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31/10/2018 | Chroniques

“Evolution” : un rendez-vous réussi avec l’histoire?

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On vous le martelait depuis son annonce : « Evolution », le tout premier PPV entièrement féminin de la WWE, allait s’inscrire « dans l’histoire ». À grands coups d’annonces et de renforts tout droit sortis des annales de la lutte et de son Temple de la renommée (Alundra Blayze, Ivory, Trish Stratus et Lita sortant notamment de leur retraite pour l’occasion) les attentes étaient hautes et les détracteurs prêts à tirer à boulets rouges sur l’événement. Qu’en est-il de la réalité, et peut-on réellement parler d’un événement historique, dont les répercussions auront des retombées positives sur la place octroyée aux femmes dans la WWE et auprès des fans? En majeure partie, oui. Mais pas autant qu’on aurait pu le désirer…

Des guerrières dans la mêlée

Dans son ensemble, l’événement en fut un très agréable à regarder. Au-delà de la présence des vedettes du passé, qui ont tout de même bien tiré leur épingle du jeu malgré le calibre des lutteuses actuelles, les talents présents de la WWE ont tout donné. En vraies guerrières, Becky Lynch et Charlotte semblaient galvanisées par l’opportunité qui leur était donnée de prendre la place qui leur revenait, y allant d’un match enlevant de type “Last Woman Standing”, le premier du genre, qui aurait très pu s’inscrire dans une programmation de la ECW. On était au bout de notre chaise lorsque Becky s’est élancée de l’échelle pour retomber lourdement sur Charlotte, étendue sur la table des annonceurs. Vraiment, un moment de grâce pour la lutte en général mais surtout pour la lutte féminine, dont la pertinence n’est plus à faire auprès de fans qui ont, dans l’ensemble, eu des réactions très positives et enthousiastes. Rajoutons à cela les performances réjouissantes des finalistes de la classique Mae Young, et l’affrontement entre Kairi Sane et Shayna Baszler, et vous pouvez affirmer hors de tout doute que la lutte féminine se porte tout de même assez bien, merci.

Un engouement somme toute limité

Bien que Renee Young et Michael Cole aient affirmé que l’événement affichait complet, l’intérêt pour “Evolution” sur le marché de la revente semble avoir été relativement négligeable en comparaison d’autres événements d’envergure semblable, alors que les revendeurs sont même allés jusqu’à offrir des billets à prix aussi modiques que 5$.  Au-delà de l’aspect “nouveau” de la chose puisque l’événement ne regroupait que des femmes (hormis Michael Cole, dont la présence fut décriée par certaines, et celle de quelques arbitres), on a l’impression que “Evolution”, sur la simple base de l’intérêt suscité et du rythme, ne restera pas dans les annales. Pourquoi? Parce qu’il manquait grandement d’éléments de surprise, et que la promotion entourant l’événement ne visait pas à nous donner l’eau à la bouche.

Pourquoi avoir annoncé le nom de toutes les participantes au Battle Royale avant la tenue de l’événement? Pourquoi ne pas y avoir ajouté quelques lutteuses inattendues, provenant entre autres de NXT (les rumeurs allaient à ce sujet bon train concernant la potentielle venue de Nikki Cross). Croyez-moi, l’entrée de Trish Stratus aurait certainement causé davantage la surprise à ce moment que durant un match d’introduction qui, malgré des performances plus que respectables, s’est avéré tout de même relativement lent. Combinez le tout avec la polémique soulevée par la tenue de Crown Jewel (qui, au-delà de l’absence de femmes et en marge de l’assassinat d’un opposant au régime saoudien, a suffit à mettre la WWE dans l’eau chaude et à électriser ses détracteurs), et vous vous retrouvez avec un événement dont l’engouement est limité, voire un peu teinté par le contexte politique dans lequel il s’inscrit. Quand on s’affuble du mot “historique” pour décrire notre événement 100 % féminin (plutôt affaires courantes dans les ligues indépendantes, on s’entend), vaut mieux s’assurer de faire les choses en grande pompe… ce qui ne semble pas avoir été le cas (du point de vue d’une téléspectatrice, on n’a pas tous la chance d’être invité au tapis rouge, nous).

Et le titre féminin par équipe, lui?

Fidèles à leurs habitudes, les fans de lutte y sont allés de conjonctures en lien avec l’annonce éventuelle d’un titre féminin par équipe, épluchant les déclarations à l’emporte-pièce de Stephanie McMahon pour essayer d’y déceler un quelconque indice, ou reprenant les nouvelles voulant que les spectateurs présents aux événements précédant “Evolution” se soit vus donner des pancartes demandant l’instauration d’un titre par équipe. Pourtant, au fur et à mesure que les matchs se succédaient, rien en ce sens ne semblait se dessiner. Pourquoi ne pas avoir utilisé la tribune qui leur était alors offerte sur un plateau d’argent pour faire cette annonce tant attendue?

Considérant tout le talent qui prévaut présentement dans les rangs de la division féminine et le fait que certaines lutteuses doivent se contenter d’apparitions sporadiques ou de rôles de valets par manque d’occasions de se faire valoir, un titre par équipe permettrait ainsi d’avoir une plus grande présence féminine sans devoir compromettre (ou de manière négligeable) le temps d’antenne. Si le tout premier PPV entièrement féminin n’était pas LE moment tout désigné au dévoilement du titre féminin par équipe, c’est à ce demander quel moment sera considéré comme étant le plus propice à une telle annonce… Peut-être faudra-t-il demander aux grands stratèges de la compagnie, qui essaient sûrement de surfer sur l’intérêt suscité par “Evolution” pour nous river à notre écran en attendant une prochaine annonce…

Un événement chargé d’émotions

Malgré certaines nuances à apporter concernant la promotion entourant l’événement, il faut toutefois saluer la présence de Young et Phoenix à la table des annonceurs, Young faisant bonne figure auprès des fans depuis sa nomination aux côtés de Corey Graves et Michael Cole, sans compter celles de deux arbitres féminines dont l’une évolue couramment à NXT. Très peu de sports professionnels peuvent se targuer d’avoir des femmes au postes d’annonceurs ou d’arbitres, et la WWE est de ceux-là.

De plus, la fébrilité et l’enthousiasme étaient palpables chez les lutteuses du passé, du présent et du futur présentes sur place, certaines se rappelant avec émotions à quel point elles ont du se battre pour aspirer à autre chose que des matchs 5 contre 5. En ce sens “Evolution” se veut en partie la culmination de ce parcours parsemé d’embûches pour rendre la division féminine pertinente et surtout, digne de respect. Il était temps.

Et maintenant?

Somme toute, la réussite de “Evolution” est majoritairement attribuable à la manne de talents à l’affiche, et dont la notoriété et la popularité s’est bâtie en amont. Des femmes fortes, athlétiques, certaines présentant un physique diamétralement opposé à celui des Divas habituelles, mises de l’avant dans des affrontements enlevants (dont le top 4 du Battle Royale), ça demeure toujours extrêmement rafraîchissant à voir, surtout devant une foule composée exceptionnellement de jeunes filles et de femmes à l’enthousiasme débordant. Sans compter qu’à en croire et entendre les réactions dithyrambiques des fans, sur place et sur le web, la tenue de “Evolution” semble avoir créé un précédent et confondu certains sceptiques.

“Sky is the limit” donc, alors que Stephanie McMahon ne vise rien de moins qu’un “main event” à Wrestlemania pour la division féminine. Cependant, avec sa récente décision de signer un lucratif contrat avec l’Arabie Saoudite excluant tout match féminin, c’est à se demander parfois comment la WWE arrive à naviguer parmi toutes ces contradictions tout en se faisant l’ardent promoteur de la lutte féminine. J’imagine qu’à ce stade, seule l’histoire nous le dira…

 

 

 

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