Quand on pense à la carrière cinématographique de Hulk Hogan, il est généralement considéré que ses deux meilleurs rôles sont dans Monsieur Nounou (1993) et Commando Suprême (1991). J’ai décidé de vous parler de Commando Suprême avant Monsieur Nounou, parce que c’est le premier film avec un lutteur que j’ai vu de ma vie.

Ils auraient surement pu trouver une meilleure image de Hulk pour l’arrière-plan du menu… franchement!
J’ai appris l’existence de Suburban Commando grâce à la VHS Hulkamania Forever (le 5), que j’avais en version française à l’époque. Je l’ai toujours d’ailleurs. Cette cassette résumait l’année 1990 de Hulk Hogan, et ses rivalités contre Macho Man dans un match filmé en France, contre le Génie à Saturday Night Main Event, Ultimate Warrior et finalement, Earthquake! Dans cette rivalité avec le Earthquake, Hulk Hogan se fait blesser sur le show de Brother Love suivant la disqualification, peu après avoir perdu sa ceinture à Wrestlemania VI contre le Warrior. La raison de cette blessure aura contribué à mon éveil sur le kayfabe, alors que Guy Hauray dit durant ce segment « Blessé, le Grand Hulk a donc profité de ce temps libre pour aller tourner un film à Hollywood! » Le jeune moi a connecté les pièces du casse-tête pour se rendre compte que cette blessure et cette perte de titre n’étaient qu’un prétexte à lui permettre de faire le film. Bien entendu j’ai été louer la VHS de Commando Suprême dès que j’ai pu. Il est intéressant de noter que le reportage en coulisses du film était animé, en français, par Raymond Rougeau, dans un français québécois approximatif de mononc’ sympathique! Raymond n’était pas encore le communicateur francophone de la WWF à ce moment là. Voici l’extrait que j’ai ramassé de ma VHS originale :
Pour l’époque, on a quand même un film de science-fiction à grand déploiement avec des effets spéciaux intéressants, surtout pour un enfant. La sci-fi devenait accessible pour des budgets plus petits. Hogan joue le rôle du soldat spatial Shep Ramsay, le meilleur. Suivant sa dernière mission où il a anéanti son pire ennemi et fait exploser un vaisseau entier, son supérieur lui annonce qu’il devra aller faire charger son vaisseau sur Terre, le temps de 6 semaines. Shep (encore un nom à une syllabe, comme tous les rôles de Hogan) va donc s’installer chez un architecte frustré, sa femme et leurs deux enfants dans un ptit bachelor de banlieue. Ce scénario du gros gars fort dans une ptite banlieue tranquille servira de prétexte à plusieurs gags faciles, mais bien rendus, avec un timing comique adéquat.

Je ne comprends pas comment un ptit biker à la 1990 qui a l’air de ça peut se permettre de regarder et rire d’un gars qui a cette shape là.

J’adore ce moment. Shep trouve injuste que le pauvre chien soit enfermé dans un véhicule en plein soleil…
Quand le personnage de l’architecte, Charlie Wilcox, découvre les armes et le vaisseau de Ramsay, il active par erreur les fonctions de repérage qui vont permettre à des chasseurs de tête de l’espace de se pointer sur Terre pour se débarrasser de Shep. Charlie est joué par Christopher Lloyd, à l’époque complètement frais sorti de son rôle de Doc Brown dans la trilogie Retour vers le Futur (le dernier sorti la même année!), alors c’était tout un acquis pour rendre le film crédible. Sa femme est jouée par Shelley Duvall, qui était populaire pour son rôle dans The Shining et pour Olive dans l’adaptation de Popeye, avec Robin Williams. Quand même du gros calibre.

On a aussi droit à l’humoriste Larry Miller dans le rôle du patron désagréable de Charlie. C’est pas mal dans son carcan habituel.

Le comédien Jack Elam, alors 72 ans, fait un caméo dans le rôle d’un ancien soldat un peu cinglé qui se tient dans sa Jeep de guerre à journée longue. Jack Elam a tourné avec le réalisateur Burt Kennedy dans des westerns des années 60.
Du côté des chasseurs de primes, on peut compter sur le fiable et versatile Tony Longo, un acteur-personnage que j’adorais, qui jouait toujours des ptits rôles dans plein de films. Il est décédé en 2015, peu après avoir été foudroyé par un éclair, dans la bouche, sur un tournage..
Eh oui, l’Undertaker! Comme le tournage était en avril-mai 1990, nous savons que Taker n’apparaîtra pas avant novembre 1990, comme membre surprise de l’équipe de Ted DiBiase à Survivor Series. Il venait à peine de signer avec la WWF et Hogan l’a recommandé pour le film. Est-ce que Vince McMahon aurait pu essayer de faire une rivalité entre ce chasseur de tête et Hogan une fois le retour de la blessure, pour promouvoir le film? Qui sait… Mais imaginez si c’était arrivé et que Taker avait fini comme Zeus l’année précédente, au lieu du croque-mort que l’on connait! Imaginez l’histoire alternative de la WWE ou de la Lutte au grand complet! Ça y est j’ai mal à la tête!!
Là vous vous dites « Heille Mathieu, dans chaque film de Hulk Hogan à date on a droit à une apparition de Brutus The Barber Beefcake, AKA Ed Leslie, car Hogan lui trouve toujours de la job. Est-ce qu’il est là cette fois? »…Eh bien, justement, il apparaît 10 secondes dans le film, il fait un des soldats jobbers au début quand Shep attaque le vaisseau pour sauver le président :
Suburban Commando passe très vite, à 90 minutes et très peu de temps morts. Plusieurs gags m’ont encore fait rire quand je l’ai revu pour cette chronique. La scène du mime, la scène de Taker qui se plante la face dans une toilette, les thugs qui menacent Hogan… de le poursuivre en justice, au lieu de le tabasser car on est dans les années 90, ou quand l’Undertaker parle, avec une voix d’enfant (il est doublé par notre voix québécoise de Lisa Simpson!). Il est d’ailleurs crédité sous le nom de Mark Calaway dans le générique, preuve qu’il n’existait pas encore.

Christopher Lloyd est congelé vivant par une des arme de Shep dans une scène assez réussie de vol de banque.

Tous les clients seront congelés comme ça. Là je le sais ce que vous pensez… il manque quelque chose dans la photo…
Je me rappelle qu’après, je me suis mis à regarder plus attentivement chaque pochette VHS au club vidéo, cherchant des lutteurs dans d’autres films. C’est comme ça que j’ai découvert les autres de Hogan, ceux de Piper, Jesse Ventura ou Goldberg. Nous sommes à une époque pré-internet, que je n’aurai pas pour un autre 10 ans et j’ai entre 6 et 10 ans. Il faut commencer quelque part.

Bon mon Christopher, dire au-revoir à Shep c’est juste le karma qui te punit pour nous avoir fait le coup avec Marty dans Retour vers le Futur III :(
Le film est dirigé par Burt Kennedy, dernier film d’un réalisateur de 71 ans qui avait travaillé dans les années 50-60-70 avec des grands comme John Wayne et Kirk Douglas dans des westerns. Originalement, selon IMDb, ce scénario devait aller à Arnold Schwarzenegger (dans le rôle de Shep) et Danny DeVito (Charlie Wilcox), qui ont décidé de faire Jumeaux à la place. Si ça avait fonctionné comme prévu, Shep n’aurait été qu’un soldat américain en vacances chez une famille de banlieusards. J’imagine que la WWF a eu ce scénario à rabais, avec l’aide la même compagnie, New Line, qui avait produit Combat à Finir, et qui produira Monsieur Nounou l’année suivante.
Vous pouvez le trouver avec édition double avec Monsieur Nounou sur DVD pour le prix de deux visites chez Starbucks. Malheureusement, cette copie n’a pas la version française. Ni cette édition DVD que je possède. Pour le regarder en français, vous devrez essayer de le trouver VHS. Ça fait longtemps que je n’ai pas vu une copie passer.