroyablement drôle dans son monologue qui tente d’interpréter le raisonnement derrière quel verre se trouve le poison mis par Westley. Shawn, que je connais surtout d’un de mes films favoris, My Dinner With André, excelle dans le rôle du fatiguant à qui l’on a envie de péter la gueule, surtout dans cette scène avec Elwes. Cary Elwes a d’ailleurs écrit ces dernières années un mémoire sur le tournage du film… avec André le Géant comme pièce centrale.
Oui, André est l’un des aspects les plus historiques du tournage, alors que selon les témoignages, tout le monde a adoré sa présence et sa compagnie… tout le monde… sauf le réalisateur, Rob Reiner. André était en douleur à l’époque, de très grosses douleurs, mais ne prenait pas de médicaments. André se soignait à l’alcool. À cause de lui, selon Elwes, il n’y a pas un matin sur le plateau où un des acteurs n’arrivait pas avec le hangover du siècle ou même encore saoul d’avoir osé essayé de suivre André au bar de l’hôtel Hyatt où ils étaient hébergés après une dure journée. André était André. Sa présence médiatisée dans le film impliquait certains “désagréments” du genre. Il a faillit faire faire une crise de coeur à Reiner, aussi producteur du film (donc payeur de factures) quand il a vu le montant pour lequel André avait bu au bar de l’hôtel… 40 000 dollars (en argent de 1987) pour moins d’un mois!
Néanmoins, ce fut l’un des meilleurs moments de la vie d’André le Géant. Il a livré une performance incroyablement généreuse malgré sa souffrance et ses problèmes. Il était fier du film. S’il vous le montrait, c’était un signe d’amitié et de respect. Demandez à Terry Funk. Il raconte dans sa bio qu’il a dû le regarder au moins une fois par jour tous les jours d’une tournée de lutte avec André, parfois à répétition. Vous aussi pouvez faire ça aujourd’hui. Le film est disponible dans tous les formats, en plusieurs éditions. Je vous recommande personnellement le DVD édition spéciale ou le Blu-ray, qui ont un documentaire de plus d’une heure sur le film en extra. Princess Bride fait partie de ces films qui ne vieilliront jamais (sauf les coupes de cheveux) et que vous ferez ou avez fait découvrir à vos enfants. Quel bon film, j’ai déjà envie de me le retaper!