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17/01/2016 | Chroniques

Fastfood ou fine cuisine?

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Entre les câbles

snakerobertsRR

Salut,

Avant de commencer, laisse-moi te souhaiter une bonne année 2016. J’ai eu une année 2015 incroyable et je me croise les doigts pour que 2016 soit au moins égale à la dernière.

Bon, pour le sujet j’avais comme titre initial “Prendre son temps pour être plus vite” mais je ne trouvais pas ça assez accrocheur. Cette chronique ne s’adresse pas juste aux lutteurs. En tant que fan, tu y trouveras ton compte aussi car comme je l’ai dit souvent, plus on connait un sujet, plus on l’apprécie. Depuis que j’écoute MasterChef Australie, que je connais les composantes des plats et leur complexité, je savoure encore plus les mets que je mange. Même chose pour la dégustation du vin.

Alors comme je disais, l’importance de prendre son temps dans l’arène pour un lutteur. Pas comme je me le faisais dire à mes débuts par des anciens, qui eux prenaient ça au premier degré. Pas prendre son temps pour être plus lent et du même fait, plus ennuyeux. Mais de prendre son temps pour pouvoir occuper le plus d’espace dans le champ visuel des spectateurs, augmenter la vélocité de ses coups et ainsi, gagner en impact et en rapidité. Le secret est là, occupé le plus d’espace pour avoir de la place pour prendre de la vitesse et augmenter son impact. Tout ça afin d’avoir un résultat maximal à chacun de tes mouvements.

C’est comme un bon porteur de ballon au football. La vitesse pure n’est pas gage de succès. Bien utiliser l’espace, se créer de l’espace, trouver le trou dans la défensive et exploser au bon moment, c’est ce qui fait que tu gagnes plus de terrain.

Quand tu travailles un combat de lutte, c’est exactement ça. Tu crées de l’espace pour pouvoir t’y déplacer et ainsi donner du mouvement. Plus ça bouge, plus ça semble rapide, plus le fan est diverti.

Comment ça fonctionne? Simple mais en plusieurs étapes. Laisse-moi te donner un exemple. Tu décides que le bon sortira une série de coups de poing sur le méchant. Si tu fais juste frapper 3, 4 ou 5 punchs de façon statique et rapide, le spectateur n’est attiré que par la motion du poing. Seul lui est utilisé pour créer du mouvement et le fan n’a qu’une infime portion de son champ de vision de stimulé.
Si tu décides, qu’à chaque coup de poing, le méchant, en plus d’envoyer sa tête vers l’arrière, fais un ou 2 pas vers l’arrière pour ensuite faire un pas ou 2 vers l’avant pour rencontrer le prochain punch, bien ça te donne l’occasion de “crinquer” ton poing encore plus vers l’arrière. De puncher avec un mouvement plus ample, qui part de plus loin, donc qui prend plus de vitesse. Ce qui donnera une impression d’impact encore plus grand à chacun de des coups. En plus, vous occuperez encore plus d’espace dans le champ de vision du spectateur, le stimulant encore plus. De plus, tu te donnes du temps pour pouvoir jouer ton rôle à chaque étape de ton coup de poing et ton adversaire pourra grimacer et jouer aussi chaque étape du coup reçu. Le spectateur aura aussi le temps de bien assimiler chaque étape et d’en savourer davantage.

Le cerveau humain ne peut analyser qu’un certain nombre d’informations à la seconde alors faut lui laisser la chance de digérer l’information et la décoder. Sinon, certains aspects peuvent passer tout droit. Le cerveau est déjà en train d’analyser de nouvelles infos avant même d’avoir pu voir ce qui vient de se passer.

Regarde l'espace que Hulk Hogan se donne pour son coup de poing.

Regarde l’espace que Hulk Hogan se donne pour son coup de poing.

Si tu trouves la vitesse parfaite, tu auras l’air aussi vite sinon plus que quelqu’un qui tente d’en faire plus, le plus vite possible. C’est de maximiser le résultat de chaque mouvement pour ne pas en gaspiller. Tu sauves ainsi de l’énergie pour pouvoir rester intense tout au long du combat. Car comme je dis toujours, la seule chose impardonnable à la lutte est une perte d’intensité. Surtout quand tu arrives dans ta séquence finale, tu dois être aussi, sinon plus, intense qu’à ta séquence d’ouverture. Alors faut se donner les outils pour en être capable.

Ça risque de frapper fort!

Ça risque de frapper fort! Orton livrera son coup avec tout son corps. Un long mouvement qui prendra de la vitesse et de la vélocité. Barrett a aussi de l’espace pour accentuer le coup avec un mouvement de recul.

Shortpunch

Je n’ai pas l’impression que ce coup fera vraiment mal au lutteur dans le coin. Au pire, ça va l’ennuyer. Juste le bras droit qui bouge, l’adversaire est bloqué, donc aucun mouvement de recul possible pour aider à la magie. Alors il devra donner 12 coups et des “stiff” en plus pour avoir la même réaction de foule que Orton aura avec un seul coup.

En plus, ça te permet d’être plus efficace sans avoir à trop en faire. Donc, de pouvoir mieux gérer les impacts sur ton corps sans devoir devenir plus ennuyeux. C’est aussi un outil pour avoir une bonne longévité dans la lutte et éviter les blessures.

Ric Flair était un maître dans cet art. Pas pour rien qu’il était capable de faire 6 matchs de 60 minutes par semaine. Même dans la quarantaine. Dans les générations suivantes, tous les grands avaient cette maîtrise de l’espace, de la vélocité et la capacité de maximiser les mouvements. HBK était exceptionnel lui aussi, tout comme Stone Cold et Kurt Angle. C’est cette maîtrise qui fait que certains sont restés des vedettes longtemps, des lutteurs comme Undertaker, Triple H, The Rock, Jake “the Snake” et John Cena. C’est souvent ça qui manque à une star des fédérations “indy” qui perce la WWE mais se voit plafonnée en milieu de carte. Surtout à la télévision, ça devient primordial. Car si tu bouges dans un espace plus grand, la caméra doit te suivre et chaque mouvement de caméra te fais paraître plus vite à l’oeil du téléspectateur. Une image presque immobile (ou dans un cadrage limité) à la télévision est aussi intéressante qu’un silence à la radio.

Je t’ai donné l’exemple d’un coup de poing  mais cet truc s’applique à tout. Que ce soit une souplesse, une corde à linge ou même une projection dans les cables. Prendre son temps pour gagner en espace, en mouvement, donc en vitesse.

Un autre exemple, un DDT. Ton adversaire est au sol. Tu le relèves. Assure-toi de le relever le plus loins de toi, au bout de tes bras. Ainsi tu auras à le ramener vers toi pour barrer sa tête sous ton bras. Tu viens de créer un mouvement rapide qui prend de l’espace. Pendant ce mouvement, tu peux regarder la foule, jouer ton personnage. Ton adversaire fait de même. Information complète saisie par les fans qui crée une anticipation. Une fois la tête barrée, tu pauses un instant. Encore la chance de mettre en valeur ton facial, ta position (que tu peux ainsi personnaliser et montrer) et ton adversaire qui a le temps de faire un mouvement pour faire comprendre qu’il est pris malgré lui. Le jeu est tout aussi important à la lutte que l’athlétisme, ne l’oublie jamais. Et tu te donnes le temps de pouvoir descendre le DDT avec encore de l’amplitude et ainsi donner un plus gros impact à l’écrasement. Que l’on puisse entendre un plus gros “BOOM”. Tout est à propos du “BOOM” pour qu’une prise semble crédible et dévastatrice. Si ton DDT a l’impact maximal, tu n’auras pas à enchainer un 2e écrasement pour justifier aux fans que ton adversaire est affaibli. Tu sauves de l’énergie (que tu pourras utiliser ailleurs et plus tard dans le match), tu écoules du temps, tu as l’air plus fort, tu as gagné en vélocité et en impact. Bref, tu as maximisé ton mouvement tout en aillant l’air aussi rapide que n’importe qui d’autre, sinon plus. De plus, tu as pu jouer ton personnage et ton scénario tout le long de la prise et le fan l’a assimilé et enregistré.

Regarde l’amplitude de chaque mouvement lors du DDT de Jake Roberts. Il prend son adversaire de loin puis le ramène et un autre grand mouvement pour la descente. Chaque mouvement est utilisé à son maximum dans l’espace. Ça donne une importance à la prise.

Je compare toujours la lutte à un art, au cinéma mais surtout au théâtre où tout se joue fort, grand et projeté. Mais laisse-moi te donner une autre analogie, comparer la lutte à la gastronomie. Tu vas au buffet à volonté. Tu t’empiffres de presque tout en même temps et au bout du compte, tu es rassasié. Mais lorsque tu vas dans un restaurant 3 toques, les portions sont plus petites, mais en 5 services. Chaque service est composé de saveurs différentes. Tu as une entrée salée suivie d’une 2e assiette plus modeste mais fraîche avec de la lime. Suivi d’un plat principal avec une sauce riche. On te donne une 4e assiette composée de salé encore pour ensuite finir avec un dessert décadent et sucré.
Tu sors du buffet après 40 minutes, plein mais sans trop savoir qu’est-ce qui goûtait quoi. Est-ce les ailes de poulet qui étaient sucrées ou si c’était les côtes levées? Mais il y avait de quoi de piquant mais pas certain ce que c’était. Tu es satisfait car le résultat est que tu as mangé à ta faim. Mais quand tu sors du restaurant 3 toques, 3 heures plus tard, tu es aussi plein, mais le service t’a permis de savourer chacune des saveurs. Chaque plat contrastait avec le précédent et le suivant. Te permettant de pouvoir en saisir toutes les nuances et subtilités. En sortant, tu peux décrire chaque met, chaque arôme et en discuter avec tes compagnons de table. Tu es aussi rassasié qu’au buffet, mais en plus, tu as vécu une expérience culinaire. Bien la lutte, je vois ça exactement de la même façon. Le fan doit sortir de la salle en ayant l’impression d’avoir vécu une expérience, pas juste d’avoir vu de la lutte pour avoir vu de la lutte.

C’est là que j’en reviens à mon titre, tu veux servir du fastfood ou de la fine cuisine?

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