Vous savez, le cinéma, un peu comme la lutte, ça vole parfois bien bas et souvent, le succès d’une gimmick ou d’un film part d’une idée incroyablement facile à germer, pour ensuite tenter de récolter des fruits du labeur. L’humain est paresseux et tente d’en faire le moins possible pour en obtenir le plus possible. Ici, imaginez un meeting de producteurs. Ils sont approchés par un dude, avec un éclair de génie dans les yeux. Il leur dit “Hey, j’ai trouvé un enfant qui fait du body-building. Ça fait franchement peur et c’est dégueulasse… on devrait l’exploiter pour faire de l’argent! On va faire un film avec des sous-produits de vedettes pas chères, tourner ça en banlieue californienne et faire une comédie familiale où Hercules, enfant, vient faire un tour sur notre planète, avec des situations loufoques (lire toutes les jokes de Boom-Boom dans les Pierrafeu, mais en réel, pas de budget)!” Les producteurs se viennent dessus et se mettent à faire des bruits cacophoniques de poulailler. On a un film. Ce film, c’est Little Hercules in 3D de 2008. Oubliez le 3D… malheureusement. Je sais, ça devait être un film de Piper, mais tout le monde parle de Hulk Hogan. Je veux surfer sur cette vague. Si vous n’étiez pas au courant car vous aviez la tête sous une roche, voici un excellent résumé de notre newsman, Alain.
Le scénario du bodybuilder qui joue Hercules est certainement l’idée la plus éculée de l’histoire du cinéma, alors que les hommes forts sont forcés depuis lurette de jouer les Dieux grecs, Demis-Dieux ou Hulk & Superman. C’est la règle. Même notre Arnold favori, le Schwarzenegger, a commencé comme ça en guise de premier rôle, jouant en 1969 Hercules dans un film d’exploitation italien tourné à New York, où on l’a doublé et changé son nom pour Arnold Strong… parce que Schwarzenegger était trop exotique et dur à prononcer pour monsieur et madame l’Américain moyen. Film légendairement mauvais. J’adore. Une belle jambe pour le film. Même qu’ici, je dirais “béquille”.
Little Hercules commence quand le jeune Hercules, fils du Dieu ultime de l’Olympe, le Dieu des Dieux, Zeus et de sa mère Hera (la soeur de Zeus, mais ça on en parle pas) s’emmerde sur le Mont Olympe, où les Dieux ne font que faire des paris stupides et où il se fait enseigner la vie par Aristote et Socrate (criss de chanceux!). Mais il veut essayer d’être un mortel. Il profite d’une distraction quand le Dieu ultime de Babylone (bonjour la culture générale), Marduk (moi je prononce Marde-Duc), joué par Big Show, se pointe pour provoquer Zeus. Hercules se sauve sur Terre. Voyant cela, Marduk (aussi le nom d’un groupe de Black Metal suédois \m/ ) propose à Zeus que comme ils sont forts l’un autant que l’autre, ils devraient s’en remettre à un pari stupide pour décider du futur de l’Olympe. Si Hercules ne peut survivre moins de 4 jours sur Terre, Zeus gagne, mais s’il reste sur Terre plus de 4 jours, Marde-Duc gagne.
Dès qu’il arrive chez nous, surfant sur son bouclier, Hercules se met dans la merde. Il provoque le bully unidimensionnel de l’école, joué par Nick Hogan (le VRAI fils de Hulk), armé de sa coupe capillaire mohawkienne Sheamus, et le provoque aux olympiades de l’école… dans 4 jours… Déjà, j’ai un problème à le voir atterrir à Burbank en 2005. Pour vrai, il pouvait choisir n’importe quelle époque et n’importe quel endroit… mais il choisit le Longueuil de la Californie, en 2005, pour se persuader qu’il veut être un mortel. Je ne pense pas qu’une demi-déité capoterait de se retrouver sur le chemin Chambly ou le boulevard Curé-Poirier le temps d’une semaine puis décider à partir de ça que la Terre vaut ou pas la peine d’être occupée… Marde-Duc et Zeus se mêleront des événements, bien entendu, ce qui donnera plusieurs scènes de combats dignes de Street Fighters. Le reste du film, c’est du kidsploitation et presque tout est filmé devant écran vert. De plus, il y a beaucoup de caméos vraiment étranges.
Il y a aussi dans la vraie vie une fin d’histoire tragique pour le jeune Richard Sandrak, jadis exploité par ses parents, maintenant en continuel procès contre eux, dont son père pour violence conjugale. Richard est maintenant cascadeur et torche humaine pour les studios Universal en Californie (le parc d’attractions). Ce jeune Ukranien avait été initié à l’haltérophilie dès l’âge de deux ans. À 8 ans, il pouvait bencher 210 livres. Il a 11-12 ans dans le film.
Plus je fais des recherches sur le film, plus c’est fascinant! Il semble que le projet ait pris plus de 5 ans à finalement se terminer, enchaînant les réalisateurs, les scénarios et les membres d’équipe technique. Son scénariste, Robert Boris, s’est vu retirer son crédit de réalisateur en faveur de Mohamed Khashoggi… un musicien suisse vivant en Espagne faisant des films à Dubaï avec des thèmes orientaux et qui écrit ses propres critiques favorables de ses propres films sur l’IMDb… De son côté, Boris a réalisé et écrit un des PIRES films de lutte qui existent, mettant en vedette l’acteur qui faisait l’original Power Rangers noir… on en reparlera dans le futur!
C’est extrêmement rare que ça arrive, mais j’ai tellement trouvé que Little Hercules était incroyablement mauvais, dans le bon sens, que j’en ai versé une larme de joie! J’en ai versé une autre en regardant un épisode COMPLET de Hogan Knows Best (saison 2, épisode 5) qui se passe durant le tournage du film. On y apprend que Hogan a forcé la main des producteurs pour que Nick, Brooke ET Linda aient des rôles et que le rôle de Nick soit bonifié dans le scénario. Y’a même un basané de 26 ans, au département de la musique et à la traduction grec/anglais, appelé Tony, qui flirte avec Brooke (17 ans) sur le tournage. Ça rend Hogan vraiment en tabarnak. Cependant, dans mes recherches… il n’y a eu aucun “Tony” sur le plateau de tournage… Ouais, télé-réalité mon cul! Et ça vous rappelle les nouvelles de cette semaine?… Encore une minorité visible qui tripe sur la belle, grande, superbe, alléchante et magnifique Brooke… Ça passe pas esti!
Je considère maintenant Little Hercules comme un chef-d’oeuvre de Filmomania. Un must. Vous pouvez trouver le DVD sur Amazon, neuf à 12$ ou usagé à 3$. Je l’ai aussi vu sur Youtube cette semaine, avec plus de 225000 visionnements, dans une qualité acceptable. Il y a aussi un documentaire, legit, sur le fascinant jeune acteur-bodybuilder, Richard Sandrak, ici dans lequel on explique entre autres que son père lui bouffait de la pizza en pleine face, pendant que Richard devait manger des pommes de laitue entières comme repas pour apprendre la discipline. Ouch.
La semaine prochaine, un bon film! Promis! Je pense qu’on s’en va en 1978… si Hogan ne fait pas d’autres conneries…